Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Corée du Sud | Osian Cinefan 2005 | Rencontres

Kim Dong Ho

"80% de notre public au festival international du film de Pusan est composé de jeunes âgés de 13 à 19 ans. Dans une certaine mesure,on peut dire que notre festival s’adresse bien aux jeunes spectateurs coréens."

Le festival international du film de Pusan est une ravissante fenêtre permettant un accès somptueux à l’univers prodigieux du cinéma asiatique. Sur un court espace de neuf ans,cet événement cinématographique s’est révélé comme l’un des meilleurs festivals de cinéma en Asie. Comment pourrait-on juger sa popularité montante ? Elle est la preuve irréfutable de sa vitalité, caractérisée par le fait que les directeurs ainsi les programmateurs des meilleurs festivals du monde assistent à ses nombreuses séances, afin de sélectionner les meilleurs films asiatiques pour leurs propres festivals.

Le festival de Pusan a réussi à construire sa renommée globale grâce aux efforts acharnés de son fondateur et Directeur, Kim Dong Ho. Depuis 1996, il représente la force active de la manifestation. Monsieur Kim Dong Ho est un véritable mécène du cinéma asiatique. Il ressent la ferme conviction qu’il faut absolument promouvoir le cinema asiatique, surtout ses jeunes cinéastes. Kim Dong Ho fréquente régulièrement toutes les importantes manifestations cinématographiques mondiales, afin de montrer les meilleurs films venant de tous les coins du monde à des spectateurs coréens.

Il existe plusieurs cinéastes asiatiques qui ont énormément bénéficié des initiatives mises en action par Kim Dong Ho dans le cadre du festival international du film de Pusan. Dans l’exercice de ses functions, Kim Dong Ho a établi un fonds intitulé “PPP (Pusan Promotion Plan)”. Ce fonds a fourni des capitaux à nombreux cinéastes marquants, tels Fruit Chan, Garin Nugroho, Nguyen Vo Minh, Shunji Iwai, Junji Sakamoto, Darejan Omirbayev, Aktan Abdykalikov, etc.

Les jeunes réalisateurs asiatiques lui sont redevables, vu qu’il a récemment contribué à l’établissement d’une “Académie asiatique du cinéma”. Le lancement de cette école est l’un des indispensables cadeaux que monsieur Kim Dong Ho a offert au cinéma asiatique.

Un gentleman à voix douce, Monsieur Kim Dong Ho s’est entretenu avec Lalit Rao de Sancho does Asia, le 22 juillet 2005 à New Delhi, lors du Osian Cinefan 7ème Festival du Cinéma Asiatique 2005.

Sancho : Votre festival international du film de Pusan a été lancé en 1996. Dans quelles circonstances ce festival a-t-il été créé ?

Kim Dong Ho : En 1995, trois professeurs à Pusan m’ont demandé de lancer un festival international du film à Pusan. Avant de le lancer plusieurs séminaires, rencontres ont été organisés, qui faisaient partie des préparations afin d’établir ce festival. Par conséquent, je m’y suis également engagé.

Quel était votre rôle au sein du festival international du film de Pusan ? Quelles étaient vos fonctions ?

Comme le festival international du film de Pusan est un festival qui a été établi dans une région asiatique, nous avions l’intention de concentrer nos efforts sur des films asiatiques. Nous souhaitions surtout faire la découverte de films, de cinéastes marquants de l’Asie. Nous désirions les présenter à l’étranger. Nous voulions également soutenir l’industrie cinématographique en Asie. C’est pourquoi en 1999 nous avons créé un fonds nommé Pusan Promotion Plan (PPP). Celui-ci fut un grand succès. Le festival international du film de Pusan a grandi rapidement car nous sommes dotés d’une stratégie pertinente. Nous avons reçu une quantité énorme de soutien, à la fois pour nos programmes ainsi que pour nos projets.

Lorsque vous avez lancé le festival international du film de Pusan en 1996, le cinéma coréen ne décrochait pas énormément de succès vu qu’il y avait trop de films américains sur les écrans coréens. Comment est-ce que votre festival s’est attaqué à la prédominance du cinéma américain en Corée ?

