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Taiwan | Animation

Legend of the Sacred Stone

Taiwan | 2000 | Un film de Chris Huang (Huang Chun Hwa) | Avec... des marionnettes !

Alors que certaines compagnies se sacrifient pour livrer des films en images de synthèse quasiment photoréalistes (pour ne pas citer ces foux furieux et géniaux de Square), d’aucunes exploitent "autrement" les possibilités offertes par les nouvelles technologies...
Dans un monde où la CGI (Computer Generated Imagery) a presque définitivement anéanti les effets dits "de plateau", Legend of the Sacred Stone fait figure paradoxale de film à la fois pionnier et traditionnel. D’une part, il est ancré dans la plus grande tradition chinoise car les héros du film ne sont autres que des marionnettes. D’un autre côté, c’est un film aux effets-spéciaux impeccables, utilisés comme il se doit : à savoir de façon complémentaire aux techniques les plus anciennes du cinéma, et à cet art incroyable que constitue l’animation des marionnettes Taiwanaises. Le résultat, espèce de modèle de réduit d’un Zu, Les Guerriers de la Montagne Magique, est aussi magique que raffraichissant...

Le Seigneur Jian du village de Ming-Jian vit en reclus avec sa fille après un combat perdu contre des forces démoniaques qui lui a couté la majorité de sa famille, ses amis, mais aussi son visage... Affreusement défiguré et animé d’une haine implacable, l’ancien Seigneur recherche une Pierre Sacrée (Heaven Stone), capable d’accorder n’importe quel voeux - au prix de la vie de celui qui le fait. Le noble guerrier Su Huan-Jen (White Lotus), accompagné de Hsiao Hong-Chen et Su Huan-Jen - tous trois des épéistes et artistes martiaux légendaires - vont se retrouver malgré eux impliqués dans le plan machiavélique de Jian, prêt à tout pour prendre sa revanche sur le monde. Pour compliquer un peu plus l’aventure, d’horribles créatures au service de Mo-Kui - un démon immobilisé par White Lotus et ses guerriers au début de l’histoire - sont aussi à la poursuite de la Pierre Sacrée, et parsèment leur chemin de cadavres innocents...

Mon Dieu mais qu’est-ce que ce film est beau et impressionnant !
Le ton est donné dés les premières images du film, travelling superbe au milieu de hauteurs rocailleuses qui renvoie directement à l’ouverture d’un certain Legend of Zu... Des couleurs incroyables, une intégration sans faille d’une pléthore de marionnettes - et ce premier combat qui commence sous nos yeux.
Avec de simples marionnettes traditionnelles, qui ne comptent pourtant que très peu de points d’articulation véritables et sont principalement "molles" (en dehors des mains et de la tête), l’équipe de la compagnie Pili Pictures parvient à réaliser l’impossible : rendre crédible un combat de marionnettes qui n’a rien à envier à ceux de The Blade ou Bichunmoo. Les héros volent dans les airs, tournoient sur eux-mêmes, volent sur la lame de leurs épées et s’envoient des coups spéciaux fulgurants, le tout à un rythme effrenné. La réalisation colle de très près aux personnages, et il n’y a rien qui trahit l’échelle à laquelle se déroule l’action. Pour peu, on serait presque tenté de croire que les personnages sont en réalité des humains déguisés ! Mais il n’en est rien...

Si leurs visages sont extrèmement figés (les plus animés peuvent seulement cligner des yeux et bouger la bouche de façon presque imperceptible), les marionnettes parviennent à prendre vie grâce à un très grand travail sur les mouvement du buste et des avants bras. Les jeux de jambes ont fait l’objet d’une attention toute particulière, réalisés en très gros plan à l’aide de portions de marionnettes, et le montage relie les différentes techniques de façon très efficace. Là-dessus viennent se greffer des effets spéciaux de très haut niveau (les Taiwanais seraient donc bien plus en avance que les hongkongais dans ce domaine), qui vont de la simple intégration dans un décor virtuel aux effets "à la Matrix" en tous genres.

Le rythme du film est semblable à celui des ses semblables "live" : de très grosses scènes d’action sont alternées avec de longues scènes de réflexion, de conflits de pouvoir ou amoureux. C’est d’ailleurs dans ces scènes "calmes" qu’intervient le seul point négatif de Legend of the Sacred Stone : le doublage trop plat des personnages. Les protagonistes les plus jeunes notamment ont des voix proprement insupportables (des hommes adultes qui tentent de passer pour des jeunes filles par exemple). Je signale ce point car il est étonnant de constater un tel défaut - presque de l’amateurisme - là où tout le reste frôle la perfection ; le reste de la bande-son étant par ailleurs très dynamique, puissant et travaillé.

Les scènes en plein jour trahissent un peu plus que celles qui se déroulent de nuit la taille des marionnettes - mais c’est tout de même au cours de l’une de celles-ci que nous avons droit à un morceau d’anthologie, avec la mort de l’un des combattants aux mains des fascinants démons, espèces de faucheuses qui font penser à des nonnes démoniaques tout droit sorties du Couvent de Mike Mendez. Une scène sanglante et magnifique, et surtout très "adulte", comme il y en a plusieurs - très graphiques - tout au long de Legend of the Sacred Stone, qui s’affirme donc comme un spectacle "tout public" étonnant, qui ravira tous les fans de Wu Xia-Pian, nostalgiques d’un genre aujourd’hui disparu.

Legend of the Sacred Stone est disponible en DVD taiwanais chez Deltamac dans un coffret luxueux avec deux disques. L’image est très belle et la bande-son 5.1 riche en effets. Seul défaut, inexpliquable, la dernière demi-heure du film reportée sur le second DVD...
En supplément, on retrouve un making-of très intéressant et les bandes-annonces d’autres productions Pili que nous ne verrons certainement pas de si tôt...
Ce coffret ne comporte bien sûr aucun sous-titres...

- Article paru le mercredi 28 août 2002

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