La Maison de cire
Carly Jones et ses amis sont en route pour le match de football américain le plus important de l’année ; une virée entre potes si l’on excepte la présence imposée de Nick, petit frère de Carly et voyou notoire, et de son pote trublion, rivé à son camescope numérique. Evidemment, Carly est accompagnée de son petit ami Wade, qui fait des étincelles avec Nick, mais aussi de sa copine Paige Edwards, fille légère incarnée par Paris Hilton et régalant son très binaire partenaire... un casting de choix pour un slasher, somme toute. Fatigué de rouler de nuit, le petit groupe trouve un terrain pour camper. Perturbés par la visite d’un intrus en 4x4, les ados se réveillent le lendemain pour découvrir que l’une de leurs voitures est en rade, la courroie de transmission pourtant neuve s’étant rompue. Carly et Wade, escortés par un chasseur local et quelque peu flippant, se rendent à Ambrose, bourgade voisine, pour trouver une pièce de rechange. Sur place, peu de monde ou même de choses, si ce n’est le vestige d’une gloire passée : le musée de cire de la défunte Trudy Sinclair, et ses statues criantes - ou devrait-on dire hurlantes ? - de vérité...
Dans le registre des remakes horrifiques et autres initiatives de cinéma de fin de soirée, la société Dark Castle Entertainement n’est vraiment pas ce que l’on peut trouver de pire. Animés d’honnêtes intentions lucratives, ses responsables nous ont en effet déjà offert, entre autres, les fort agréables Thir13en Ghosts, House on Haunted Hill et Ghost Ship. Un palmarès de série B des plus respectables, quand on voit le peu d’enthousiasme véritable avec lequel les majors ricaines entreprennent encore de nous offrir de quoi remplir les grilles de la fête du cinéma... House of Wax, librement inspiré du classique en 3D signé André De Toth avec Vincent Price, délaisse les jokari et autres effets de profondeur pour une simplicité toute bi-dimensionnelle : le premier long-métrage de Jaume Collet-Serra est un slasher banal dans le sens positif du terme, et c’est sans doute en cela qu’il est si sympathique.
Mise en abîme et commentaires sur un genre limité sont ici absents du menu ; la vague auto-réflexive qui a suivi l’enterrement de luxe marqué par la trilogie de Wes Craven a certainement été prise en considération par Collet-Serra, autant qu’elle a été ignorée. Car le réalisateur a en effet décidé de s’offrir un film d’épouvante dans la tradition classique, à la fois baroque et matiné de survival : un lieu travaillé (le musée), un mystère à percer (celui des enfants aperçus en pré-générique), une héroïne à sauver et une blondasse délicieuse que l’on rêve, petits pervers que nous sommes, de voir périr en beauté... Voilà qui nous renvoie à une recette foncièrement eighties, à la limite du « sex can kill », les punchlines de certains anti-héros du genre en moins. Car les méchants de House of Wax ne sont pas des rigolos, mais plutôt de bons vieux rednecks méchants, façon The Hills Have Eyes et autres classique du film du bout du monde. Ce qui vaut au film, après un début lancinant mais pas vraiment ennuyeux, de placer Elisha Cuthbert sur la voie inattendue de la torture sadique (ah, ce fort sympathique coupage de doigt...). Cool.
Evidemment, House of Wax ne met pas non plus en scène un bain de sang, pas plus qu’il n’est véritablement malsain. Mais il remplit un cahier des charges plus que suffisant de divertissement et de bonnes surprises, comme au cours de cette séquence finale étonnante et visuellement splendide, dans le musée qui porte tellement bien son nom, que ses fondations mêmes sont faites de cire. Imaginez ce qu’un tel bâtiment offre comme possibilités, dès lors qu’il est exposé aux flammes... Bref, avec quelques morts sympathiques (merci paris Hilton !), une héroïne à laquelle le public s’attache facilement grâce à ses traits conservés de fille de Jack Bauer, un héros cousu de fil blanc mais charismatique en guise de frangin vrai-faux mauvais garçon, et des bad guys efficaces soutenus par une ville fantôme qui gagne ses galons de personnage à part entière au fil de l’histoire, House of Wax fait partie des réussites discrètes de ces dernières années : il parvient à concilier refonte, classicisme et mercantilisme, avec une conception qualitative évidente du divertissement horrifique grand public.
House of Wax est fraichement disponible un peu partout pour une séance de rattrapage, en DVD et UMD.