Il y a deux facteurs qui nous ont aidés à combattre la prédominance du cinéma américain en Corée du Sud. En premier lieu, nous avons un système de quotas sur les écrans en Corée. Selon ce système, chaque année le propriètaire d’un cinéma doit montrer des films coréens sur une durée de 146 jours. Grâce à ce système, les films coréens ont réussi à obtenir un succès commercial aux guichets. Il était obligatoire pour les films d’être montrés pour 146 jours. Voilà pourquoi nous disons que le système de quotas nous a été extrêmement utile dans notre lutte contre l’hégémonie du cinéma américain. En second lieu, depuis des années 1980, l’arrivée des jeunes cinéastes coréens - ceux qui ont étudié à l’étranger de même que ceux qui ont fait leurs études dans les universités coréennes - était propice au cinéma coréen. Ils ont commencé à influencer le cinéma coréen tout en tournant des films. Ils se sont également engagés à la distribution de ces films. Cette nouvelle génération de cinéastes coréens a réalisé des films de différentes sortes, de genres divers. Tout cela nous a aidé afin d’aborder la mainmise du cinéma américain en Corée du Sud.

Vous avez mentionné le fonds PPP. Est-ce que ce fonds est distribué uniquement aux cinéastes coréens ? Est-ce que d’autres pays asiatiques peuvent en bénéficier ?

D’habitude, nous sélectionnons 23 projets de films asiatiques, parmi lesquels 2 ou 3 projets coréens. Donc,la plupart des films qui bénéficient du fonds PPP sont des films asiatiques, mais non coréens.

Pourriez-vous donner quelques exemples des films auxquels ce fonds a été utile ?

Je pourrais bien mentionner Le Cercle, réalisé par le cinéaste Iranien Jafar Panahi. Celui-ci a été montré en 2000 lors de la 5ème edition du film international du film de Pusan. Il a remporte le prix du meilleur film au festival international du film de Venise en 2000. Beijing Bicycle de Wang Xiaoshuai a également reçu des capitaux PPP. Ce film a gagné le grand prix du jury au festival Berlinale de 2001. Cette année-ci, Three Times du cinéaste Taiwanais Hou Hsiao Hsien se trouvait dans la section compétition du festival international du film de Cannes.

Votre festival est l’un des principaux festivals en Corée. A part votre celui-ci, il existe également d’autres festivals tels le festival international du film de Jeonju, le festival du film de Puchon. Qu’est-ce qui différencie votre festival de ces manifestations ?

En général, le festival international du film de Pusan montre les meilleurs films venant de tous les coins du monde. Celui de Puchon est entièrement consacré au genre fantastique. Le festival international du film de Jeonju projette des films numériques ainsi que des films indépendants. C’est précisément la différence entre ces festivals et le festival international du film de Pusan.

Pourriez-vous nous renseigner sur le marché du film au sein de votre festival ? Comment fonctionne-t-il, ce marché du film ?

Il y a trois ans, nous avons établi un petit marché du cinéma asiatique. L’année dernière nous avons invité à peu près 30 sociétés de distribution de différents pays asiatiques afin d’y participer. Nous aimerions bien agrandir l’échelle de ce marché lors de la 10ème édition du festival international du film de Pusan (du 6 au 14 Octobre 2005).

De nos jours, le cinéma coréen décroche la timbale à l’échelle internationale. Les cinéastes coréens comme Hong Sang Soo, Park Chan Wook et Kim Ki Duk, remportent de grand succès au sein de plusieurs festivals de cinéma.Comment est-ce que ces cinéastes ont réagi au festival international du film de Pusan. Est-ce que votre festival a montré leurs films ? Quelle place a été accordée au cinéma coréen au sein de votre festival ?

La plupart des films tournés par Kim Ki Duk ont été montrés lors du festival international du film de Pusan, en tant que premières mondiales. Il a tourné certains de ses films moyennant des capitaux PPP. Notre festival a également fait la découverte de plusieurs cinéastes prometteurs en Corée, surtout Lee Chang Dong dont le film Peppermint Candy était le film d’ouverture en 1999.

Chaque festival international du film s’évertue à obtenir du succès. On ne peut pas remporter de succès sans le soutien du gouvernement national. En quoi consiste l’aide que le festival international du film de Pusan a reçu de la part du gouvernement coréen, surtout celle du Ministère de la Culture ?

Le nouveau gouvernement s’est montré serviable dès le début. Lee Chang Dong a été nommé comme Ministre de la Culture. Cela me rend triste que son mandat n’ait duré que 18 mois. Malheureusement, il a dû démissionner si tôt. Je crois qu’il voulait aider non seulement l’industrie cinématographique coréenne mais aussi tous les autres organismes culturels du pays. Pour cette raison, il est plutôt difficile de dire ce qu’était la vraie contribution du gouvernement coréen à la culture.

Lors du festival international du film de Pusan, les invités internationaux ont la chance de voir les dernières sorties coréennes.Comment est-ce que votre festival vient en aide aux spectateurs coréens désireux de tout savoir sur les nouvelles tendances du cinéma mondial ?

