Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Japon

Kokoro To Karada

Japon | 2004 | Un film de Hiroshi Andou | Avec Yuuko Akune, Misaki

Hiroshi Andou n’est pas tout à fait un inconnu puisque c’est à lui que l’on doit Blue, film adapté d’un shoujo manga qui conte les amours homosexuelles de lycéennes. Visiblement obsédé par le sujet, Andou nous sert cette fois deux lycéennes qui se revoient après quelques années et entament une étrange relation haine/amour. Si Andou ne fait pas dans la subtilité, il a au moins réussi à faire un film qui évite les poncifs du genre, sans pour autant parvenir à offrir quelque chose de plus que le bien plus subtil Girlfriend dont il reste assez proche par certains aspects.

Encore lycéenne, Tomomi (Yuuko Akune) est venue à l’aide d’une camarade, Keiko (Misaki, vue dans deux Kekkou Kamen et dans Hana to Hebi de Takeshi Ishii), en fracassant le crâne d’un homme qui violait cette dernière. Quelques années plus tard, Tomomi contacte Keiko qui vit maintenant à Tokyo. Mais la dernière chose dont a envie Keiko est que Tomomi vienne lui rappeler des souvenirs qu’elle a eu suffisamment de mal à oublier.

Il est à peu près clair que tout a été dit en film sur les lycéennes japonaises. Cet objet de fantasmes, pas seulement au Japon, a aussi offert les films les plus rébarbatifs et soporifiques japonais - dont beaucoup, heureusement, ne sont jamais sortis de l’archipel. Ceux qui n’abordent pas le sujet avec un certain second degré (The Big Slaughter Club pour n’en citer qu’un) sont souvent condamnés à être des films qui, sous couvert d’être indépendants ou d’auteurs, ne sont que du ressassé homo-érotique sur fond de découverte de son corps et premiers émois sexuels, et pensent toujours nous révéler quelque chose sur ces lycéennes - comme si personne n’avait été adolescent !

Ayant fait un (long) passage par cette case avec Blue, Andou a eu la bonne idée de ne pas rééditer la même erreur. Pour cela, il a fait grandir un peu ses personnages et rajoute une couche de vulgarité et de provocation pour faire passer la pilule. Et si les deux héroïnes de Kokoro to Karada ("Le Cœur et le Corps") ressemblent à celles de Girlfriend, Andou délaisse l’exploration subtile de leur relation (en évitant le coup des lesbiennes, c’est déjà pas si mal) pour offrir ce type de film typiquement japonais où les non-dits sont légions, au point que le film se termine sur un sentiment de vide total, rien n’ayant été exprimé. Quand les spectateurs sont livrés à eux-mêmes pour comprendre les sentiments et motivations des personnages, on atteint vite le seuil de l’ennui. D’autant que ce ne sont pas les jambes écartées de Keiko, dévoilant sa culotte trempée de sang menstruel, qui vont nous aider à saisir la psychologie de ces deux jeunes femmes.

Keiko qui se prostitue pour gagner sa vie, va amener Tomomi à faire de même pour elle. Tomomi, totalement soumise à Keiko qui pourtant la maltraite, obtempère et découvre un milieu auquel elle ne connaît rien. Andou nous sort donc la grosse artillerie provocatrice avec sa teinte de pseudo-réalisme (une éjaculation par ci, un pervers par là, une scène ouvertement érotique encore ici) pour tenter de cacher la vacuité de son scénario. La DV - le film fait partie du projet DV Love Collection avec Girlfriend ou encore 0LDK - offre un faux côté intimiste qui ne tient pas la route très longtemps, surtout quand Andou se laisse aller à des plans fixes silencieux qui ne font que confirmer qu’il n’a définitivement rien à dire. N’est pas Akihito Shiota ou Ryuichi Hiroki qui veut.

- Article paru le mercredi 8 juin 2005

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