Himalaya
The gods speak to us in the wind.
Qui n’a pas ressenti un jour l’envie de prendre le large pour abandonner tous ses soucis derrière lui ? Moi, une telle impulsion me travaille à intervalles réguliers.
Choi, le personnage principal d’Himalaya, dont les situations professionnelle et personnelle semblent être dans les limbes, va y répondre. Un évènement va précipiter sa fuite en avant : l’un des hommes qui a participé à son déménagement, un Népalais en situation clandestine, est mort en tentant d’échapper à la police. Il décide donc de partir au Népal pour ramener ses cendres à sa famille. Une fois arrivé chez celle-ci, il sera incapable de leur avouer la vérité. Il va s’installer chez eux et vivre au rythme de cette communauté villageoise de la région de l’Annapurna.
Jeon Soo-il prend son temps pour montrer la montée au village du personnage. Une ascension ponctuée de station de plus en plus à l’horizontal pour Choi à mesure que l’air se raréfie, rendant sa progression de plus en plus ardue. C’est finalement une enveloppe charnelle, n’arrivant plus à se sustenter par elle-même, qui est transportée à cheval au village de Sharkot, sa destination. Par cette longue séquence, Jeon Soo-il met en images de belle façon le vide existentiel de Choi.
Cette très longue ascension intervient après l’introduction inversement rapide du personnage. En quelques plans, Choi passe de l’ascenseur de la société où il travaillait à un taxi de la capitale népalaise. Le réalisateur nous laisse dans le flou à propos du personnage, comme celui-ci l’est aussi à propos de lui-même. A-t-il été licencié ou est il en attente de transfert dans une autre société ? Pourquoi est-il séparé de sa femme et sa fille ? Le spectateur ne saura jamais précisément quelles sont les raisons de son mal être.
Dans ce village au diable vauvert, le réalisateur rythme le séjour de Choi par les activités quotidiennes locales : les troupeaux que l’on mène brouter, la maîtresse de maison qui tisse... Il peut seulement communiquer avec le fils de la maison en anglais. Et malgré l’accueil très chaleureux de ces villageois, pour qui la solidarité est une question de survie, Choi reste seul face à lui-même. Dans sa situation, il ne s’agit pas d’une vaine expression. Il arrive en effet parfois, Choi en fera d’ailleurs l’expérience, que l’on vive de grands moments de solitude. Ce temps est alors propice à l’introspection. Choi semble être la version moderne et laïque des ermites, qui fuyaient la civilisation pour mieux poursuivre leur quête spirituelle.
Dans Himalaya, Choi Min-sik est bien loin des personnages qui l’ont fait connaître au-delà des frontières de la Corée. Quatre ans après Sympathy for Lady Vengeance, il fait un retour pour le moins étonnant sur les écrans. La vedette s’efface derrière son personnage, prenant la couleur grise de ce citoyen coréen ordinaire à la recherche de lui-même.
Himalaya est déjà disponible en DVD en Asie, mais il devrait sortir en France au second semestre 2010.


