Helpless
Dans son premier film, Shinji Aoyama dépeint un jeunesse désœuvrée en proie à la violence...
Yasuo (Ken Mitsuishi), un yakuza, sort de prison. Il apprend que son boss est mort, et commence alors à se poser des questions sur son avenir. Alors qu’il est avec son nouveau chef, il commet l’irréparable en le tuant... Il rencontre un ancien copain de fac, Kenji (Tadanobu Asano), jeune homme désœuvré dont le principal centre d’intérêt est de rendre d’éphémères visites à son père, hospitalisé. Désormais recherché par la police, Yasuo lui confit sa sœur Yuki (Kaori Tsuji), une attardée mentale, ainsi qu’un sac dont le contenu reste secret. Kenji et la jeune femme s’éloignent tandis que Yasuo part à la recherche de l’assassin de son patron dans une cavale désespérée...
Sérénité, calme, apaisement, sont les premiers mots qui viennent à l’esprit lorsque l’on découvre Helpless, road movie statique qui nous plonge dès ses premières images dans un monde où tout peut exploser à tout moment dans un maelström de violence qui échappe même à ses protagonistes... "road movie statique"... sous cette incohérence, se cache pourtant une réalité ; les personnages de Helpless font du surplace, tant mentalement (tout du moins, dans un premier temps) que physiquement... La lenteur est l’un des maîtres-mots du récit d’Aoyama ; l’action de Helpless se déroule sur vingt-quatre heures, vingt-quatre heures qui ont des allures d’éternité pour nos (anti-)héros, prisonniers d’un gouffre temporel dont l’issue principale est la violence ; une violence qui a l’apparence de punition, puisqu’elle entraîne tout personnage la provoquant dans un inextricable tourbillon ne permettant aucun retour en arrière, aucune rédemption...
Très vite taxé de film violent/pro-violence par la critique lors de sa sortie, Helpless en démontre plutôt le mécanisme, et met le doigt sur le processus mental qui fait basculer le fantasme dans la réalité de l’action. La violence est un refuge facile, primaire et irréfléchi, et c’est en ce sens que décrite par Aoyama, elle est difficilement supportable, qu’elle soit graphique ou auditive (filmée en hors-champs).
Les héros d’Aoyama sont tous des paumés ; Yasuo le yakuza, erre à la recherche d’un fantôme ; Kenji regarde le temps passer, et reste hermétique à la détresse de son père ; Yuki, vit totalement dans son monde (elle ne se rend pas compte de la violence qui l’entoure), sans parler d’Akihito (Yoichiro Saito), copain de classe de Kenji rencontré au hasard de leur périple, dont le but ultime est d’empoisonner le pot de la soirée annuelle des anciens élèves...
Premier film de Shinji Aoyama, à qui l’on doit - entre autres - Chinpira (Deux Voyous /1996), Wild Life (1997), Eureka (2000) et Desert Moon (2001), Helpless est une sorte de haiku apocalyptique, un poème mortuaire, un conte dont la "morale" serait que nul n’échappe à son passé, ni à son destin... De par certains côtés, il peut faire penser à Bring Me the Head of Alfredo Garcia (Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia /1974) de Sam Peckinpah, chef-d’œuvre de noirceur, au final inattendu et cynique à souhait. Mais là où le film américain enfonçait le clou en ne laissant aucune échappatoire à son héros, Helpless laisse apparaître une lueur d’espoir, permettant d’imaginer une paix intérieur naissante chez Kenji ...
DVD | Taki Corporation | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:78 - 4/3 | Images : Un léger manque de définition pour un ensemble correct... dommage que le transfert proposé soit en 4/3 ! | Son : Très bonne stéréo. | Sous-titres anglais optionnels (Youpi !!!) | Suppléments : le trailer... et c’est tout !

