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Hong Kong

La Main de Fer

aka Five Fingers of Death - King Boxer - Hand of Death | Hong Kong | 1972 | Un film de Chung Chang-wha | Avec Lo Lieh, Fei Meng, Nan Kung-Hsun

Si la vague des films de Kung Fu fût si importante dans le monde au début des années 70, La main de Fer n’y est sûrement pas étrangère. Bien que considéré à tort en occident comme le premier opus du genre (Chinese Boxer de Jimmy Wang Yu ou même Boxer From Shantung de Chang Cheh en méritent davantage la paternité), ce film conserve encore une certaine aura dont la légitimité est discutable. A n’en pas douter Chung Chang-wha en bon artisan de la Shaw montre une grande habileté dans la mise en scène, le mélange des genres ainsi que le développement des personnages. En revanche il souffre d’un traitement "artisanal" le rendant quelque peu dépassé, agrémenté de clichés moins présents dans ses oeuvres coréennes. La trame compliquée de La Main de Fer se résout souvent de façon "trop" évidente à la faveur d’improbables retournements de situations.

Lo Lieh, qui a déjà côtoyé Chung Chung-wha dans Valley Of The Fangs, campe ici la figure du héros Chin Hao, jeune élève d’un "Sifu" qui, n’ayant plus rien à lui enseigner, l’envoi en ville apprendre chez un maître réputé. Il sera d’abord affecté aux tâches ménagères sous la bienveillance de ce même Sifu. Maîtrisant rapidement les enseignements de son maître, il se voit intégré à l’école et commence à se frotter aux autres élèves. Entre temps, un brutal chef de clan expert en arts martiaux, assisté par son fils, provoquent l’école du maître, dans le but d’anéantir toute opposition, lors du prochain tournoi de Kung Fu de la ville - évènement qui décidera de la suprématie sur la région. Pour ce faire il engagera notamment un redoutable mercenaire au "coup de boule" dévastateur (la scène du combat contre le karatéka japonais le voit carrément défoncer la moitié d’un arbre !). Mais comme cela ne suffit pas à terrasser Chin Hao qui s’améliore de jours en jours, un trio de japonais composé d’un sadique karatéka et de ses deux sbires armés de sabres arrive en renfort. Au fur et à mesure que le tournoi approche, les manoeuvres iront bon train pour anéantir l’ennemi. Le jeune Chin Hao, pris dans une embuscade se fait briser les mains. Chian Hao se remet progressivement à force de volonté et d’entraînement, et son maître déjà très affaibli consent à lui enseigner la technique de "la main de fer", lui permettant ainsi de vaincre n’importe quel adversaire et accomplir sa vengeance.

Si cette trame suffirait à résumer la plupart des avatars du genre, Chung n’en oublie pas d’y injecter une bonne dose de romantisme à travers un trio amoureux composé de Chin Hao, d’une chanteuse d’opéra qu’il croise lors de son voyage, et de la fille de son oncle adoptif dont il est secrètement amoureux. L’intérêt de La Main de Fer réside surtout dans sa galerie de personnages secondaires, dont Chung parsème intelligemment son film. Ainsi la pathétique chanteuse d’opéra et le mercenaire à la tête de granit, adversaire au début et devenant ensuite un allié du héros, au sacrifice de sa vie. Autre figure inédite, le disciple jaloux qui trahit son clan ; et qui se fait ensuite aveugler par ses complices, contre lesquels il se retournera. Enfin, on frise le ridicule en versant dans l’anti-japonisme primaire, en la présence du trio japonais sadique et sanguinaire. Les deux sbires du karatéka, sont des chinois grossièrement grimés en samouraïs aux cheveux hirsutes, tombants sur le visages et à la démarche vague. Empruntant au Chambara tout autant qu’au Western (après un combat victorieux dans l’auberge, Chin Hao envoie une pièce en l’air, d’une pichenette avant de quitter les lieux), voir au film de SF (les mains du héros deviennent rouge vif au son d’une musique stridente) le film porte un côté hétéroclite, marque d’un réalisateur de films d’action qui n’a cessé de chercher à dépasser le genre en y ajoutant des éléments du cinéma populaire propre à chaque époque.

Les combats sont dans le pur style Liu Chia Liang, avec des mouvements amples, l’utilisation du trampoline, et un mélange de Kung Fu et de Karaté. Mais s’il paraît obsolète aujourd’hui, La Main de Fer n’en demeure pas moins un spectacle brutal à la violence sauvage et cathartique. Jugez du peu : deux énucléations (la séquence où les globes oculaires roulent au sol tire volontiers vers le film de catégorie III), des crânes fendus, une tête tranchée et une main perforant les entrailles d’un adversaire, en sont quelques exemples. Saluons également la performance de Lo Lieh, qui grâce au succès européen du film se verra même offrir quelques rôles dans d’obscures productions italiennes.

La Main de Fer plus qu’un prototype du genre, est un étonnant patchwork de personnages et de situations ficelées par un montage efficace, marque de la créativité d’un des artisan sous-estimés du cinéma d’action Coréen et de Hong Kong.

La Main de Fer a été diffusé au Forum des Images (Paris), dans le cadre d’une rétrospective Chung Chang-Wah qui s’est tenue du 2 au 11 juillet 2004, et est disponible en DVD aux USA, chez EPI et PanMedia.

- Article paru le dimanche 25 juillet 2004

signé Dimitri Ianni

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