Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Hong Kong

Jail House Eros

Hong Kong | 1990 | Un film de Ha Sau-Hin | Avec Joanna Chan Pui-San, Amy Yip Ji-Mei, Loretta Lee Lai-Chun, Maria Cordero, Pauline Wong Yuk-Wan, Stanley Fung Sui-Fan, Lawrence Lau Sek-Yin, Dickson Lee Ga-Sing, Jeng Gwan-Chi

C’est l’histoire de Jane (Loretta Lee), détenue de nature, qui rêvait de s’évader de prison... ah ben non tenez, ce ne doit pas être son histoire puisqu’elle décède rapidos au tout début de sa tentative, faute à un tuyau mal scellé sur un mur de l’établissement. Une cérémonie métonymique en guise de générique et dix ans plus tard, une femme lui succède dans l’esprit, puisque Blackie (Joanna Chan - qui ne l’est pas mais mérite ce surnom à cause de sa malchance) rêve elle aussi de prendre l’air. Pourtant les quartiers de cette prison sont plutôt sympa pour un observateur extérieur, la moindre altercation débouchant sur un crêpage de chignons en bonne et due forme, avec forces habits arrachés. Feels like home.

Toujours est-il que, dans la prison de Blackie, les femmes se regroupent en petits gangs, font des concours de poitrines et dénigrent les fesses des autres, enfreignent les règles, se bastonnent en petite tenue et font porter le chapeau, volontairement ou non, à une Big Sister (Maria Cordero) qui n’en est pas une. La routine change quelque peu le jour où, refusant à un gardien un second tour entre ses cuisses, la chef matonne, bousculée par l’éconduit, s’empale le crâne sur un bibelot à haute valeur religieuse... qui, brisé, libère l’esprit de Jane. C’est donc peut-être bien son histoire en fait ! La belle donzelle, à qui l’on confierait bien quelques moutons tant elle a l’air délicatement niaise, se met en tête de hanter, sans méchanceté, Blackie qui a trouvé son fétiche au cours de ses études (abracadabrantes) d’évasion : une boîte à musique toute aussi délicate que la revenante. Le souhait de Jane ? Que Blackie l’aide à s’échapper de cette prison, accomplissant son propre rêve par la même occasion.

C’était le bon temps quand même : Amy Yip vantait ses attributs mammaires sans jamais les montrer, Loretta Lee se la jouait Sainte Nitouche avant d’y toucher grave dans Sex & Zen II, Maria Cordero passait pour une simplette hébétée, et le film de prison de femmes, avec forces poitrines et entrejambes, cédait la place à l’exorcist comedy sur fond d’émotions fantomatiques... Car oui, désolé messieurs, mais le WIP, c’est l’affaire des premières pellicules seulement. Une fois l’existence de Jane révélée aux yeux de tous, les prisonnières unissent leurs forces pour demander qu’on les transfère dans une autre prison et qu’on exorcise cet esprit, et Jail House Eros se transforme en parent proche de The Haunted Cop Shop avec le réveil accidentel de l’esprit, pas commode celui-là, de la matonne décédée.

C’est l’occasion pour Ha Sau-Hin d’alterner entre comédie bas étage et fantastique traditionnel, sans jamais perdre de vue les blagues gentiment graveleuse. Ainsi lors de la lutte d’une exorciste contre l’esprit maléfique, les prisonnières sont-elles regroupées sur une table ornée d’un cercle protecteur... duquel dépasse la poitrine d’Amy Yip, que la revenante aux dents longues peut donc attaquer ! Mais Jail House Eros n’est pas The Eternal Evil of Asia et, faisant quelque peu mentir un titre excellent, tout cela reste très sobre ; d’ailleurs, reprochons au réalisateur de ne pas savoir mieux exploiter les vêtements humides, ses actrices se faisant allègrement arroser en début de métrage.

Le plus étonnant à la vision de ce produit nonsensique typique du début des années 90 à Hong Kong, reste comme souvent la facilité avec laquelle le film saute du coq à l’âne, change de ton et de genre pour parvenir, finalement, à ne raconter que peu de choses. L’intelligence - ou l’insolence, c’est selon - de ce cinéma de pur divertissement, est de savoir se nourrir de sa propre absence de logique, chaque frasque des personnages entraînant la suivante, chaque trame secondaire éclipsant la précédente et occultant la pauvreté de l’ensemble, jusqu’à l’annulation totale, et parfaitement inoffensive, de tout objectif narratif. Si le cinéma se définit comme une simple succession d’images simulant le mouvement, émotions on the side, Jail House Eros en est une bien agréable illustration !

Jail House Eros est disponible en VCD et DVD HK, sous-titré anglais dans la « Legendary Collection » de Fortune Star.

- Article paru le samedi 15 août 2009

signé Akatomy

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