Le silence des pierres sacrées
Le Silence des pierres sacrées a pour particularité d’être le premier film contemporain écrit, filmé, réalisé et produit par des tibétains. L’action se déroule dans la province chinoise du Qinghai, au nord est du Tibet, où vivent des communautés tibétaines.
La nouvelle année approche et le petit Lama va quitter le village monastère pour aller retrouver sa famille pendant quelques jours. Il est fasciné par la télévision possédée par Bouddha Vivant, son cadet. Heureusement pour lui, un de ses frères parti travailler en ville, a acheté à ses parents une télévision et un lecteur de VCD. Une fois revenu chez lui, le seul désir du jeune Lama est de regarder une série appelée « Pèlerinage à l’ouest », qui raconte les aventures de Sun Wu Kong, le Roi des Singes.
Le réalisateur, Wanma Caidan, utilise uniquement des plans fixes dans ce film. Sans doute la méthode idéale pour obtenir la meilleure performance possible de la part d’acteurs non professionnels, qui n’ont pas à se soucier de l’emplacement la caméra. Il doivent simplement se comporter normalement.
En raison de son statut de religieux, le petit Lama occupe une place à part dans cette communauté villageoise. Mais comme le quasi divin Bouddha Vivant, les deux Lamas restent avant tout des enfants. En échange d’un jeu d’osselets de couleurs, le petit bouddha fera usage de son influence auprès du grand lama pour qu’ils regardent la télévision pendant quelques minutes. Cette opposition entre le sérieux de la religion et ces comportements enfantins apporte une fraîcheur et des touches d’humour au film.
Sous ses aspects légers, Le Silence des pierres sacrées aborde un sujet très sérieux : le risque d’effacement progressif de la culture tibétaine. Wanma Caidan ne dénonce pas une campagne politique, comme les autorités chinoises en ont mis en œuvre, mais l’évolution du comportement des tibétains qui met en péril leur culture.
Un des aînés de la famille du Lama s’occupe encore du spectacle d’opéra organisé par la troupe du village, mais cette représentation gratuite n’attire que les personnes âgées à l’exception d’une jeune ivrogne ! La nouvelle génération préfère payer pour visionner des films de Hong Kong en vidéo sur une mauvaise télé. Le plus jeune frère du Lama juge carrément superflu la connaissance de la langue tibétaine. La maîtrise du chinois est suffisante, explique-t-il, pour aller gagner de l’argent en ville. Il promet à son frère religieux d’utiliser une partie de cette argent pour lui acheter une télévision et un lecteur de VCD !
Si les tibétains n’y prennent pas garde, leur culture va progressivement disparaître. Cette situation est résumée par le sort du tailleur de pierres, qui travaille à l’écart du village dans la montagne. Son fils est parti travailler en ville et ne lui succède pas après sa mort. Dernier tailleur du village, plus personne ne pourra désormais graver des sutras à destination des divinités.
Le silence des pierres sacrées a été présenté aussi bien au cours du deuxième festival du film chinois de Paris en mars 2006, que lors de l’édition 2005 du Festival des 3 Continents à Nantes.




