Kyouki no Sakura
Jeunesse perdue, ultra-violence, manipulation et nationalisme...
Tôkyô. Shibuya. Susumu, Katsuya et Shinya arpentent les rues de leur quartier en y faisant régner l’ordre par la terreur et la violence. Dealers, junkies, yakuza, scoutmen, prostituées et bandes rivales font partie de leur tableau de chasse quotidien, et leur vie nocturne n’est qu’un maelström barbare dans lequel ils veulent purifier "leur" Japon... Rapidement, le Seishû Dômei, un clan de yakuza ultra-nationaliste, s’intéresse de près à ces trois jeunes proies faciles. Leur chef, Aota, leur offre comme "cadeau de bienvenue", une voiture à bord de laquelle ils sillonnent les rues de la capitale nippone, à la recherche de leur "gibier" favori. Leur ascension au sein du clan est très rapide... trop rapide. Un soir, dans un bar fréquenté par des gaijin où drogue et sexualité sont affichés, nos trois jeunes inconscients commettent l’irréparable...
Jeunesse = instrument du pouvoir
A l’origine de Kyouki no Sakura se trouvent deux hommes ; le premier est écrivain, le second un jeune comédien d’à peine vingt-quatre ans devenu star en son pays. Lorsque Yôsuke Kubozuka tombe sur le roman Kyouki no Sakura écrit par Kunio Hikita, il se dit instantanément qu’un film doit en être tiré. Dès lors, le jeune acteur va remuer ciel et terre afin que ce film voit le jour, quitte à ce qu’il en assure lui-même la réalisation... Entre temps, il fait la rencontre de Kenji Sonoda, truquiste ayant travaillé sur les génériques de trois films du génial Yukihiko Tsutsumi, Keizoku - Beautiful Dreamer, Oboreru Sakana et Trick. C’est décidé. C’est lui qui réalisera l’adaptation du roman de Kunio Hikata ; quant à Kubozuka, il assurera tout l’aspect production du projet. Pour en composer la musique, il fait appel à son ami K Dub Shine, leader du groupe de hip-hop King Gidorah... la machine Kyouki no Sakura est lancée !
Ritournelle lancinante et violente qui évolue au fil des saisons...
Le cerisier. Symbole nippon par excellence, le cerisier et ses fleurs sont sacrés, tout en renvoyant une image de précarité. Une fragilité due à la courte durée de sa floraison, aussi sublime soit-elle... Susumu, Katsuya et Shinya sont à leur image. Une ascension fulgurante, pleine de promesses, leur faisant miroiter gloire et puissance... pour finalement retomber, puis mourir. Redevenir poussière. Néant.
...happés par un monde qu’ils ne connaissent pas mais dont ils pensent tout connaître, nos trois jeunes candides dont le principal moyen d’expression est la violence, vont servir de boucliers humains à des combats qui ne sont pas les leurs, en boucs émissaires tout trouvés... trop facilement manipulables... [Marionnette. n. f. Petite figure que l’on fait mouvoir, ordinairement par des fils, avec la main...]... cette définition de marionnette oublie la manipulation par la pensée... manipuler une personne en lui inculquant des idées, aussi fausses et subversives soient-elles. Tâche aisée lorsque les proies sont jeunes et inexpérimentées.
...lorsque Susumu, Katsuya et Shinya commettent l’ "irréparable" dans ce bar, ils n’en imaginent pas les conséquences, multiples et fatales, puisque l’endroit est le repère du clan opposé au leur. La guerre entre yakuza est déclenchée... mais est-ce un accident ? Non. Les trois jeunes autoproclamés justiciers d’un certain Japon, viennent de mettre le pied dans une spirale sans fin vers la violence et la destruction. Destruction interne de leur trio, destruction totale de leur vie, et de leurs proches, de leurs aspirations...
L'avenir... Susumu rencontre Keiko, une jeune et jolie lycéenne, alors qu'il est poursuivi par une bande rivale. La première image que la jeune fille perçoit de lui est violente; pourtant, elle seule sera capable de voir à travers le jeune homme, bien trop fier pour oser lui avouer le moindre sentiment... mais la violence est une voie plus simple à suivre que la sagesse... dommage. L'avenir
...si Aota, chef du clan Seishû est un habile manipulateur de jeunes esprits, son bras droit, l’étrange et séduisant Saburô, surnommé Keishi - le nettoyeur -, est quant à lui le marionnettiste le plus machiavélique, allant jusqu’à imaginer les plans les plus diaboliques qui soient... En influençant séparément Katsuya et Shinya, il va tout faire pourrir de l’intérieur pour parvenir à ses fins. Un homme intelligent, raffiné... horrible.
Yôsuke Kubozuka ne laisse personne indifférent ; il séduit, ou répugne. Si son côté "Hey, je suis Kubozuka regardez moi !!" en dérange beaucoup, il faut bien lui reconnaître un choix de carrière plutôt intéressant, choisissant plus volontiers des films "à risques". Du haut de ses vingt-quatre ans, huit longs-métrages (Ping Pong) et une poignée de drama (Ikebukuro West Gate Park) à son actif, il campe ici un jeune rongé par une violence intérieure, enfermé dans un processus d’autodestruction dont il ne pourra s’extraire... A ses côtés, trois générations d’acteurs, de ses deux compères interprétés par RIKIYA et Genki Sudou, à la jeune et fragile Mariko Takahashi (Sekai no Owari to iu na no Zakkaten), en passant par l’immense Yoshio Harada (Ryoma Ansatsu) dans le rôle d’Aota, ou l’excellent Yôsuke Eguchi (Swallowtail Butterfly) qui interprète brillamment Saburô...
Le film s’ouvre sur Susumu assis sur les toilettes, mettant à mal le logo de la Toei... clin d’œil de Kubozuka et Sonoda aux difficultés de monter le projet, prouvant qu’ils ne sont pas dupes et ni dans le moule, tout comme les personnages du film ? Film tendancieux, je ne pense pas, plutôt un film autant réussi qu’effrayant, pourvu d’un lyrisme indéniable. Peut on aimer les personnages de Kyouki no Sakura ? Je ne pense pas réellement... seulement, ils vont être confrontés à des hommes bien plus dangereux qu’eux, des adultes qui se servent d’une jeunesse en proie à des peurs, une jeunesse influençable, dans un Japon tiraillé entre un nationalisme effrayant et une américanisation de la société, formant ce qu’est l’empire du soleil levant aujourd’hui... Un pays dont la jeunesse se cherche, se perd, pour s’enfermer dans un conformisme certainement autant destructeur que toute autre forme de violence... le monde tourne, le temps passe... et après ?
DVD | Toei | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:85 - 16/9 | Images : Nickelles ! | Son : Excellent surround.
Suppléments : Différentes avant-premières dans Tôkyô, teasers, trailers, galerie de photos...
Ce DVD ne comporte pas le moindre sous-titre.
Il existe également un DVD (NTSC - Zone 2) du Making of de Kyouki no Sakura, d’une durée de 45’.
La musique du film - du hip hop de très grande qualité - composée par K Dub Shine est disponible en CD.
Bonus
Site Officiel: http://www.toei.co.jp/kyokinosakura






