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Japon

Kishiwada Shounen Gurentai Kaoru-chan Saikyou Densetsu

Episode 1 : The Battle of Kaoru / Episode 2 : From Russia With Love / Episode Final : Stand By Me | Japon | 2001 / 2002 / 2002 | Trois films de Takeshi Miyasaka | Scénarios de Naka "Masa" Mura d’après l’oeuvre originale de Riichi Nakaba | Avec Riki Takeuchi, Tomoro Taguchi, Yoshiyuki Yamaguchi, Hiroko Isayama

Kishiwada Shounen Gurentai

A l’origine, Kishiwada Shounen Gurentai est une oeuvre autobiographique de l’écrivain Riichi Nakaba qui nous conte l’enfance de Riichi (lui-même donc) à Kishiwada dans la région d’Osaka. Avant d’être adaptée au cinéma par Takeshi Miyasaka, d’autres réalisateurs s’étaient déjà attelés à cette même tâche.

Le premier, en 1996, est Kazuyuki Izutsu qui signait alors un film fidèle à l’œuvre originelle, mais qui reste dans l’ensemble assez fade et quelconque. Ce fut ensuite le tour de Takashi Miike pour deux adaptations. Une première en 1997 avec Kouji Chihara dans le rôle de Riichi et la seconde en 1998 avec Naoko Takenaka en père de Riichi, cette fois nettement plus jeune. Le premier film est relativement violent et s’il ne présente guère d’intérêt, l’humour très particulier et le talent de Miike permettent de rendre sa vision amplement supportable. Le second est un film au ton nostalgique certes mineur mais plutôt agréable qui nous fait revivre l’enfance de Riichi sur fond de déchirement familial, de mission Apollo et de révoltes étudiantes. Les scénarios des deux films de Miike sont signés Naka "Masa" Mura (de son vrai nom Masa Nakamura), qui est également l’auteur de ceux, entre autres, de DoA 2 et The Bird People in China. Nakamura n’a pas adapté les œuvres de Riichi Nakaba seulement pour Miike. Il l’a fait également pour Takeshi Watanabe (Chaka 1 et 2, Koroshiya Pazuzu) en 2000. Un film simple qui lui aussi joue sur la corde de la nostalgie et se rapproche de la seconde adaptation de Miike, cette fois sur fond de base-ball. La même année, c’est toujours Nakamura qui écrit le scénario du film de Rokuro Mochizuko (Onibi) qui se détache nettement de l’œuvre originelle et est une comédie bouffonne dans laquelle on croise des infirmières-anges, un flamant rose et un super-héros au sexe démesuré. Cette comédie met en scène deux comiques originaires d’Osaka qui apparaissaient également dans l’adaptation de Watanabe.

Bien que toujours adapté (par Nakamura) de l’œuvre de Riichi Nakaba, la série des Kaoru-chan diffère quelque peu des autres adaptations. Les films de Miyasaka vont en effet consacrer un nouveau héros, Kaoru, en lieu et place de Riichi. La série trouve également son ton propre et les films deviennent des comédies parfois violentes et surtout de véritables one man show de Riki Takeuchi, choisi pour interpréter Kaoru-chan.

The Riki Show

Riki Takeuchi. Si ce nom ne vous dit rien, il n’est pas trop tard pour vous plonger dans tout un pan du cinéma populaire japonais. Mais la tâche ne sera pas aisée, étant donnée l’impressionnante filmographie du bonhomme. Aux côtés de Sho Aikawa ou d’Ozawa, il s’agit d’une des plus grandes stars du V-cinéma et plus particulièrement des films de yakusa. On a ainsi pu le voir dans la série des DoA de Takashi Miike, aux côtés de Sho Aikawa justement. Ou, plus récemment, c’est dans Battle Royale 2 qu’il est apparu pour un rôle controversé dans un film qui l’est tout autant. Riki Takeuchi serait-il un piètre acteur, dissimulant son incapacité chronique à interpréter un rôle derrière des mimiques et autres grimaces ? Ou serait-il un acteur assez anodin, mais doté d’un sens du second degré et d’un charisme indéniable qui font que l’on peut tout autant le détester que l’adorer ? Généralement très archétypaux, les rôles qu’il interprète ne laissent néanmoins pas indifférents.

