Il Mare
Je ne sais pas si vous le savez, mais ce n’est pas particulièrement par le biais des mélodrames que je me suis interessé au cinéma asiatique, à la base. Et la Corée ne déroge pas à cette règle. Et pourtant, voilà que, coup sur coup, je prend la peine de voir Christmas in August, Interview et Il Mare (les deux derniers ayant en commun l’excellent Lee Jeong-Jae comme interprête principal), qui ont tous les trois bouleversé mon approche du genre, chacun à leur façon...
Au début du film, Un-Ju quitte la résidence de Il Mare, une maison "concept" construite sur un ponton au bord de la mer. Ce faisant, elle laisse une lettre de bonne année à un éventuel futur locataire, avec pour instruction de lui renvoyer le courrier qu’il recevrait à son nom, car elle attend une lettre importante (en fait, des nouvelles de son petit ami, qui semble bien l’avoir abandonnée). En emménageant, Sung-Hyon trouve la carte dans la boîte en lettre, mais ne la comprend pas vraiment : cette maison, c’est son père qui l’a construite pour lui, et il en est le premier occupant. D’ailleurs, la carte est datée de décembre 1999, alors que nous sommes en décembre 1997 ! Rapidement, il apparaît que les deux protagonistes communiquent réellement à deux ans d’intervalle. Ensemble, ils vont tenter de panser leurs blessures affectives...
Et là vous vous dites sûrement : bon, d’accord, c’est du Retour vers le Futur tout craché, rien de bien nouveau là-dedans ! Dans l’idée en soi, non, effectivement. Mais comme à chaque fois avec la Corée, c’est le traitement qui fait la force du film. Dés le départ, le postulat est admis sans que le réalisteur s’attarde jamais sur son côté fantastique. Et plutôt que de jouer sur des quiproquos à qui-mieux-mieux, Lee Hyeong-Seung choisit de développer ses personnages, en s’attardant sur leur quotidien transformé par leur relation intemporelle.
Magnifiquement mis en image, avec une quantité d’effets de réalisation très justement dosée pour appuyer les évènements anodins d’une relation naissante - qui sont en fait souvent les plus précieux - plutôt que le côté irréel de l’histoire, et aidé par une photographie incroyable, Il Mare ne sombre jamais dans le gratuit et s’offre le luxe de n’illustrer que les instants les plus simples d’une histoire pourtant incroyable. Rajoutez à cela une interprétation sans faille et le charme de Jeon Ji-Hyeon, et vous obtenez un film coréen de plus à ne pas rater !
L’éditeur coréen Spectrum offre le film en anamorphique dans une copie qui fait justice à la palette de couleur utilisée, avec une bande-son 5.1 juste et efficace. Les sous-titres anglais, par contre, laissent vraiment à désirer, pour une fois...
