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Hong Kong

Killer Clans

Hong Kong | 1976 | Un film de Chu Yuan | Avec Tsung Hua, Yueh Hua, Ku Feng, Ching Li, Lo Lieh et Chen Pin

"L’épée de ton ennemi est moins dangereuse que l’épée de l’ami qui trahit."

Adaptée d’un roman de Gu Long (sorte d’Alexandre Dumas chinois), ce classique du Wu Xia Pian au scénario filandreux et à la beauté formelle maîtrisée est une fable cynique sur le pouvoir. Sans temps mort, le réalisateur Chu Yuan, qui vient du cinéma cantonais des années 50, parvient à maintenir l’attention d’un bout à l’autre grâce à un scénario riche en rebondissements. D’un grand formalisme, le décor de la "forêt aux papillons" rappelle les peintures de la Chine ancienne dans la composition et les couleurs. Le réalisateur nous y plonge, au coeur des intrigues de clans de la Chine médiévale, et donne à son oeuvre un souffle épique ainsi qu’une touche moderne à l’aide d’une narration proche du thriller.

Afin d’asseoir leur règne sur le monde des arts martiaux, deux clans s’opposent, usant de toutes les ruses imaginables pour vaincre l’autre. Meng Sheng-hun (Tsung Hua) est un guerrier mercenaire employé par une mystérieuse prostituée à la grande beauté, pour tuer Sun Yu. Cette mission s’avère très délicate car le patriarche, chef du clan Lung Men, est entouré de tueurs redoutables et en plus de sa grande méfiance, possède un sens tactique unique. A son service, son fils intrépide, ainsi que son bras droit, l’homme aux 72 armes secrètes (non, sans blague !) Lu Hsiang Chuan (Yueh Hua).

Avant que Meng Sheng-hun puisse agir, le clan du Roc entreprend de déstabiliser le patriarche en déployant son plan machiavélique. Mais un autre personnage rode dans l’ombre en tant que protecteur du clan Lung Men - c’est Han Tang (Lo Lieh), un mystérieux tueur d’une rare efficacité, mais non moins discret. Entre temps, le fils de Sun Yu est tué, ainsi que Han Tang, laissant seul Lu Hsiang Chuan, qui se révèle être un traître.

D’autres personnages viennent pimenter cette intrigue aux multiples rebondissements, dont la jolie fille du vieux patriarche, dont Meng Sheng-hun tombe amoureux, compliquant davantage la situation. Il serait vain de détailler l’ensemble du scénario dont l’intérêt réside dans sa complexité, et les personnages leur duplicité.

"Il faut parfois savoir faire confiance à son ennemi."

Sans dévoiler une fin qui tient toutes ses promesses, disons que ce jeu de "Cluedo médiéval" est un pur divertissement servi par des combats spectaculaires. Les personnages jouent tous un double jeu et la seule façon de survivre en ce monde est la ruse, la stratégie, faisant fi de tous principes moraux. A ce titre, le vieux patriarche, outre les techniques martiales, semble connaître par coeur L’Art de la guerre de Sun Tzu ; en bon Machiavel il parvient à déjouer les pièges qui se tapissent jusque dans son proche entourage. Les personnages de Chu Yuan sont d’un cynisme à toute épreuve, et l’héroïsme d’un Chang Cheh n’est pas de mise quand l’enjeu est le pouvoir. La ruse est partout et la duplicité des personnages se reflète jusque dans leurs armes : les bracelets lançant 7 fléchettes de Lu Hsiang Chuan, ainsi que son bâton métallique démontable ; ou encore, la scie circulaire cachée dans le contour du chapeau de Han Tang. On tue volontiers par derrière et par surprise. Le cynisme du film va jusqu’au sacrifice des seuls être innocents - une famille de pauvres paysans que le patriarche avait sauvés - uniquement pour les utiliser au moment opportun. En compensation, Chu Yen n’oublie pas d’ajouter un certain romantisme au film, au travers de l’histoire entre le héros et la fille de Sun Yu. On trouve aussi un traitement inhabituellement cru de la sexualité à travers le personnage de la prostituée.

"Tu crois qu’il trahirait après avoir passé 15 ans à m’attendre dans un égout boueux !"

Killer Clans, représentatif du cinéma de Chu Yuan tant dans ses sujets que sa mise en scène, est indéniablement une bonne surprise pour ceux qui n’ont comme modèle de Wu Xia Pian que ceux de Chang Cheh ou King Hu. Avec un soupçon d’émotion, une pincée de sexe, pléthore d’intrigues et une brochette de personnages hauts en couleurs, Chu Yan fait preuve d’une grande fantaisie pour notre grand plaisir.

Diffusé à Paris dans le cadre d’une rétrospective Shaw Brothers qui s’est tenue à l’UGC des Halles du 30 juin au 13 juillet 2004, Killer Clans est disponible en DVD HK.

- Article paru le jeudi 22 juillet 2004

signé Dimitri Ianni

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