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Hors-Asie

La Recrue

aka The Recruit | USA | 2002 | Un film de Roger Donaldson | Avec Al Pacino, Colin Farrell, Bridget Moynahan, Gabriel Macht, Karl Pruner

Je me suis laissée avoir. Un film avec Al Pacino (Godfather, Carlito’s Way, Insomnia), normalement, ça ne se rate pas. Et avec en prime la bonne bouille de Colin Farell (Ordinary Decent Criminal, Minority Report), pourquoi pas ? Donc, presqu’un mois après sa sortie, suite à des critiques mitigées, je me laisse tenter. Après tout j’ai le Pass, donc si c’est mauvais, y’aura pas de quoi s’énerver.

Walter Burke (un Al Pacino fatigué) est chasseur de tête pour le compte de la CIA. Il recrute James Clayton (un Colin Farell pêchu), jeune homme intelligent, rusé et fraîchement diplômé du MIT, please. Avant de faire partie des services secrets américains, celui-ci doit suivre avec d’autres élèves, l’entraînement et la formation dispensés par la CIA, dans un lieu nommée "The Farm". Deux devises : "Things are not what they seem" et "Trust no one" (ça vous rappelle quelque chose ?). James montre rapidement ses capacités et semble être le meilleur de sa promo, un avenir prometteur s’ouvre a lui. Burke lui "offre" la mission de démasquer une taupe au sein des élèves : il semblerait qu’Elena (Bridget Moynahan) ait planifié de voler un programme des fichiers de la CIA, appelé "Ice9". Mais pour le compte de qui et surtout de quelle façon, étant donné qu’imprimantes et graveurs sont interdits au sein des locaux, afin d’éviter toute reproduction de documents officiels et secrets... C’est ce que doit découvrir Clayton, qui va rapidement comprendre qu’il ne peut effectivement faire confiance à personne. La mission s’avère d’autant plus difficile qu’il est (évidemment) tombé amoureux de la jolie Elena, qu’il va devoir séduire et trahir pour parvenir à ses fins.

Finalement, malgré de l’action rythmée grâce à une bande originale efficace (beaucoup d’électronique), il n’y a pas grand-chose à dire sur ce film : décevant, déjà vu, redondant, manque d’originalité total. Je serai donc brève !

On a du mal à croire à la véracité du recrutement et de la formation, pourtant authentifiés par la CIA. La formation est cruelle et demande aux élèves une absence totale de sentiment de culpabilité. Il faut agir pour le bien du pays. Dans ce métier, si on y laisse la peau, ce n’est rien, car nous ne sommes rien ( !?!?!). Tout ce qui compte, c’est la Sécurité du pays, que les dossiers secrets soient bien gardés. Dans cette "ferme", les hommes sont déshumanisés, leurs émotions torturées, jusqu’à ce qu’ils ne ressentent plus rien. On en fait des animaux et des machines à tuer. Sinon, effectivement, ca ne serait plus "la ferme", mais "la petite maison dans la prairie", ça ferait mauvais genre.

Quelque part, le concept est intéressant, même si l’on a du mal à y croire. Mais pire que cela, si tout est bien réel, c’est effrayant. (Mais qu’est ce que je suis naïve, moi.)

Finalement on comprend peu à peu que ce film n’est rien d’autre que de la pub (pour ne pas dire de la propagande) et un beau clip (super B.O.) pour la CIA : "Est-ce qu’on choisit ce métier pour la gloire ? NON. Est-ce qu’on choisit ce métier pour l’argent ? NON. On choisit ce métier parce qu’il y a le Bien et le Mal et que nous choisissons de faire le Bien". Burke reprend quasi textuellement le discours de Bush. Nous y voilà donc, toujours aussi manichéens les américains. N’oublions pas que les jeunes recrues, une fois la formation réussie, travaillent au "George Bush Center for Intelligence" de Langley. J’en entend déjà certain qui me diront "tu exagères et tu vois le mal partout", pourtant on ne peut faire plus flagrant, et tout ceci est exaspérant.

Ce qui est réellement dommage car sans cela, le film constituait un divertissement correct pour la saison ! Mais on sait toujours à l’avance ce qu’il va se passer et le dénouement est évident. Ou plutôt à force de vouloir constamment surprendre le spectateur, trop de surprises ont tué l’intrigue. Ce film n’a même pas la carrure d’un gros blockbuster américain : trop décevant par tant pseudo-rebondissements, de stéréotypes et de déjà-vu, aucune originalité n’émane du scénario trop linéaire. Le coup du héros manipulé dans tous les sens, on en a déjà soupé. On regrettera un Al Pacino trop agaçant dans la peau du personnage sûr de lui qui sait toujours tout mieux que tout le monde. Colin Farell lui vole facilement la vedette, et tire mieux son épingle du jeu, étant beaucoup moins figé et plus spontané. Al Pacino a décidement bien du mal à se renouveler, identique dans tous ses rôles au moins depuis Heat, voire Carlito’s Way (deux films que j’adore pourtant). Et la fille ne sert pas à grand chose. Enfin, il en fallait bien une j’imagine. Pfffff !!!

Dans le même genre, il paraît que The Bourne Identity est beaucoup mieux (je ne sais pas, je ne l’ai pas vu). Pour de l’espionnage, je pense que Spy Games est mortel à côté ! Et pour "Trust no one" : X-Files, c’est mieux, et on y croit beaucoup plus !!!

Si vous n’aviez pas encore vu The Recruit, attendez qu’il passe à la télé, c’est tout à fait digne du film du dimanche soir. Décidement l’été, on n’est pas gâté au ciné. Enfin, heureusement qu’il y a It’s all about love de Thomas Vinterberg, allez voir ça plûtot, ainsi que Noi Albinoi de Dagur Kari.

La Recrue est sortie sur les écrans français le 11 juin 2003.

- Article paru le lundi 14 juillet 2003

signé Sadako

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