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Japon

La forteresse cachée

aka 隠し砦の三悪人 - Kakushi toride no san akunin - Hidden Fortress | Japon | 1958 | Un film de Akira Kurosawa | Avec Toshiro Mifune, Misa Uehara, Takashi Shimura, Minoru Chiaki, Kamatari Fujiwara, Toshiko Iguchi, Susumu Fujita

Après deux adaptations de dramaturges occidentaux, William Shakespeare dans Le Château de l’araignée et Maxime Gorki dans Les Bas-Fonds, qui n’ont pas rencontré leur public, Akira Kurosawa revient vers des sujets plus légers. La forteresse cachée est avant tout un film d’aventure.

Deux paysans, Tahei et Matashichi, ayant voulu être soldats doivent retourner dans leur village, la guerre à laquelle ils voulaient participer étant déjà terminée avant même leur arrivée. Sans le sou car ils ont dépensé leur argent pour s’équiper, la chance semble tourner après la découverte d’un lingot d’or dissimulé dans des morceaux de bois. Près de l’endroit où Tahei et Matshichi ont fait cette découverte, ils rencontrent un homme au port altier. Les compères comprendront en cours de chemin que leur compagnon est le général Rokutora Makabe, chargé de mener en lieu sûr la princesse Yuki, héritière du clan Akizuki, qui vient d’être annihilé.

Couards, querelleurs, cupides... Remplis de défauts, Tahei et Matashichi sont si terriblement humains. Comme dans d’autres films du maître, ils sont le petit peuple qui fait montre de sa capacité de résilience confronté à la cruauté de la caste dirigeante. Mais surtout, Kurosawa invente deux personnages atypiques pour l’époque. Yuki, la princesse rebelle, dont le voyage sera surtout l’occasion de découvrir la vie quotidienne de son peuple, dans ce qu’elle a de bon et de mauvais, mais qu’elle ne connaissait pas, enfermé derrière les murs de son château et les usages. Le second est le général, Tadokoro, ami de Rokutora Makabe mais appartenant au camp opposé, qui fera le choix d’écouter son cœur et ne pas se comporter conformément à l’éthique du samouraï. Ces deux personnages qui s’éloignent des stéréotypes illustrent la fibre humaniste bien connue d’Akira Kurosawa.

Mais La forteresse cachée est surtout un formidable film d’aventure où les principaux protagonistes doivent franchir les multiples obstacles surgissant devant eux. Dans cette course de vitesse entre la princesse, son escorte et leurs poursuivants, le cinéaste japonais fait une démonstration dans la manière de mettre en scène cette vitesse. Dès la première image, la caméra cueille nos deux paysans cheminant pour les accompagner dans un plan séquence pendant lequel ils vont se disputer pour la première fois, mais pas la dernière.

La course de chevaux de Rokutora pour rattraper deux soldats qui les avaient reconnus représente un must dans ce domaine. Accélérant le rythme du montage, sa caméra capture de trois quarts Rokutora et un samouraï s’affrontant tout en menant leur cheval au galop et les accompagne en pivotant lorsqu’ils passent devant elle en plan désormais rapproché. Akira Kurosawa crée ainsi un arrière-plan flou et une image filée. Le même plan répété plusieurs fois et alterné avec celui des pattes en plein galop des chevaux donne une impression de vitesse particulièrement saisissante.

Toujours dans la mise en scène du mouvement, le cinéaste nous en met aussi plein les yeux en filmant les foules, notamment dans la scène grandiose et dantesque où des prisonniers s’échappent d’un château en dévalant un immense escalier. Elle n’est pas sans évoquer Metropolis de Fritz Lang, où des exploités se soulèvent également.

La notoriété particulière de La forteresse cachée en occident s’explique par son influence - revendiquée d’ailleurs par Georges Lucas - sur La guerre des étoiles. Le film d’Akira Kurosawa peut se résumer comme le récit d’une princesse qui ne s’en laisse pas compter, dont le clan (planète) a été détruit, qui est protégée dans sa fuite par un samouraï invincible et accompagnée d’un duo d’amis chamailleurs... Si ce synopsis a des airs familiers, côté réalisation c’est une tout autre histoire...

La forteresse cachée est disponible depuis le 1er mars chez Wild Side en Blu-ray et en DVD, dans des versions restaurées. Ils sont accompagnés comme pour les précédents films d’un livre de 60 pages, écrit par Christophe Champclaux.
Remerciements à l’équipe de Wild Side.

- Article paru le vendredi 31 mars 2017

signé Kizushii

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