Kaoru-chan est une série comptant initialement trois films ayant pour thème la vie de Kaoru, interprété donc par Riki Takeuchi. Plus que la vie de ce malfrat brutal mais au bon fond, Kaoru est un show permanent de Riki Takeuchi. Excessif, sur-joué, caricatural et outrancier, Kaoru est une caricature de Riki Takeuchi (ou est-ce l’inverse ?) qui prouve ainsi que ce dernier n’est pas dénué d’humour. Ni d’ailleurs son éternel ennemi dans le film, interprété par un méconnaissable Tomoro Taguchi au moins aussi cabotin et caricatural que Riki Takeuchi, c’est dire.

The Battle of Kaoru

Le premier volet des aventures de Kaoru - The Battle of Kaoru - se déroule pendant les années lycée, voire collège, du héros, dans les années 60. Outre le plaisir légèrement anachronique et décalé de voir Riki Takeuchi et Tomoro Taguchi interpréter des personnages qui ont le tiers de leur age, le film place le spectateur dans une situation légèrement ambiguë, entre la gêne et la crise de rire. Faut-il en effet y voir une sorte de moquerie permanente de Riki Takeuchi l’acteur (un peu comme Van Damme dans Piège à Hong Kong) ou une véritable performance comique de l’acteur ? A vrai dire, tout le côté ambivalent de la réponse, jamais très claire, rend les choses d’autant plus amusantes.

Kaoru est un yankee (terme utilisé pour qualifier certains lycéens japonais suivant une stricte règle d’habillement qui détourne le traditionnel uniforme - chaussures pointues, pantalon à pattes d’éléphant, veste longue, banane de rigueur ; et qui sont souvent des aspirants petits voyous - ’chinpira’) qui ne fréquente qu’occasionnellement l’école où il ne se rend que pour se battre. Doté d’une force surhumaine, comme l’indique un énorme tatouage dans son dos signifiant ’The Strongest’, il est la terreur des professeurs, des élèves, des autres yankee (comme Kuramoto / Tomoro Taguchi, sorte de cerveau maléfique cartoonesque toujours perdant face à Kaoru, mais dont l’existence même est impensable sans celle de son ennemi ; ou comme Isemi - Yoshiyuki Yamaguchi, qui a toujours à faire à la police) et même des yakusa. Ses parents vivent dans le souvenir d’un garçonnet adorable et les profs oscillent entre pédagogie douce et la manière forte (comme le pauvre professeur d’éducation physique qui croit pouvoir tenir tête à Kaoru).

Indépendant, il est surtout très seul. Grosse brute grimaçante, il est cependant doté d’humanité comme lorsqu’il recueille un petit chien. Grand timide incapable d’exprimer ses sentiments (sauf à Mitsue, interprétée par l’ancienne star de Roman Porno Hiroko Isayama, Mama-san rêvant de Hawaï) autrement que par la violence, il tombe fou amoureux d’une serveuse qui se prostitue pour payer la drogue de son père (le scénario n’est pas spécialement le fort de la série, on s’en doutera). Incapable de lui exprimer ses véritables sentiments, il décide de lui venir en aide, bien malgré elle.

Episode posant naturellement les bases de la série, The Battle of Kaoru nous fait découvrir les personnages qui interviendront de façon récurrente dans les épisodes suivants, ainsi que l’environnement dans lequel ils évoluent. Riki Takeuchi y trône un personnage vulgaire (il ne s’exprime que par borborygmes et crache sans cesse tout en explorant ses cavités nasales) dans une comédie parfois extrêmement violente (les affrontements qui émaillent le film peuvent être particulièrement sanglants) mais qui n’oublie pas l’humour et la romance. Réjouissant.

From Russia With Love

Le second épisode de la série ne se distingue à vrai dire pas beaucoup du premier, du moins au niveau du style. On est toujours dans la comédie - rien qu’au titre, on était prévenu - avec de nombreux emprunts au style manga. Cette fois, on se transporte deux ans plus tard. Kaoru a maintenant 19 ans et a quitté définitivement l’école. Désireux de voir du pays, il décide de partie vers l’Est, vers Tokyo. Là-bas, il rencontre un Russe à la recherche de sa sœur. Cette dernière est en fait dans la ville d’origine de Kaoru (Kishiwada) où elle rencontre un policier qui tombe fou amoureux d’elle.

