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Hors-Asie

La Sirène rouge

France | 2002 | Un film de Olivier Megaton | Avec Jean-Marc Barr, Alexandra Negrao, Asia Argento, Frances Barber, Andrew Tiernan, Edouard Montoute, Vernon Dobtcheff, Johan Leysen, Jean-Christophe Bouvet

Voilà un trait de caractère que je regrette fortement : cette propension fâcheuse à laisser quelques a priori m’écarter d’une projection en salle... surtout en ce qui concerne les films français. La fille sur le pont, Nid de guêpes... je ne compte plus les œuvres "locales" découvertes dans le confort douillet d’un home cinema, que j’aurais gagné à découvrir sur grand écran. Aujourd’hui, c’est la seconde réalisation d’Olivier Megaton (Exit) que je rajoute à cette trop longue liste - à savoir l’adaptation du premier roman de Maurice G. Dantec : La Sirène rouge.

Pour ceux qui ne la connaîtrait pas, voici un résumé de l’histoire de cette première œuvre de celui par qui la révolution littéraire moderne arrive à grand pas... Un beau jour, Alice (Alexandra Negrao) se rend à la Préfecture de Police, demande à rencontrer l’inspecteur Anita Staro (Asia Argento). Face à la jeune femme, Alice prétend avoir un meurtre à déclarer. La victime ? Sa "nounou". La coupable ? Sa mère, Eva Kristensen (Frances Barber). Une preuve ? Le DVD d’une exécution... à la tronçonneuse. Anita est retournée, n’a pas besoin d’attendre l’analyse des experts pour croire la petite Alice ; lorsqu’elle se rend chez la mère cependant, et inspecte le supposé lieu du crime sans mandat, Anita rentre bredouille. L’inspecteur est destituée de l’affaire ; une décision qui ne plait guère à Alice, laquelle s’enfuit de la préfecture - pour être aussitôt prise en chasse par les hommes de main de sa mère. C’est au cours de la poursuite qui suit, qu’Alice se retrouve dans le coffre de la voiture d’Hugo - Hugo Cornélius Toorop est son nom complet - (Jean-Marc Barr), mercenaire à la solde des Colonnes Liberty Bell. Contre toute attente, le tueur désabusé accepte d’accompagner Alice au Portugal, où la jeune fille espère retrouver la trace de son père disparu...

En tant qu’admirateur de l’œuvre de Dantec, je dois bien avouer que, des trois romans qui m’ont été donnés de lire jusqu’ici (puisqu’il me faut encore attaquer Villa Vortex), La Sirène rouge est celui qui m’a le moins impressionné. Contrairement aux Racines du mal ou au chamboulement formel qu’est Babylon Babies en effet, la virtuosité de l’auteur y est mise au service d’une histoire par bien des aspects trop simple et familière (la ressemblance avec celle du Léon de Luc Besson est aussi régulièrement avancée qu’évidente). Néanmoins, on y découvre l’un des deux personnages directeurs de l’œuvre de Dantec, Toorop - l’autre étant le Darquandier des Racines du mal -, et surtout les prémisses de son style si particulier, notamment en matière de logique de narration. Chez Dantec, le temps est éclaté, les schémas littéraires classiques souvent inversés, les collisions construites mais pas toujours traitées, le hors-champ souvent siège d’une action tandis que le champ est quant à lui à peine esquissé, généralement admis et/ou induit (le "centre" de Babylon Babies en est une surprenante illustration).

Si La Sirène rouge revu et corrigé par Olivier Megaton, est une réussite à mes yeux, c’est certainement parce que j’y retrouve cette même déliquescence de la structure narrative. Ainsi le rythme de l’action est-il celui d’un oscillateur parfaitement irrégulier, tour à tour rapide et lent, tandis que son sujet peut-être au choix pertinent ou redondant - et ce sans période ou amplitude déterminées : ce qui pourrait au premier abord, tenir lieu d’imperfection cinématographique, ressemble en réalité à s’y méprendre à l’écriture de Dantec. Je comprendrais bien entendu que certains spectateurs s’en énervent, et c’est peut-être le "second tranchant" de cette adaptation - le premier étant son appréciable fidélité, qui ne se contente pas d’être "factuelle" (même si, en dehors de quelques modifications, elle l’est aussi). Pour ma part, la vision de cette version live de La Sirène rouge a été un grand moment de satisfaction : je me suis réellement senti immergé dans une histoire certes simple mais à laquelle on ne s’habitue pas, la routine étant impossible au milieu d’une telle "arythmie". De plus, il est évident qu’Olivier Megaton maîtrise non seulement son sujet mais aussi les outils mis à sa disposition : d’un simple point de vue technique, ce second long-métrage est parfaitement irréprochable, d’une très grande richesse cinématographique. Le casting enfin est excellent, de Jean-Marc Barr en Toorop crédible - à cette phase de son "évolution" tout au moins - à la jeune (et jolie ;-) Alexandra Negrao en Alice au Pays des Horreurs, en passant par la prestation redoutablement perverse de Frances Barber et la présence toujours bienvenue d’Asia Argento ( soupir )... aucun faux pas de ce côté-là non plus.

Non vraiment, je n’ai aucun reproche à faire à cette adaptation du premier roman de Dantec ; ce qui ne veut pas dire qu’elle est exempte de défauts. Ceux-ci cependant, sont uniquement ceux qu’elle a hérité du "matériau" originel - ce qui est ma foi relativement difficile à critiquer... La Sirène rouge le film souffre donc de la même faiblesse de contenu que La Sirène rouge le livre ; l’ambiance et le rythme particuliers de ce dernier, si intelligemment restitués par la mise en scène d’Olivier Megaton, en font cependant un tout aussi bon polar.

La Sirène rouge est sorti sur les écrans français le 21 août 2002... et est disponible depuis peu dans une sublime édition double DVD chez Studio Canal ("collector" donc... mais pas forcément en vente chez votre marchand de journaux ;-) Non contente d’être ras la gueule en suppléments, elle se voit de plus enrichie de la bande originale du film en CD. Une séance de rattrapage de luxe, en quelque sorte !

- Article paru le mardi 13 mai 2003

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