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Japon | Animation

Le château ambulant

aka Hauru no Ugoku Shiro - Howl’s Moving Castle | Japon | 2004 | Un film de Hayao Miyazaki | Produit par le Studio Ghibli

Si l’on écoute Disney et ses têtes pensantes, la 2D n’a plus lieu d’être. Pour eux désormais, ce que nos chères têtes blondes veulent corps et âmes, c’est de la 3D !!! Rien d’autre. Une telle vision des choses porte à se poser des questions sur ce que l’animation représente pour ces businessmen. L’animation sans cœur ni passion, et surtout une grosse dose de talents, est une entreprise vaine. Disney s’entête à ne pas le comprendre ; heureusement pour nous Ghibli est là pour sauver nos pauvres âmes.

Tout comme un super héros avide de sauver des cohortes de jeunes spectateurs de l’apauvrissement cinématographique de tonton Walt, Hayao Miyazaki revient sur le ring avec son nouveau coup spécial : Le château ambulant. Adapté du roman de Diana Wynne Jones, Le château ambulant (Howl’s Moving Castle), de par son univers fourmillant de traits d’imagination incroyables (le mot est faible !!!), et son apparente construction décousue, est une oeuvre déroutante, où Miyazaki nous émerveille une fois de plus.

Du roman de Diana Wynne Jones, Hayao Miyazaki n’a retenu que l’essentiel, pour assez vite partir sur des sentiers ouvertement Miyazakien. La rencontre de Sophie avec Hauru, le magicien du château ambulant, et l’histoire d’amour qui va peu à peu unir ces deux êtres sont faites avec une telle finesse et drôlerie que l’on ne peut être qu’admiratif devant un tel travail d’orfèvre. Vu au premier degré, le film de Miyazaki a tout du grand classique (chef-d’œuvre instantané pour certains, film le moins fort et personnel de l’auteur pour d’autres... le débat n’est pas prêt de cesser). A vrai dire, au-delà de son aspect grand public, ce film est une réflexion excessivement bien vue sur la vieillesse et la vision du monde que peuvent avoir nos aïeuls. Les propres mots du maître en parlant de son film étaient : « Peut il y avoir une animation pour les vieilles personnes ? Avec ce film, je tente de donner une réponse ». Le personnage de Sophie découvrira que la réponse réside dans le fait de profiter de chaque instant qui passe à 100%, afin de ne rien regretter une fois la vieillesse venue. Certes certains ont déjà mis la théorie du carpe diem en images bien avant ce film, mais voir Miyazaki s’y attaquer à son tour est le genre d’offre qu’on ne refuse pas.

L’une des grandes forces du film, et que beaucoup de productions tendent à négliger de plus en plus, est qu’avant tout pour que l’histoire fonctionne, le public doit pouvoir se raccrocher aux personnages avec qui on le met en présence. Une tâche dont ce film s’acquitte avec une facilité déconcertante : de Calcifer (le démon du feu) à l’épouvantail qui sera le guide de Sophie pendant une partie du film, tout est parfait. Ils ont beau être en 2D, tous les personnages ont la dimension de personnages... en 3 dimensions. Ils sont vivants, on s’attache à eux, à leurs joies et à leurs peines. Le bestiaire "ghiblesque" se voit même adjoint d’un nouveau pensionnaire en la personne de Hinn, le vieux chien dont la trogne désabusée et tellement drôle vous donnera envie de chercher directement sa peluche, quitte à aller de l’autre côté de l’océan pour la trouver. Et c’est justement de l’autre côté de l’océan qu’il va falloir aller pour continuer l’aventure magique du château ambulant. En effet le producteur du film envisage de faire perdurer l’univers magique du château au travers d’un spectacle (uniquement au Japon !!! Arfff que le monde est cruel !), lors d’une centaine de représentations qui à mon avis seront très vite complètes.

Un tel film pourrait entraîner des heures et des heures d’intenses débats ; mais la plus simple chose que l’on puisse dire reste quand même : Merci monsieur Miyazaki de nous ouvrir une fois de plus une porte sur votre imaginaire si magnifique. Merci de prendre en compte que, lorsque le public se sent aimé, il le rend au centuple. Merci pour tout, et vivement la prochaine fois pour une nouvelle claque monumental. Des claques comme ça j’en redemande de façon journalière...

Le château ambulant est sorti sur les écrans français le 12 janvier 2005.

- Article paru le dimanche 23 janvier 2005

signé Marcus Burnett

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