La Marche de Kamata
Moi je commence à en avoir marre...
...à chaque nouveau Fukasaku que je vois, je me prends une baffe. Non vraiment ça suffit maintenant. C’est de pire en pire. Et dire que ce bonhomme n’a atteint la reconnaissance "internationale" que depuis Battle Royale. C’est incompréhensible, voir à n’y rien comprendre. Bref vous l’aurez saisi, les superlatifs me manquent, tant le sieur Kinji est génialissime. Kinji... Kinji, ce prénom qui me martèle le crâne depuis L’Etrange Festival 2001. Fukasaku... Fukasaku, ce nom qui aujourd’hui est devenu synonyme de puissance cinématographique, de perfection. Kinji Fukasaku c’est l’art à l’état pur. Kamata Kôshinkyoku est un film sur le cinéma, qui parle du cinéma et de la condition d’homme/acteur.
Gin est l’un des acteurs phare d’un célèbre studio japonais. Malheureusement, comme beaucoup de stars (du monde) il est capricieux, véhément, possède un ego plus vaste que l’Australie, et traite sa petite "cour" de figurants comme des moins que rien. Parmi eux, Yasu est sans nul doute le plus dévoué à Gin. Aussi, quand ce dernier fait irruption chez lui et lui ordonne d’épouser sa petite amie Konatsu car elle est enceinte, sa décision est vite prise : il va se marier et élever l’enfant de Gin. D’abord réticente, Konatsu ne tarde pas à apprécier l’attention que lui porte constamment Yasu. Bien vite le couple illégitime devient un couple lumineux de bonheur. Yasu accepte toutes les figurations possibles et surtout imaginables ; passant de l’éventration sabresque au gunfight yakuzien dans la même heure. Tout irait pour le mieux si l’ego de Gin ne refaisait surface. En effet, se sentant mis à l’écart du tournage et délaissé par sa nouvelle petite amie, Gin tente de récupérer Konatsu. Elle refuse, et pour se venger il incite Yasu à faire la cascade du siècle, qui risque de lui coûter la vie.
Vous conviendrez que jusqu’ici, il n’y a rien d’extraordinaire dans ce scénario de Kôhei Tsuka. Mais ce qui est primordial, dans cette histoire, ce sont les rapports humains. Eh oui, encore cette humanité, toujours cette humanité. Quels liens étranges lient tous ces personnages ? Quelle est cette guerre qui fait rage au plus profond de l’homme ? Quelle force oblige un Homme à agir ainsi avec ses semblables ? Comment l’Homme peut-il se lever tous les matins et faire le mal autour de lui ? Autant de questions qui s’emmêlent entre elles et auxquelles Fukasaku n’a pas encore fini de répondre. Une réponse oui ! Kamata Kôshinkyoku est une des réponses de Kinji, une des hypothéses proposées. Peut-être une solution de bonheur, une solution pour vivre tous ensemble, dans une belle et fabuleuse harmonie de l’existence.
La volonté d’exister est justement le fil conducteur dont se sert Kinji pour étayer son argument. Volonté de la part des figurants de devenir acteurs, donc d’acquérir un visage qui pourra enfin être reconnu, et donc exister. Volonté maladroite de Gin qui souhaite rester le premier rôle du film, allant même jusqu’à se coller à la caméra, durant les prises. Il y a aussi un réel désir - émanant de Konatsu par l’intermédiaire de l’enfant qu’elle porte - d’exister en donnant la vie dans un premier temps et en aimant Yasu, par la suite. Mais tout ce petit monde n’arriverait à rien sans ce ciment que représente Yasu. C’est cette personne - si insignifiante qu’elle croît être - ce petit figurant qui va prouver à tous et surtout à nous, que la bonté doit être un devoir quotidien, envers l’Homme.
Kamata Kôshinkyoku est un film formidable, drôle, réalisé par un être exceptionnel. Moi j’en peux plus...
Kamata Kôshinkyoku est passé ce samedi 2 mars, à la Maison de le Culture du Japon, dans une copie très abimée (qui a d’ailleurs cassé) et dans une salle assez spéciale, qui ne facilite en rien la concentration. L’écran fait 2m sur 4m et est suspendu au plafond. Donc si vous vous y rendez, jetez-vous le plus vite possible tout en haut.



