Himalaya, le chemin du ciel
Puissent tous les bouddhas inspirer la liberté.
Je ne peux m’empêcher d’être jaloux de la réalisatrice de Himalaya, le chemin du ciel, même si un tel sentiment n’est pas bon pour mon karma. Ce film est en effet le fruit de trois mois passés dans un monastère bouddhiste (gompa) au Zanskar, mais est aussi le couronnement de plusieurs séjours dans cette région de l’Himalaya indien, au cours de ces dernières années. Un rêve pour ceux qui, comme moi, sont fascinés par ces lieux où le temps semble avoir suspendu son vol.
Âgé de huit ans, Kenrap vit avec son oncle dans une cellule de la gompa de Phuktal. Il a revêtu la défroque safrane des moines après avoir réalisé à cinq ans qu’il était la réincarnation d’un vieux moine. Le film décrit sa vie quotidienne et celle des autres moines dans ce monastère loin de la civilisation, de ses tentations, mais aussi de son confort.
La réalisatrice Marianne Chaud nous conduit dans l’une des régions les plus isolées du monde, aux confins de l’Inde. Là où l’homme est difficilement plus proche des nuages. Le Zanskar se trouve loin de tout, mais n’est pas du tout abandonné des dieux, bien au contraire. Ce territoire rocheux et nu est un lieu propice à l’élévation spirituelle, pour une philosophie qui préconise le détachement des biens et des passions d’ici-bas.
Mais elle ne s’intéresse pas tant à la pratique religieuse des moines qu’à leur vie de tous les jours, de la préparation des repas à la corvée de bois, en passant par la réfection des chemins qui mènent au monastère. Elle nous permet de vivre une expérience que peu d’occidentaux ont connu. Encore plus novice que Kenrap, le spectateur est entraîné sur ses pas dans les coursives de pierre du monastère accroché à la montage, sorte de navire en pleine mer.
Cette plongée pendant trois mois dans cet univers a permis à Marianne Chaud, même armée de sa caméra, d’obtenir des témoignages très naturels, que cela soit de la part des enfant ou des adultes. Le spectateur a l’impression d’assister à une discussion au coin du feu (à la bouse de yack forcément) entre de vieilles connaissances.
Même si montage dit choix, le spectateur sera frappé par la bonne humeur qui règne dans ces lieux. Sans doute, comme l’explique l’un des moines, sont-ils plus heureux dans cette lointaine contrée à l’abri des tentations, que dans nos pays où nous nous créons sans cesse de nouveaux besoins jamais assouvis. Himalaya, le chemin du ciel se termine d’ailleurs sur une scène de moines hilares.
Ce documentaire est à conseiller à ceux qui recherchent un peu de bonheur simple dans un monde de blockbusters.
Sortie sur les écrans français : le 25 novembre.
Remerciements à Stéphane Ribola chez Miam.