Kaoru 2 pourrait en réalité se résumer à la rencontre de Kaoru avec son équivalent russe (Rocky 4 en somme) et n’apporte donc pas grand chose de plus par rapport à l’épisode précédent. Comme d’habitude, les personnages sont caricaturaux et la violence souvent excessive. Pourtant, derrière la comédie parfois peu fine (l’humour de Kaoru est plus proche de la farce pipi-caca que du comique subtil) et les pitreries de Riki Takeuchi (ainsi que celles de Tomoro Taguchi qui n’est pas en reste, loin s’en faut), il faut bien reconnaître que Kaoru est aussi un regard touchant et dramatique sur une brute solitaire, victime d’ostracisme (même ses parents refusent de le voir tel qu’il est devenu) et dont la solitude touche au tragique.

Grand enfant incapable de grandir, Kaoru dispose de la force d’un adulte mais reste un gros bébé puceau un peu perdu, à l’image du chien qu’il recueille. Sorte de monstre de Frankenstein sans la laideur de ce dernier - quoique - Kaoru parviendra très certainement à vous persuader de sa grandeur d’âme entre deux coups de poings. Et vous détesterez, ou adorerez, d’autant plus Riki Takeuchi.

Par la présence d’une brute russe, alter ego sibérien de Kaoru, ce dernier s’en trouve moins seul et c’est un univers singulier qui est présenté, dont la simplicité renvoie à Dragon Ball Z. Une suite dans la lignée du premier épisode, un peu plus violente peut-être, mais toujours aussi absurdement réjouissante.

Stand by Me

Après ces deux épisodes très proches, la série des Kaoru-chan prend une tournure radicalement différente pour le dernier épisode (c’est du moins ce que suggère le titre). Cette fois Kaoru est âgé de près de 40 ans et surtout, il se fait beaucoup plus rare à l’écran. La disparition de Riki Takeuchi, et de Tomoro Taguchi, de la plupart des scènes rend le film nettement plus sérieux et plus axé sur la nostalgie. Fini (enfin presque) les grimaces et les cabotinages divers, place à une réflexion plus posée sur les générations.

Kaoru 3 est centré sur le souvenir, la nouvelle génération, la nostalgie et le film va donc souvent faire des retours en arrière pour comparer deux époques - d’autant que les personnages ont naturellement vieilli (c’est un peu ’Que sont-ils devenus ?’ mélangé à ’Qu’étaient-ils ?’). Le Kaoru nouveau est ici interprété par Kouji Chihara (décidément amateur des rôles de brute après Pornostar ou 1-Ichi) qui remplace (avantageusement, diront les mauvaises langues) Riki Takeuchi. Plus exactement, il interprète le rôle de Riichi que l’on apercevait, alors âgé de quatre ans à la fin du second épisode. Plus dur et violent, il n’attire pas autant la sympathie que Kaoru qui en dépit de son aspect de brute épaisse laissait transparaître une humanité et une gentillesse parfois surprenante. Le nihilisme de Riichi ne laisse que peu de place à l’humour, et la série quitte les territoires stricts de la comédie et offre une nouvelle approche. Apportant un changement bienvenu, cet épisode final est définitivement un épisode à part, presque une autre série. Surtout, il est certainement le plus fidèle à l’esprit de l’œuvre originelle (et autobiographique) et est finalement assez proche de la version de Takashi Miike avec Kouji Chihara.

Avec Stand By Me, Takeshi Miyasaka a trouvé la meilleure manière qui soit pour conclure une série dont on a rarement vu plus bouffon et moins subtil. Et pourtant, la suite devait nous donner tort, du moins sur la fin annoncée de la série...

The Strongest

En trois épisodes, Takeshi Miyasaka a réussi à créer une des séries de films les plus intéressantes de ces dernières années. Utilisant des acteurs dans des rôles pour le moins surprenants, par une bonne dose de débilité parfaitement assumée, de la violence et de l’action, de la romance et des sentiments, Kaoru-chan est une série hybride quelque part entre le film de yakusa (les interminables séries du V-cinéma), la comédie sentimentale et la comédie un peu lourde. Les nombreuses références à la culture populaire japonaise (notamment la culture lycéenne) rendent parfois la série un peu difficile à apprécier pour qui n’a pas baigné lui-même dans cette dernière. Néanmoins, que ce soit un rot au milieu d’un cours ou un poing dans la gueule, il y a définitivement quelque chose d’universel chez Kaoru-chan.

Ces trois films sont disponibles en VHS et DVD au Japon, sans sous-titres...

- Article paru le samedi 10 janvier 2004

signé Zeni

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