L’invincible kid du Kung Fu
Quand un nain croisé avec la coupe de cheveux de Mireille Matthieu fait du Kung Fu...
Il y a quelques années, lors d’une soirée cinéma bis à la Cinémathèque, nous découvrîmes en compagnie de Kaelu San un étrange film du nom de Invincible Kid du Kung Fu. Ne sachant nullement ce que nous allions voir, nous nous installâmes tranquillement, prêts pour un bon film d’arts martiaux. Une heure et demie après, pliés de rire sur notre fauteuil, notre opinion était faîte : nous venions de découvrir l’un des films les plus "chef-d’œuvre" de l’histoire du cinéma. Le mythe de Weng Weng était né.
Weng Weng (déjà le nom qui calme) - surnommé "agent 00" - est l’un des meilleurs agents d’Interpol. Sa petitesse ne l’empêche pas d’accomplir les missions les plus dangereuses, d’autant qu’il est expert en Kung Fu. Justement, une crapule masquée, du nom de Cobra, menace de tuer les plus importants hommes d’un conglomérat Philippin, si ces derniers ne lui versent pas une importante somme d’argent. Heureusement, Weng Weng veille au grain, et lors de la remise de la rançon, il arrête les gangsters avant qu’ils ne s’enfuient. Seul Cobra parvient à s’échapper... Soupçonnant un des membres du conglomérat d’être le fameux Cobra, Weng Weng continue son enquête. Il devient très vite l’agent d’Interpol à abattre...
Autant prévenir tout de suite, n’attendez pas de moi une critique sérieuse de L’invincible kid du Kung Fu (c’est rigoureusement impossible), car au même titre que Muthu, IKKF est tout simplement une expérience cinématographique ultra jouissive du genre plus c’est du "n’importe nawak" plus c’est ultra bueno - et c’est très bien comme cela.
Avec tous les honneurs qui lui sont dus, parlons un peu de notre ami Weng Weng, coiffé avec une coupe au bol (Mireille Matthieu, quoi) du plus bel effet, habillé d’un costume blanc histoire de rappeler que c’est une parodie de James Bond... Weng Weng est un peu l’acteur le plus inexpressif de l’histoire du cinéma, une espèce de croisement entre une betterave (ou une endive, à vous de choisir) et un âne, qui passe son temps à regarder en dehors de l’action, sans doute pour recevoir l’approbation du réalisateur. Sa prestation au niveau des dialogues est à l’avenant puisque cela se résume pratiquement à un seul mot "Interpol".
Je ne parle même pas de ses prestations de Kung Fu, il faut le voir faire des mouvements d’animaux comme la cigogne ou le cobra, ou encore manier le bâton ; mais Weng Weng est surtout un grand spécialiste du coup de poing dans les parties (normal). Des grands moments de Kung Fu, donc, dignes des meilleurs artistes de HK - surtout que Weng Weng est aussi un peu catcheur sur les bords : il adore se jeter sur ses adversaires.
Avec les filles c’est encore plus jouissif ; en gros pas une ne lui résiste, elles sont toutes folles de lui et si ce n’est pas le cas, Weng Weng se charge de les embrasser, une fois de plus en se jetant sur elles (une technique de drague que je vais essayer prochainement).
Et puis Weng Weng possède aussi une jolie moto jaune Playskool à sa taille (évidemment) avec des roulettes pour ne pas tomber, qui fait du deux à l’heure (ce qui ne l’empêche pas de faire des courses poursuites) et qui fait plus de bruit qu’une 103.
Vous l’aurez compris Weng Weng est déjà un numéro comique à lui tout seul, mais heureusement pour nous IKKF possède d’autres grands moments. Pèle mêle on trouve le Mexicain le plus Philippin du pays ou inversement (vive les versions françaises), des acolytes qui ont tous le crâne rasé et dont l’un se nomme Abdul ( !!!) et qui en plus porte une jolie perruque baba cool pour se déguiser. Un méchant fringué d’une cagoule du Ku Klux Klan et d’une cape de toréador. Des lunettes à rayons X qui permettent de démasquer un type déguisé en fille, qui porte en fait juste un caleçon et des grenades. Interpol qui n’hésite pas à interroger une fille avec du penthotal - laquelle fille finit morte parce que finalement on lui a administré de la cocaïne. Des méchants qui n’en finissent pas de rire. Des gentils qui se regardent dans le blanc des yeux, provoquant de grands moments de silence embarrassant. Une extraordinaire course poursuite bourrée de faux raccords (un coup les protagonistes sont à deux mètres les uns des autres, un coup ils sont à vingt mètres) et qui se termine par un saut au-dessus d’un ravin avec des câbles bien visibles, en particulier quand il faut tirer la moto qui a bien du mal à rouler sur un terrain accidenté. Notre même Weng Weng qui fait du parachute avec un drap. Une cage à oiseaux où Weng Weng est enfermé, jeté à l’eau et repêché à l’aveuglette grâce à une ancre pas plus grosse qu’une épingle. Une explosion de bateau digne des plus grandes productions hollywoodiennes - en fait une maquette dans un bassin. Notre ami Weng Weng (encore lui décidément) qui passe son temps à se planquer dans des sacs ou des valises pleines de frics. Sans oublier la musique de la Panthère Rose reprise entièrement, accompagnée d’une musique composée de trois accords qui revient inlassablement pendant tout le film. Un passage de relais avec un nain à la place du relais donc, accompagné d’un lancé de nain. Et pour finir un générique qui nous apprend que le cascadeur en chef s’appelle S.O.S Daredevils (ça ne s’invente pas, sûrement Ben Affleck venu donner des cours de jeu d’endive à Weng Weng) et qu’une suite nommée License Expired est prévue (elle ne sera malheureusement jamais tournée).
Devant un tel film, moi, je crie vive Weng Weng, vive les Philippines et les Philippins, et vive le chef-d’œuvrisme qui met du bonheur pour toute la journée et plus encore.
PS : les photos illustrant cet article sont tirées de For Your Height Only.
A ma connaissance IKKF n’existe pas en DVD (ou alors aux Philippines uniquement). Par contre la première aventure de Weng Weng - For Your Height Only (cela ne s’invente pas) - existe chez un éditeur américain, mais je ne sais plus lequel. (Simitar - NDAkatomy)