La promotion des films coréens à l’étranger reste l’objectif principal du festival international du film de Pusan. La contribution offerte par notre festival est beaucoup plus déterminée. Avant la naissance du festival international du film de Pusan, on a montré uniquement 3 films coréens au festival international du film de Cannes au cours de sa longue histoire de 50 ans. Après l’établissement du festival international du film de Pusan, le directeur du festival international du film de Cannes ainsi que les directeurs d’autres sections se sont rendus à Pusan afin de prendre des films sud-coréens pour leurs festivals. En 1998, on a montré 4 films coréens au festival international du film de Cannes. En 2004,6 films coréens y ont été projetés.

C’est vrai que le festival international du film de Pusan aide énormément à la promotion du cinéma asiatique. Il y a cependant certains pays en Asie tels l’Iraq et l’Afghanistan, dont les films n’ont pas remporté la renomée globale. En quoi consisterait la ligne de conduite de votre festival afin de révéler ces industries cinématographiques moins connues ?

Dès le commencement du festival, notre objectif principal était de révéler les nouveaux cinéastes asiatiques. Nous souhaitons introduire leurs films à l’étranger, surtout dans des pays européens. Chaque année, on montre à peu près 100 films asiatiques au festival international du film de Pusan.Le plus grand nombre des directeurs ainsi que les directeurs artistiques des célèbres festivals européens assistent au festival international du film de Pusan pour pouvoir choisir des films asiatiques pour leurs festivals.

En tant que directeur du film international du film de Pusan, ressentez-vous une liberté absolue ? Avez-vous toujours la possibilité de choisir les films que vous souhaitez montrer ?

En tant que directeur du festival depuis son lancement, je ressens effectivement une liberté artistique absolue. En 1996, lorsque ce festival a été lancé, la censure était encore en vigueur. Nous avons donc demandé au gouvernement coréen de ne créer aucun problème de censure pour les films sélectionnés pour le festival. Depuis ce temps-là, nous ne nous soucions aucunement de la censure pour les films sélectionnés pour participer au festival.

Est-ce que les films asiatiques primés au festival international du film de Pusan réussissent à avoir une sortie commerciale dans les salles coréennes ?

L’une des plus grandes sociétés de distribution en Corée du Sud, CJ Entertainment, a récemment choisi 5 films asiatiques pour exécuter leur distribution commerciale. Cette société a aussi procuré des droits afin de distribuer ces films sur le marché national.

Est-ce que la télévision et d’autres organismes culturels jouent un rôle dans la production des films ?

En Corée du Sud, on ne connaît pas cette collaboration entre la télévision et le cinéma. On peut la trouver en France ou bien en Allemagne, où la télévision contribuent à la production des films.

On voudrait bien en savoir plus sur le public de votre festival. Quel genre de public trouve-t-on au festival international du film de Pusan ? Est-ce que ses spectateurs sont de véritables cinéphiles ?

80% de notre public au festival international du film de Pusan est composé de jeunes âgés de 13 à 19 ans. Dans une certaine mesure,on peut dire que notre festival s’adresse bien aux jeunes spectateurs coréens.

Pourriez-vous décrire la section compétition du festival international du film de Pusan ? Combien de films y sélectionne-t-on ?

Au festival international du film de Pusan il n’y a qu’une section compétitive. Elle est consacrée aux jeunes cinéastes asiatiques qui révélent leur premier ou deuxième film. Pour cela on sélectionne uniquement 11 films. Parfois, on fait la sélection de 13 films, y compris 1 ou 2 films coréens.

C’est en 1996 que la première edition du festival international du film de Pusan a été organisée. L’année dernière, on a vu l’organisation de son neuvième édition. Est-ce que vous croyez que le festival international du film de Pusan est devenu de plus en plus grand ? Est-ce qu’il y a encore des étapes à franchir ?

Il me semble que nous nous efforçons de nous améliorer. Je ne suis pas sûr de l’avenir mais nous faisons de notre mieux.

Quels seronts les instants les plus marquants de la 10ème édition du festival international du film de Pusan ?

Nous montrerons 30 chefs-d’œuvre du cinéma asiatique. Il y aura une rétrospective des films tournés par le cinéaste nord-coréen Lee Man-Hi.Nous allons également nous concenter sur des films britanniques.

Des films britanniques... Ken Loach, Mike Leigh ?

Oui, oui !!

Merci bien de nous avoir accordé la possibilité de vous parler.

Je vous en prie !

Interview réalisée à New Delhi le 22 juillet 2005 par Lalit Rao.

- Article paru le mardi 2 août 2005

signé Lalit Rao

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