High Risk
Quand nous nous sommes lancés dans l’aventure SdA, je dois avouer que c’était avant tout pour montrer du doigt les films asiatiques d’aujourd’hui qui nous semblent quelque peu laissés pour compte, et prendre le train lancé par l’industrie cinématographique sud-coréenne en marche. Du coup, bien sûr, sont passés à la trappe les grands classiques du cinéma de Hong Kong, des John Woo aux Jackie Chan en passant les Tsui Hark et les Jet Li : tant de sites web leurs sont déjà consacrés, pourquoi revenir dessus une fois de plus ? Finalement, chacun peut en penser ce qu’il veut, mais il semblerait bien que Sancho does Asia ne puisse être réellement complet sans de brefs retours sur ces films qui ont nourri les premiers feux de notre passion. Alors moi, quand je revois High Risk pour la énième fois et que je constate que ce morceau d’anthologie de Wong Jing n’est même pas abordé dans nos pages, je m’indigne un peu (contre nous-même, hein), et reviens à la raison le temps de cet article largement rétroactif...
Kit Li (Jet Li) a quitté les forces d’intervention spéciales de la police HK (Michael SDU Wong anyone ?) après un attentat aux conséquences très personnelles. Le terroriste surnommé "The Doctor" - dont Kit ne connaît que la voix, par téléphone interposé - a en effet fait sauter un bus scolaire dans lequel se trouvaient, au milieu de tous les enfants, non seulement son fils mais aussi sa femme, institutrice... Quelques années plus tard, Kit travaille donc en tant que doublure/garde du corps pour Frankie Lone (Jackie Cheung), une star d’action sur le déclin. Ce dernier est invité à une soirée de présentation d’une collection de bijoux russes, qui sera mise en péril par le retour du Docteur sur le devant de la scène. Alors que Kit fait ce qu’il peut pour intervenir depuis l’extérieur, le destin des otages retombe entre les mains de Frankie, obsédé trouillard et tire au flanc...
Pas besoin de faire beaucoup plus étoffé dans le résumé de l’histoire pour saisir que High Risk est un peu le Die Hard (Piège de Cristal - John Mac Tiernan / 1988) de Wong Jing, décidément opportuniste de génie, qui porte ici sa facette d’entertainer putassier et éhonté (comme toujours en fait, non ?), pour notre plus grand bonheur. D’autant plus que le grand Wong entraîne une nouvelle fois Jet Li dans son projet, mais pas au premier plan comme ce fut le cas pour New Legend of Shaolin, Last Hero in China ou encore The Kung-Fu Colt Master (Evil Cult). Non, ici, Jet Li ne se bat que très peu, et fait figure d’argument de vente pour un Jackie Cheung au top de sa forme. Pour les spectateurs occidentaux, d’ailleurs, il est difficile de supporter le choc procuré par ces retrouvailles grotesques avec l’un des héros du Bullet in the Head de John Woo. Pour les habitués de l’humour cantonnais, c’est un réconfort que de voir Jackie faire le clown et abonder dans l’humour vulgaire du producteur qui nous a donné Chingmy Yau...
Habile transition, vous l’aurez remarqué, pour venir aborder le reste du casting du film, qui compte en son sein deux stars féminines hautement regrettées du cinéma hong-kongais de la première moitié des années 90. Chingmy Yau donc, tout d’abord ; égérie de Wong Jing que l’on ne présente plus mais dont on rappelle tout de même les prestations mémorables dans Naked Killer, Raped by an Angel, I’m Your Birthday Cake et j’en passe. Charlie Yeung ensuite, héroïne de The Lovers et de Love in the Time of Twilight de Tsui Hark, mais aussi de Task Force, Downtown Torpedoes... et chanteuse de talent. Bref, deux stars aujourd’hui disparues qu’il est toujours bon de retrouver. Pour accompagner ces deux charmantes actrices et former le trio féminin du film, c’est ni plus ni moins que Valerie Chow (The Blade) qui se colle au rôle de la terroriste infiltrée. Ca ne rigole plus !
Et le film dans tout ça ? Après un pré-générique pas drôle du tout mais en fait si - repompé sur celui de Lethal Weapon 3 - c’est un enchaînement presque nonsensique d’actions plus ou moins honteuses qui amène le film à son zénith d’absurdité : le crash d’un hélicoptère dans l’hôtel qui sert de setting au casse du Docteur ; le rotor dudit hélicoptère se détachant et éliminant autant de criminels que d’innocents. High Risk introduit en fait un nouveau principe dans l’actionner nineties : celui du règlement de comptes tellement personnel que les otages n’ont plus aucune importance. Une attitude très proche de celle adoptée par Spike Spiegel dans le film Cowboy Bebop : Knocking on Heaven’s Door, finalement, mais en moins classe et surtout moins réfléchi - et donc en moins "blues".
Niveau action, donc, c’est beaucoup de n’importe quoi (la voiture dans le lobby de l’hôtel, dans l’ascenceur, au soixantième étage). Cependant, s’il est vrai que Jet Li ne se bat (presque) pas dans le film, cela n’empêche pas Jackie Cheung de nous offrir un combat fantastique face à Billy Chow, ce dernier le forçant à se vêtir d’une combinaison jaune (semblable à celle de Bruce Lee dans Game of Death) pour l’affrontement.
Vulgaire (le plan sur la bistouquette d’un gamin suivi par la séance pipi qui oppose Frankie à Bond), bas de plafond et vilain (la mort d’un otage qui demande de l’aide à Frankie et qui s’accroche à son entrejambe, la séance post-morsure sur le cul par des serpents sortis d’on ne sait où), nostalgique (Charlie et Chingmy !), mangeant à tous les rateliers (tous les films d’action américains qui l’ont précédé)... High Risk est l’une des pièces majeures de Wong Jing, aux côtés, bien sûr, de I’m Your Birthday Cake... Stupide et jouissif, le bonheur, quoi !
DVD Universe old-school : stéréo, copie sans éclat mais au moins propre, sous-titres brûlés sur la pellicule et principalement blancs sur blanc...
High Risk est aussi disponible en DVD zone 1 doublé, sous le titre Meltdown...



