Kunoichi Ninpô Chô
Tragédie et érotisme dans un Japon médiéval tourmenté...
Sen-hime de la famille Tokugawa vient d’épouser Hideyori Toyotomi... malheureusement, peu de temps après leur union, la chute du clan Toyotomi paraît inévitable. Sen-hime, par amour pour son mari, décide de lui offrir un héritier qui restera caché de tous, en en confiant la conception à quatre Kunoichi - des femmes ninja - de confiance appartenant à sa cour. La famille Tokugawa souhaite voir disparaître la lignée des Toyotomi ; Sen-hime est donc ramenée au sein de son clan... mais elle se considère désormais comme une Toyotomi à part entière, et contrairement à ce que pensait le tyrannique Ieyasu Tokugawa, elle refuse de devenir leur marionnette. Exaspéré par cet ultime affront, Ieyasu envoie l’ignoble Iga ses ninja supprimer les quatre Kunoichi...
Kunoichininpôchô. Sous ce nom quelque peu barbare se cache une série de quatre direct to video tournés entre 1991 et 1994, quatre films entre 1995 et 1998, ainsi qu’une flopée de dérivés vidéoformes-érotico-nanars qui paraissent régulièrement depuis 2000 chez l’éditeur Engel (neuf Kunoichininpôden et deux Shin Kunoichininpôden à ce jour), sans oublier de nombreux avatars très inégaux parus tout au long de la dernière décennie - on trouve également deux films sortis en 1964 (Kunoichininpô et Kunoichikeshô), réalisés par Sadao Nakajima et inspirés de l’univers créé par le romancier Futarô Yamada.
Avant tout, une petite explication de texte s’impose ; le mot ’kunoichi’ est né de la déstructuration, ou plutôt de l’éclatement du kanji - sinogramme - ’onna’ qui signifie ’femme’ en japonais ; [onna] devient donc [ku no ichi], utilisant ainsi les trois syllabaires nippons (hiragana, katakana et kanji) - cf. figure ci-contre.
...mais dites moi, n’avez-vous rien remarqué en survolant les noms des acteurs de ce premier Kunoichininpôchô ? allez-y, j’ai tout mon temps !... ça y est ? Ah... vous comprenez mieux je pense : Miki Mizuno ! Et oui que voulez-vous, on ne se refait pas ! Voyage dans le temps et dans sa filmographie pour nous retrouver face à ce qui est entré dans la (enfin "ma" serait plus judicieux...) légende comme étant le premier film mettant en scène la belle Miki, alors âgée de dix-sept ans. Trois ans avant ses débuts sur grand écran dans Shoot ! aux côtés des mythiques SMAP, mademoiselle Mizuno se voit déjà confier un rôle relativement physique, qui laisse augurer de ses futures prestations dans Genjitsu no Tsuzuki Yume no Owari (aka A Chance to Die), Gamera 2 ou Koibito wa Sunaipâ...
Si le postulat de départ de cet article est donc bien peu glorieux, je dois bien avouer m’être retrouvé plutôt surpris par la "qualité" de ce direct to video du début des années 90 ; de nombreux décors, une photographie soignée, une mise en scène qui même si elle oscille parfois entre un épisode de Maguy et l’émission Motus, révèle très souvent de très bonne idées, ou encore des costumes quelque peu anachroniques (les kunoichi ont des collants résilles !) mais très réussis... à vrai dire, le seul défaut technique de ce Kunoichininpôchô est l’utilisation d’effets numériques... quelques peu datés, mais bon, l’intention était fort louable, et puis ce n’est pas particulièrement pire que dans certains films de cinéma (cf. l’excellent Love in the Time of Twilight de Tsui Hark... au hasard)... et puis, tout le monde sait très bien que l’utilisation d’images de synthèse est un piège dès lors que le budget ne suit pas ; il serait donc inconvenant d’attaquer ce film réservé au marché de la vidéo sur ce point... Si une certaine "qualité technique" est donc au rendez-vous, les acteurs sont eux aussi très à l’aise, et l’on peut sentir qu’un véritable travail de direction à été fait en amont (ce qui n’est pas forcément très souvent le cas dans les direct to video).
Nos quatre kunoichi possèdent des techniques de combats - Kunoichi no Ninhou - aux noms exotiques, voir même poétiques (Tsukinowa, Tsutsukarashi, Bosatsugaeshi, Yadokari, Maboroshibosatsu, Tennyogai, Mugenawakage...) qui allient l’art des ninja, à celui de la séduction... mais la plus spectaculaire est sans aucun doute celle du vagin-piégeur (...) !!!... magie, démons, amour, trahison, politique, pouvoir... Kunoichininpôchô reprend des recettes bien connues (qui a dit éculées ?) en y ajoutant un aspect érotique, omniprésent... mais qui ne sombre jamais dans la vulgarité.
...une fois de plus, les préjugés tombent ; pensant me retrouver devant un sous-produit accablant dont l’intérêt principal était Miki Mizuno, je me suis laisser prendre au jeu de ce petit film qui mêle agréablement et sans prétention Histoire, tragédie et érotisme, sans jamais devenir lassant... mais qui a dit que le bonheur n’existait pas ?!
DVD
King Records
NTSC - Zone 2
Format : 1:1:33 - 4/3
Images : l’époque n’était pas encore au numérique, et le transfert vidéo fait preuve d’un léger manque de définition... mais le pressage est réussi et donne un nouvel éclat au film.
Son : excellente stéréo
Suppléments : rien !
Ce DVD ne contient pas le moindre sous-titre.
Kunoichininpôchô existe à l’unité (bien que certainement épuisé aujourd’hui) ou dans le coffret Kunoichininpôchô part 1 (dans lequel on retrouve les quatre premiers épisodes).
Existe également en VHS (NTSC)et LaserDisc (NTSC).



