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Japon

Killers

Japon | 2003 | Une anthologie de Kazuhiro Kiuchi, Shundo Ookawa, Takanori Tsujimoto, Shuji Kawata et Mamoru Oshii

Notamment pour des raisons financières, les projets de films omnibus se sont multipliés ces dernières années au Japon. Ces projets permettent à des réalisateurs débutants de profiter de la reconnaissance obtenue par des réalisateurs ayant déjà fait leurs preuves. Ainsi le projet Jam Films ou encore les épisodes des Deka Matsuri. Si Jam Films laissait les réalisateurs libres du choix du thème de leur film, les Deka Matsuri imposaient quelques contraintes (le premier avait pour thème un unique personnage récurrent, un détective interprété par Susumu Terajima, le second des détectives femmes uniquement,...). Il en est de même pour ce Killers qui a pour thème, vous l’aurez deviné, des tueurs. Cinq réalisateurs ont planché sur le sujet pour des résultats très inégaux.

1) Pay Off de Kazuhiro Kiuchi

Pay Off fait dans la simplicité et s’il n’est pas spécialement original, il fait preuve d’une belle maîtrise, même si on peut regretter qu’il joue un peu trop sur le côté cool.

Un homme se rend à un rendez-vous pour y acheter des armes. Mais lorsqu’il annonce qu’il n’a pas l’argent, ses interlocuteurs ne l’entendent pas de cette oreille...

Pay Off joue donc beaucoup sur le climat, en s’inspirant des scènes les plus célèbres de classiques du genre, des films de John Woo en passant par Quentin Tarantino. Bien réalisé, Pay Off est divertissant et se prête bien au format du court métrage, mais ne porte néanmoins pas la marque d’un réalisateur hors du commun, plutôt celle d’un bon artisan.

2) Candy de Shundo Ookawa

Candy est certainement le moins réussi de ces cinq courts métrages. Le format vidéo est très mal exploité et s’il s’inspire d’autres films, il s’agit d’un croisement hyper classique de Nikita et, pour faire plus récent, de la série des Gun Crazy (à laquelle est adressé un clin d’œil lors du générique).

Une femme cherchant du travail s’aperçoit tardivement qu’elle vient d’être engagée comme tueuse à gages. Lors de sa première mission, elle rencontre un autre tueur et va l’affronter.

Version totalement fauchée de Pistol Opera pour le meilleur et de n’importe quel film de V-cinéma pour le reste, Candy parvient à ennuyer en dépit de sa vingtaine de minutes. L’humour est au raz des pâquerettes et la mise en scène, notamment des scènes d’action, mélange peu subtil de gunfights et de kung-fu, oscille entre fade et nulle. Si l’idée de départ apparaissait assez intéressante, Shundo Ookawa ne parvient pas à en tirer grand chose de probant.

3) Perfect Partner de Takanori Tsujimoto

Un peu à la façon de Pay Off, Perfect Partner tire sur la corde du cool. Mais cette fois, plus d’action et d’humour au programme pour un résultat très plaisant, qui réussit le pari d’offrir des moments dramatiques, violents et drôles en très peu de temps.

Deux amis se retrouvent avec une importante somme d’argent mais avec des tueurs à leurs trousses. De plus, lors de leur fuite, ils ont emmené avec eux une jolie livreuse de pizza...

Avec ses gunfights efficaces, ses répliques qui tuent à la Tarantino ou Party 7, il faut bien reconnaître que Perfect Partner est plutôt bien foutu. Plaisant, amusant et remplissant largement le cahier des charges pour une durée aussi courte (action, violence, drame, etc. - tout y passe), c’est au final un des tous meilleurs courts de ce projet.

4) Killer Idol de Shuji Kawata

Avec Killer Idol, Shuji Kawata joue la carte de l’humour, et cela lui réussi plutôt bien. Très bien même, puisque Killer Idol est sans nul doute le plus réussi de ces cinq courts métrages.

La star Dandy Nakao, tueur à gages idolâtré par de nombreuses japonaises, a décidé de se mettre à la retraite. Il vient s’expliquer lors d’une émission télévisée, mais les choses tournent de telle façon qu’il est malgré lui bien obligé de reprendre du service...

Un tueur à gages dandy à la carrière bien remplie qui est aussi un idoru en dépit de son look de cow-boy un peu ringard, il fallait y penser. Au-delà de l’humour de la situation, il s’agit surtout ici d’un prétexte à une critique acerbe du système des idoru et surtout de la télévision, du moins d’un certain type de télévision (que l’on pourra appeler, comme on le voudra, poubelle ou real TV). Présentant l’envers du décor avec humour et une bonne dose de cynisme, Killer Idol est une farce à la fois noire et parodique. Un premier essai pour Shuji Kawata qui est aussi un coup de maître.

5) .50 Woman de Mamoru Oshii

Mamoru Oshii est sans aucun doute le réalisateur le plus connu des cinq réalisateurs ayant participé à ce projet, notamment grâce à des films tels que Ghost in the Shell ou Avalon. Avec .50 Woman, il utilise à merveille la vingtaine de minutes dont il dispose pour un court à la fois simple, drôle et malin.

Une femme se promène avec une valise. Avant de se poster dans un immeuble en construction, elle fait des achats dans un convenient store (conbini). Une fois à son poste, elle installe un fusil de précision et commence l’attente de sa cible en regardant la télévision et en dévorant ses achats du conbini.

Du début à la fin, seule la tueuse apparaît à l’écran. On voit cette dernière se mettre en place puis manger et boire. A chaque fois qu’elle boit ou mange, le nom du produit et diverses informations (marque, prix) s’affichent à l’écran. L’attente continue et à la télévision est diffusé un programme de téléachat pour un appareil de sport pour maigrir. Ce programme est en fait diffusé en attente de la sortie d’une personnalité, que l’on devine être la cible de la tueuse, d’un hôpital situé en face de l’immeuble. Une fois sa mission accomplie, elle se pèse à nouveau et en dépit de tout ce qu’elle a mangé, son poids est identique. Un parallèle humoristique avec le programme télévisé, d’autant que s’affiche à l’écran la totalité des calories consommées. Une façon de dire que l’assassinat de personnalités c’est aussi du sport.
Se prêtant bien au format court, .50 Woman fait preuve d’humour, de violence et d’une belle maîtrise (l’assassinat en lui même est filmé avec maestria, et constitue le point d’orgue du film où toute la tension accumulée est relâchée avant une dernière pointe d’humour).

Certes assez inégal, Killers n’en demeure pas moins à la fois varié et dans l’ensemble plutôt d’un bon niveau. Il reste à espérer que certains des réalisateurs habituellement cantonnés au V-cinéma ou encore débutants, trouveront le moyen de réaliser des films au moins aussi intéressants que ceux qu’ils nous ont offerts dans Killers.

Killers est sorti en salles au Japon le 14 juin 2003.

Site officiel : http://www.killers.jp

- Article paru le vendredi 11 juillet 2003

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