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Japon

Kokkuri

aka Kokkuri-san | Japon | 1997 | Un film de Takahisa Zeze | Avec Ayumi Yamatsu, Hiroko Shimada, Moe Ishikawa

Mio, Hiroko et Masami sont trois lycéennes qui partagent une bien étrange amitié...
Mio est hantée par la mort de sa mère : on découvre en flash-back que celle-ci est en quelque sorte décédée noyée "pour elle". Un jour qu’elle était à la plage avec sa soeur, sa mère et son beau-père, la petite fille décide en effet de manifester son mécontentement quant au choix du remplacement de son véritable père, et s’enfuit vers l’océan. Sa mère la rejoint et la prend dans ses bras pour la consoler, et lui dit alors : "Allons rejoindre ton père". La mère et la fille enlacées s’enfoncent alors sous l’eau, mais Mio est relachée et remonte à la surface, en regardant sa mère se noyer paisiblement. Pour une raison de culpabilité ou une autre, Mio s’est inventée une nouvelle personnalité, celle de Michiru, animatrice d’une émission nocturne à la radio. Cette Michiru aurait vécu une vie de "mauvaise fille", couchant avec les hommes à tours de bras pour prouver son existence, et prodigue aujourd’hui des conseils amoureux aux auditrices qui laissent un message sur le répondeur de l’émission.
Masami fait partie des fans - visiblement nombreux - de Michiru. Aussi, lorsque cette dernière défie ses auditrices d’utiliser "Kokkuri" pour en savoir plus sur elle, Masami veut tenter le jeu. Il est nécessaire ici de préciser que Kokkuri - ou Kokkuri-san - est tout simplement le nom que les japonais donnent au "Ouija Board", et non celui d’un quelconque personnage. Mais revenons à notre histoire... Masami - qui sort avec un jeune homme du nom de Akira, par ailleurs très explicitement convoité par Hiroko - utilise donc un Kokkuri pour en savoir plus sur Michiru, aux côtés de Hiroko mais aussi de Mio ! Difficile de juger alors de l’authenticité des réponses aux questions posées à la revenante de service, puisque de toute façon Michiru n’existe pas...

Non rassasiées par leur première tentative, nos camarades remettent le couvert, et Masami en profite pour tenter de décourager Hiroko de poursuivre sa quête amoureuse d’Akira, de façon très brutale. Hiroko brise la "cérémonie", et l’esprit convoqué refuse désormais de repartir...
Mais ce n’est pas tout, car Hiroko connaissait une petite fille - avec qui elle jouait déjà à Kokkuri - qui s’est noyée dans son bain après une mauvaise blague. Elle partage donc un sentiment de culpabilité semblable à celui de Mio. Et Mio commence à être hantée par cette petite fille qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, aperçue furtivement en prégénérique...

Si un jour vous décidez de regarder ce film de Takahisa Zeze (réalisateur oeuvrant principalement dans le pinku, mais aussi connu pour le récent Rush !), vous constaterez que mon résumé est loin de suivre le déroulement chronologique du film, et qu’il en dit peut-être un peu trop long, et je m’en excuse. Cependant, cette démarche était nécessaire pour moi pour tenter d’y voir plus clair dans ce Kokkuri que je qualifierais de frustrant - voire presque agaçant...

D’une certaine façon, Kokkuri fait penser à plusieurs reprises à Memento Mori - en beaucoup moins réussi malheureusement. "Moins réussi" n’est peut-être pas le qualificatif le plus adéquat néanmoins, car Takahisa Zeze distille une atmosphère de mort particulièrement efficace, et sa réalisation très soignée offre plusieurs séquences superbes. Il serait presque légitime d’ailleurs de se demander si le réalisateur de Memento Mori n’a pas puisé l’inspiration de sa morbide histoire d’amour "contre-nature" - ainsi que certaines de ses images - dans ce film présenté à Venise en 1997, en lui ajoutant un certain nombre d’améliorations...

Le mot qu’il convient d’utiliser ici est sans doute "hermétique". Car Kokkuri noie son histoire d’esprit vengeur au milieu de plusieurs trames dont Zeze ne parvient jamais à justifier la cohabitation. Si on peut extrapoler les quelques éléments dont nous disposons pour comprendre la manifestation "fantastique" de la colère de Hiroko, comment expliciter ce lien esquissé de façon presque onirique entre Mio et Hiroko au travers de ces deux petites filles jumelles, qui ne le sont pas ?
Il est vrai qu’il n’est pas nécessaire de comprendre tous les éléments d’un film pour l’apprécier - à l’image d’un David Lynch, par exemple. Mais n’est pas Lynch qui veut, et si l’atmosphère de Kokkuri est très réussie, sa mise en abîme d’un sentiment de culpabilité dont on vient à douter qu’elle soit véritablement honnête (condamnation maladroite de l’amour lesbien ???) finit par agacer le spectateur, transformant une trame mystèrieuse joliment illustrée en puzzle gauchement incomplet.

Kokkuri est disponible en VCD HK chez Edko. Nul doute que les sous-titres anglais lamentables jouent leur rôle dans l’incompréhension du film...

- Article paru le jeudi 12 septembre 2002

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