La véritable histoire de Wong Fei Hung + L’héroïne rouge
La Chine à Chaillot aura été l’occasion de voir quelques raretés, et parmi celles-ci plusieurs films d’arts martiaux. Certains fameux comme le premier épisode de la série des Wong Fei Hung, mais également des serials moins connus et qui devraient le rester comme L’héroïne rouge.
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La véritable histoire de Wong Fei Hung est le premier épisode d’une série de plusieurs dizaines (les chiffres varient selon les sources, certains évoquent 99, d’autres 80) qui va perdurer jusqu’en 1969. Le rôle titre est interprété par Kwan Tak Hing, acteur formé à l’opéra cantonnais et lui-même artiste martial.
Cet épisode est scindé en deux histoires. Dans la première, Wong Fei Hung, fidèle à sa philosophie d’utiliser son art martial seulement en dernier ressort, va vainement tenter de parlementer avec les bandits qui ont enlevé une pharmacienne. Blessé au cours de son affrontement avec cette bande, il ne doit son salut qu’à une jeune courtisane qui tombe amoureuse de lui. Dans la deuxième partie, il s’oppose à un autre maître qui lui a manqué de respect.
Si l’objet de la série est le divertissement, les épisodes sont également l’occasion des présenter des techniques de kung fu. Dans celui présenté à Chaillot, un des élèves de maître Hung fait ainsi la démonstration d’un tao devant le chef de la police. Dans le même ordre d’idée, La véritable histoire de Wong Fei Hung débute sur une danse des lions filmée en longueur, spécialitée de maître Hung et de Kwan Tak Hing.
Là où le bât blesse, c’est dans la mise en scène et le montage des combats qui sont mous du genou. Filmés en plan séquence, ceux-ci ressemblent à des simulations de combats lors des démonstrations d’arts martiaux pratiquées dans les clubs d’amateurs (je ne parle pas des qualités des techniques martiales des acteurs que je ne suis pas à même de juger). Les acteurs font pourtant des efforts. Ainsi, le combat de Wong Fei Hung dans un escalier alors que plusieurs ennemis s’acharnent à sa perte est une des meilleures scènes du film. Les acteurs se livrent même à quelques acrobaties, poussant gracieusement la rambarde de l’escalier avant d’aller s’écraser lourdement sur le sol. Toutefois, même cette scène n’est pas à la hauteur de celles, similaires présentes dans les films de cape et d’épée en occident réalisées avant 1949.
Au final, l’intérêt de la La véritable histoire de Wong Fei Hung réside plus du point de vue de l’histoire du cinéma de kung fu, que de la qualité du film lui même.
Bizarrement, le "teaser" pour la seconde partie à la fin de la première pourrait constituer la partie du film la plus attrayante pour le spectateur actuel. Des scènes de combat entre Wong Fei Hung et le maître corrompu sont présentées dans un montage qui les rend très dynamique...
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L’héroïne rouge est le sixième épisode, et le seul encore disponible, d’une série de 13. Dans un village coincé entre deux armées, des soldats répandent la terreur. Au cours de la fuite des villageois, un mystérieux ermite (à tête de Yeti !) sauve une jeune fille sur le point d’être emmenée par les soldats. Après avoir été formée aux arts martiaux, elles va revenir secourir sa famille et son village...
Ce film présenté à l’origine teinté en rouge ne représente que peu d’intérêt. Nous sommes encore véritablement dans la préhistoire de la représentation du combat au cinéma. On ne dépasse pas le stade du croche pied. Toutefois malgré une intrigue qui s’étire en longueur, ce long métrage contient au moins une curiosité. Mis à part cet ermite à tête de Yeti, véritable deus ex-machina, on peut en effet noter la présence d’une dame d’épées volantes.
Diffusé à la Cinémathèque Française (Paris) dans le cadre de la rétrospective "La Chine à Chaillot en 100 films".
