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Hong Kong

Inner Senses

Hong Kong | 2002 | Un film de Law Chi Leung (Lo Chi Leung) | Avec Leslie Cheung Kwok-Wing, Karena Lam Ka-Yan, Maggie Poon, Valerie Chow Kar-Ling, Waise Lee Chi-Hung, Norman Chu (Tsui Siu Keung)

Leslie Cheung s’est fait plutôt discret sur les écrans HK ces dernières années. Néanmoins, chacune de ses apparitions nous a valu de très bonnes surprises - j’en veux pour exemple l’excellent et pourtant méconnu Double Tap (2000), qui opposait un Leslie psychopathe à son meilleur ami, interprété par Alex Fong. Un polar noir et sérieux, qui mériterait bien un article sur Sancho, d’ailleurs.
Si je vous parle de ce film, vous vous doutez bien que ce n’est pas complétement innocent. Et pour cause : le Inner Senses qui nous intéresse aujourd’hui est signé Law Chi Leung - nul autre que le réalisateur / auteur / monteur du Double Tap mentionné ci-dessus (par ailleurs scénariste de Full Throttle et de Viva Erotica !). Une promesse de qualité ? Au vu du sujet du film (une jeune femme qui voit des morts depuis plusieurs années - une de plus !!!!), on se serait presque permis d’en douter. La foi, messieurs, la foi...

Cheung Yan est une jemme femme perturbée par des apparitions, comment dire... ultra-horribles et effrayantes !!! Un exemple ? La demoiselle sort de son bain, se regarde dans le miroir et y découvre un homme cadavérique, nu, en train de hurler de douleur. De quoi péter un cable... sauf quand on y est habitué depuis des années, peut-être. Encore que : Yan ne dort plus, et sa famille - ou du moins ce qu’il en reste, puisque ses parents divorcés l’ont abandonnée depuis plusieurs années pour l’Australie - multiplie les rencontres avec des docteurs renommés pour tenter de guérir cette "maladie".

Jim P.L. Law est justement un de ces psychiatres. Workaholic de base, l’homme a ses propres méthodes. Pour lui, il n’y a pas de fantômes, pas d’hallucinations. Les apparitions sont forcément le fait d’une accumulation involontaire de données par le cerveau humain, reconstituées de façon plus ou moins cohérente pour le "patient". Un proche de Yan - son meilleur ami (c’est d’ailleurs le seul), qui travaille dans le même hôpital que lui - lui confie la jeune fille, persuadé qu’il est l’homme de la situation. Pour Jim, la jeune fille n’est pas malade : elle est trop égoïste et confiante pour ça. Son problème réside sûrement dans l’acceptation difficile d’une réalité passée et refoulée, rien de plus.
Yan et Jim apprennent à se connaître, et le docteur découvre le passé de la jeune femme : une rupture difficile à l’origine de sa situation actuelle. Cependant si Yan guérit, c’est sans doute grâce aux sentiments qu’elle éprouve pour son nouveau psy, et avant tout ami. Sauf que désormais, c’est Jim qui aperçoit des revenants à tour de bras...

Rigolo de regarder Inner Senses juste après le très bon The Eye des frères Oxide et Danny Pang... A peu de choses près un point de départ semblable, qui plus est partagé avec deux douzaines de long-métrages dans les 36 derniers mois, et pourtant deux films tellement différents ! Car Inner Senses, pour le coup, débute comme un véritable film d’horreur. Ici, les apparitions sont loin d’être fantômatiques ; elles ont une consistance trop réelle pour ne pas être terrifiantes. Rapidement, Law Chi Leung installe donc un climat oppressant, d’une intensité très rare dans le cinéma HK - pour ne pas dire jamais vue (on ne sait jamais, j’ai peut-être râté un film d’horreur incroyable). Je vous défie par exemple de ne pas être perturbés par l’apparition dans la placard de la salle de bains de Yan, de la femme et du fils de son propriétaire et voisin, décédés lors d’un glissement de terrain... Mais, intelligemment, Inner Senses s’écarte rapidement des sentiers de l’horreur graphique pour rentrer dans le terrain de la psychologie. L’apparition d’un second objectif narratif (les hallucinations de Jim) à mi-chemin de l’histoire nous force qui plus est à réviser certains plans antérieurs du film, un peu à la manière des premiers Argento - comme référence cinématographique, il y a pire, non ?

Law Chi Leung souligne un scénario glauque et pertinent avec une réalisation superbe, et notamment une utilisation toute particulière des zones d’ombre et de lumière. La prestation de Leslie Cheung est une fois de plus fantastique, et la jeune Karena Lam (aussi à l’affiche du dernier Ann Hui, July Rhapsody) parvient sans problème à lui donner le change pour donner une authenticité à cette histoire douloureuse qui n’a finalement rien de "fantastique".
Un grand film glauque, étonnant au milieu des comédies HK actuelles. Et surtout, un vrai film flippant à l’actif des hong-kongais... Il était temps !

DVD Universe all-zone HK.
Très belle image au format, en dépit d’un simple transfert letterbox, accompagnée d’un 5.1 réussi et crispant.
Les sous-titres anglais sont presques parfaits.
En guise de suppléments : un making-of et une floppée de trailers. Comme quoi même Universe peut bien faire les choses !

- Article paru le jeudi 4 juillet 2002

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