Holy Virgin vs. the Evil Dead
Je crois que l’on ne se rend pas toujours compte, de l’importance que peut revêtir le titre d’un film dans sa promotion auprès de certains esprits perturbés - comme le mien.
La Troma - société culturelle New-Yorkaise célèbre pour sa contribution à la dégénérescence du cinéma mondial - a toujours excellé dans ce domaine : Teenage Catgirls in Heat, Chopper Chicks in Zombietown, ou encore Maniac Nurses Find Extasy... autant de titres qui agissent directement sur cette partie de notre cerveau qui n’a pas évolué depuis notre stade reptile (cf. Dragon Eye Morrison dans Electric Dragon 80 000 V), et pallient à un manque de moyens affirmé. Dans le même genre, la compagnie Seduction Cinema, spécialisée dans le softcore lesbien repompant les plus grands succès de notre temps, n’est pas en reste - comme le démontre leur petit dernier, Lord of the G-Strings, et autres Play-Mate of the Apes...
Holy Virgin vs. the Evil Dead se situe quelque part entre les deux, à la fois racoleur et referentiel (comme le prouve habilement la jaquette de la VHS anglaise ci-contre). Le cerveau perturbé cité plus haut détecte dans ce titre certains mots-clefs constitutifs de son système de valeurs - surtout sous la bannière d’un Cat III : "Virgin" qui laisse présager une bonne dose de nudité, "Holy" son lot de blasphème et d’exploitation car rattaché à une vierge au sein d’un Cat III, et enfin "Living Dead", juxtaposition favorie de notre sujet puisqu’elle renvoie directement à cet être merveilleux qu’est le zombi. Dieu que je suis binaire et influençable...
Donnie Yen incarne Shiang Chin-Fei, un professeur dont la spécialisation ne sera malheureusement pas précisée au cours de l’histoire. Toujours est-il que, au début du film, Donnie est tranquillement installé à pique-niquer avec une floppée d’étudiantes, quand l’une d’entre elles est prise d’une envie de petite commission. Accompagnée de l’une de ses camarades, elle se rend dans une maison toute proche pour répondre à l’appel de la nature. C’est à cet instant que la lune devient rouge ; un hurlement retentit et l’une des demoiselles ressort en courant de la batisse, partiellement dénudée avant de s’écrouler, suivie de près par le cadavre de la seconde. Surgit ensuite un homme capable de voler, qui arrache soigneusement les vêtements de tous les membres féminins de l’assemblée avant de les dévorer. Donnie s’interpose à grand coups de tatanes mais se fait évincer de la partie ; lorsqu’il se réveille, c’est au milieu de cadavres naturistes...
La police a bien du mal à croire à son histoire (on peut les comprendre, pour une fois), et décide de placer Donnie en liberté surveillée, une fois sa caution payée par son frangin détective privé. Un flic en particulier doute de l’innocence du malheureux, et pour cause puisqu’il se tape l’ex-femme de Donnie (je sais ce n’est pas évident comme lien de causalité, mais ça semble bien l’être aux yeux des scénaristes). L’enquête avance et paraît désigner un homme qui voue un culte à... la femme de Sancho !!! Ce n’est pas vraiment ça, mais il s’agit tout de même d’une espèce de divinité transsexuelle à moustache... Donnie fait appel aux connaissances d’une jeune femme spécialisée dans les religions de tous temps et lieux ; la piste de la divinité à moustache le mène au Cambodge, accompagné de son ex-femme et de son copain flic, ainsi que de son frère, sur les traces du "Moon Monster"...
Et bien, en voilà un joyeux n’importe-quoi ! Après un générique très James Bond sur fond de femmes à poil et de monstre aux yeux "électriques", Holy Virgin vs. the Evil Dead enchaîne direct sur une série d’aggressions du Moon Monster (à moins que ce soit le "Lunar Zombie" ? Je ne sais plus...), rythmée par bon nombres de poitrines, poils pubiens et parties de jambe en l’air. Tant que le film donne dans ce maelström de gratuité exemplaire finalement, Holy Virgin... est suffisament aberrant pour être jouissif. Le problème réside dans le fait que le film en contient en réalité deux ; la seconde partie, plus sérieuse, est une espèce de Wu Xia Pian qui oppose la belle Princess White d’une tribu du Cambodge (Pauline Yeung) au pathétique et poseur Moon Monster à santiags.
Si cette seconde partie est plus cohérente, elle réduit paradoxalement notre intérêt pour le film : on se rend bien compte qu’il n’y aura plus de peau à l’écran, pas plus que de morts-vivants, d’ailleurs - le seul étant ce fameux monstre de la lune (rouge), bien peu charismatique.
Reste dans ce "deuxième" film quelques beaux combats (merci Donnie !), et une fin à faire palir de honte les pires slashers et films de monstres des années 80 - par conséquent relativement réjouissante. Mais dans l’ensemble, on regrette ce revirement de ton qui confère à Holy Virgin vs. The Evil Dead un statut de nanar inassumé, brisant le "groove" débilitant instauré par les prémisses du film. Heureusement que la plus grande trouvaille des scénaristes (la "femme de Sancho"- cf. photo en guise de preuve pour les sceptiques !) est là pour nous satisfaire !
Holy Virgin vs. the Evil Dead est disponible en VCD HK chez Winson.
Au vu de la qualité (lamentable) de la copie - qui plus est desservie par une compression hardcore - on a peine à croire que le film ait moins de trente ans... et pourtant !
Les sous-titres - qui débordent de l’image pour cause de recadrage - laissent pour le moins à désirer. Le pressage lui-même porte le titre Holy Virgin Versus the Devil Dead (4 fois !), à partir de là...
Le film est aussi disponible en VHS en Grande Bretagne.




