L’Homme au pousse-pousse
La condition de l’homme.
Matsugoro est un impétueux conducteur de pousse-pousse. Lors d’une course, il pousse un petit garçon à monter dans un arbre et doit ensuite lui porter secours lorsqu’il se blesse. Il fait la connaissance de ses parents, qui apprécient le geste et le trouvent sympathique. Lorsque le père décède subitement, Matsugoro promet à sa veuve de veiller sur son fils. La mère, Yoshiko, apprécie également sa présence, même s’ils appartiennent à des classes sociales opposées.
Hiroshi Inagaki signe un nouveau remake de l’un de ses films réalisés pendant la guerre. Il avait déjà fait subir le même traitement à La Trilogie Musashi. Qui est d’ailleurs le cinéaste à avoir réalisé le plus grand nombre de remake de ses films ? Dans Images du cinéma Japonais, Max Tessier explique que le réalisateur a fait une nouvelle version de son film car la première avait été censurée par les militaires. Ces derniers n’appréciaient pas les sentiments du personnage principal, un roturier, pour la veuve de l’officier. Le cinéaste convoque parfois l’histoire du cinéma via des scènes burlesques, dont celle où Matusgoro abandonne son client en plein milieu d’une course pour s’occuper d’enfants.
L’Homme au pousse-pousse est une œuvre grand public et Hiroshi Inagaki a disposé de tous les moyens du studio Toho pour la mettre en scène. Il a donc à ce titre le défaut de ses qualités. S’agissant de ces dernières, il nous offre une belle reconstitution du Japon du début du 20ème siècle. Agréable mélodrame, L’homme au pousse-pousse reste très classique dans sa réalisation, même s’il comprend quelques belles envolées comme la scène des tambours.
Nous retrouvons avec grand plaisir Toshiro Mifune dans un rôle classique pour lui. Il incarne un personnage bourru, forte tête et bagarreur, un comportement cachant cependant un homme grand cœur. Son jeu physique y est très bien exploité dans ce rôle de pousse-poussse, où il exploite sa force musculaire. Yoshiko est jouée, également pour notre bonheur, par Hideko Takamine, égérie de Naruse.
Le film et la vie avancent comme tourne la roue du pousse-pousse de Matsugoro, symbole utilisé à plusieurs reprises au cours du film pour marquer des ellipses temporelles. Cette roue marque aussi le caractère inéluctable de sa condition. Malgré toute l’aide qu’il apporte à cette veuve et à son fils, mais aussi sa bienveillance, et l’accueil bienveillant que ceux-ci lui réservent, une barrière invisible - celle de leur différence de condition sociale – les sépare à jamais. Si Matsugoro en est – pour son malheur – pleinement conscient, Yoshiko ne s’apercevra que bien trop tard de l’inégalité de leurs rapports amicaux et de ses conséquences. La roue tourne aussi pour son travail, qui disparaîtra avec l’industrialisation du Japon.
L’Homme au pousse-pousse est disponible chez Carlotta Films en DVD et en Blu-ray, dans ses version de 1943 et de 1958.




