Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Corée du Sud

Jakarta

Corée du Sud - 2000 | Un film de Jeong Cho-Shin | Avec Im Chang-Jeong, Kim Se-Jun, Jin Hee-Gyeong

Je commençais aussi à me poser des questions : en plusieurs mois, pas moyen mettre la main sur un film coréen qui ne soit pas très largement au-dessus de la moyenne de ce que l’on voit chez nous. Mais Jakarta est arrivé ! Et avec lui la preuve que les meilleures intentions ne font pas toujours les meilleurs films...
L’histoire ? Le pitch en lui-même n’est pas très compliqué, et aurait pu servir de point de départ à une série de quiproquo amusants. Un mardi matin. Il est 9h00, et un groupe de trois voleurs (Blanc, Bleu et Rouge) sont en train de percer au travers du sol de la chambre forte d’une banque pour voler trois millions de dollars. A 9h09, le vice-président de la banque entre dans cette même chambre forte dans l’intention de voler la même somme d’argent : il découvre Bleu sur le fait, le tabasse et fait appeler la police. Celle-ci arrive sur les lieux en moins d’une minute, et emmène Bleu ET le vice-président. Et pour cause : les deux flics - qui n’en étaient pas vraiment - avaient aussi l’intention de braquer la banque...
Pourtant les noms Bleu, Blanc et Rouge auraient du me mettre sur la piste de Tarantino plus rapidement... Ici cependant, l’inspiration ne vient pas de Reservoir Dogs, mais plutôt de Pulp Fiction. Car Jakarta est, avant toute chose, un exercice de narration.

Pour ma part, je ne connais que deux exercices de ce genre qui soient vraiment réussis : Pulp Fiction, donc et, plus récemment, l’incroyable Memento. Les deux fonctionnent sur des principes cinématographiques foncièrement opposés. La force de Pulp Fiction, c’est la désorientation apportée par le désordre des trois épisodes qui le constituent : le fait de les voir dans cet ordre ne change rien à l’histoire en elle-même ou à son interprétation. C’est l’attachement que le spectateur ressent pour un personnage dont il a déjà vu la mort qui donne tout l’intérêt à cette structure qui n’a pas un intérêt narratif à proprement parler. Qui plus est, le retour en arrière est géré de façon anodine, comme si Tarantino lui-même n’avait pas eu conscience de son choix de montage avant le dernier moment. Memento fonctionne quant à lui à l’opposé : on peut en effet faire difficilement plus conscient, mais c’est le fait d’affirmer cette volonté de compte à rebours comme véritable moteur de narration qui donne un sens au film, dont l’histoire n’existerait tout simplement plus au sein d’une trame linéaire traditionnelle.
Le problème de Jakarta, c’est d’essayer de mélanger les deux approches. Après quarante minutes sympathiques mais sans véritable rythme, le réalisateur effectue un retour en arrière plutôt brutal pour que l’on comprenne que la malheureuse coïncidence du début était en fait loin d’être une. Seulement, on a l’impression que même les acteurs jouent dans le but d’éclairer les scènes précédentes : un peu à la façon de l’Episode 1 pour la saga Star Wars, il s’agit donc d’un flash-back et non plus d’un véritable retour dans le temps. Le montage ne fonctionne que par anticipation du moment à venir (et que l’on a déjà vu), et en devient presque énervant. Ce petit jeu dure une vingtaine de minutes, avant que l’on arrive au seul point vraiment intéressant du film : celui où le réalisateur démontre l’intérêt que peut avoir le montage dans un quiproquo par téléphone. A cet instant-là, le film ne se propose plus seulement d’expliquer l’avant et de comprendre le présent, mais il amène le spectateur vers une interprétation nouvelle de ce présent, juste par le rajout de certains plans manquants de la première moitié du film - et, de fait, vers l’inconnue totale du futur immédiat.
Malheureusement, cet "instant de grâce" ne dure que quelques minutes, et le film retombe dans une conscience de ses procédés trop explicite, et pourtant non assumée, pour susciter un quelconque étonnement. A vouloir être trop ambitieux, le film en arrive à être redondant par anticipation - ce qui, d’une certaine façon, est quand même une réussite...
Ceci étant, il est toujours amusant de voir à quels points certains scénaristes peuvent être tordus. Et puis moi, vous savez, dés que je vois la police coréenne en action, je suis heureux quand même...

Seule édition disponible : un DVD coréen comme toujours de bonne qualité, avec transfert anamorphique, bande-son 5.1 et une multitude de suppléments promotionnels. Seul défaut : les sous-titres anglais, assez mauvais et très très mal synchronisés...

- Article paru le vendredi 8 juin 2001

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