Jason X
Franchement, vous n’aimez pas l’été, vous ? Grande période de vide cinématographique aux yeux de la plupart des spectateurs, c’est généralement le seul moment de l’année où l’on peut tranquillement occuper son temps en allant voir film de genre sur film de genre - tout particulièrement dans le domaine horrifique. Ces dernières années, la vague Scream - qui s’est bien essouflée, comme prévu - nous avait enfermés dans une routine de films adolescents relativement ennuyeuse. Cette année, nous avons enfin droit à un renouveau du genre, ou plutôt un retour aux sources : Jeepers Creepers, Cubby House, Dog Soldiers, Fausto 5.0... De petites productions ambitieuses et nettement plus intéressantes que la plupart des films fantastiques sortis ces derniers étés. Et puis, au milieu de ces titres qui ne sont même pas des séquelles, on retrouve un vieil ami, absent des écrans depuis près de dix ans : Jason Voorhees, l’homme au masque de hockey en personne ! Le remontage du dernier Vendredi 13 en date (Jason goes to Hell : the Final Friday - Adam Marcus, 1993) nous avait à l’époque laissé un petit goût amer dans la bouche, aussi est-il de bon ton de retrouver cet increvable monsieur du fantastique eighties - sur grand écran qui plus est ! Et de quelle manière...
Seconde réalisation de James Isaac (son premier film - The Horror Show, avec Lance Henriksen - remonte tout de même à 1989 !!!), Jason X remplit un pari audacieux : celui de raviver Jason, de le remettre sur le devant d’une scène principalement adolescente sur laquelle il est pour tout dire inconnu, tout en conservant le parti-pris volontairement outrancier démarré avec l’épisode VI de la série - Jason le Mort-Vivant (Jason Lives - Tom McLoughlin, 1986), et magnifié dans le délirant Jason Takes Manhattan (Episode VIII - Rob Hedden, 1989). Autant dire que l’entreprise, bien que lancée avec peu de moyens, a tout d’une réussite...
Jason X démarre dans le futur. Un petit prologue sympathique nous expose le projet d’une scientifique : puisque les humains sont incapables d’anéantir le tueur de Crystal Lake, coupable de plus 200 meurtres, ils s’apprêtent à l’immobiliser, une bonne fois pour toutes, par le biais de la cryogénisation. L’expérience dérape quelque peu, sieur David Cronenberg himself (non crédité au générique) est assassiné au passage, et la scientifique en chef se retrouve blessée puis cryogénisée en même temps que Jason...
Nous voilà cette fois bien plus loin dans le temps, en 2455. Une "classe verte" d’étudiants en médecine tombe par hasard sur deux pièces de musée du XXIème siècle : à savoir Jason et notre belle scientifique. Bien sûr, notre tueur préféré va se réveiller pour retrouver sa machette fétiche et décimer tous ceux (et heureusement pour nous, ils sont nombreux !) qui se trouveront sur son chemin....
Du bonheur en barre, tout simplement ! Après un magnifique générique qui nous montre l’intérieur de Jason sous tous les angles (ce qui n’est que justice, finalement, quand on voit tous les "intérieurs" que lui-même nous a dévoilé depuis le premier opus en 1980), Jason X démarre sur les chapeaux de roues. L’introduction, plutôt sérieusé, enchaîne directement sur le coeur du film, à savoir un trip Aliens au milieu d’un casting adolescent qui tient presque du vice tant il est décoratif et abusé...
L’humour s’impose rapidement comme atout principal de la rennaissance de la bête : le jeune débile qui perd son bras et se ballade dans le vaisseau en jouant avec, Jason qui se réveille au rythme des accouplements pré-maritaux, la quête de la bonne vieille machette, le combat contre une cyborg bien bourrine (la plus belle mort de Jason de tous les temps, c’est certain !), et j’en passe...
Une volonté de déconne parfaitement assumée et bien rythmée, s’affirme de façon constante, et nous emmène - au rythme de meurtres plus brutaux les uns que les autres - jusqu’au point d’orgue du film, à savoir la transformation de Jason en Uber-Jason, et cette magnifique re-création virtuelle du Crystal Lake du premier épisode, qui permettra à notre héros binaire d’exprimer toute sa créativité meurtrière, qui tient avant tout de la violence cognitive... Magnifique, je vous l’assure ! Et cette fin ouverte sur un substitut de Terre, qui nous pousse à rêver d’une véritable résurrection de la série... Ca ne plaira sans doute pas aux non-initiés, mais c’est un merveilleux cadeau simpliste que James Isaac offre ici aux fans, et on l’en remercie de tout coeur, vraiment ! Alors vive l’été, et VIVA JASON !
Jason X vient tout juste de sortir sur nos écrans, sur lesquels il fera certainement long feu... Heureusement, le DVD zone 1 est annoncé chez New Line avant la fin de l’année !!!



