Les Chevaliers du ciel
22 millions d’euros, le pus gros budget français de l’année, honnêtement cela valait bien la peine que je me sacrifie pour aller voir Les Chevaliers du ciel. Cela faisait longtemps que je n’avais pas pris de risque de bouse cinématographique. Et pour être sincère, mon petit côté malade de la tête avait envie de ça. Alors, Les Chevaliers du ciel aussi intolérable que Michel Vaillant, encore plus pitoyable que Furtif ?
Il y a près de 20 ans les USA nous gratifiaient de Top Gun, monument à la gloire de l’US Navy et qui nous montraient ô combien c’était cool d’être pilote et de zigouiller du ruskoff. 20 ans plus tard le film a pris des rides mais le concept reste toujours exploitable dans la tête des producteurs. Résultat des courses, nous voici donc avec notre Top Gun à la française. Ca aurait pu être 1 000 fois pire : la dernière adaptation d’une bande dessinée française (Michel Vaillant) m’avait laissé des sueurs froides. Celle-ci par contre a le pouvoir de laisser dubitatif. Comment avec autant de pognon peut-on accoucher de quelque chose d’aussi anti-dramatique ? Le film est dénué de tout enjeu, tout est cousu de fil blanc et rien n’étonne vraiment lors des retournements de situation que l’on voit venir à des kilomètres à la ronde. Mais alors que reste-t-il pour nous autres pauvres spectateurs avides de sensations... et bien il reste les chevaliers du ciel justement, à savoir Magimel et Cornillac. Deux très bons acteurs qui ici se font plaisir à fond les manettes.
Essayer de définir Magimel dans le rôle du pilote "bogosse" qui se la pête équivaudrait à imaginer Don Diego de la Vega troquant Tornado contre un Mirage. Tout y est : la petite moustache bien taillée, le sourire 44, le clin d’œil qui fait grimper le taux de bogossité à l’écran... arfff c’est écoeurant, il sort tout l’attirail et réussit presque à nous faire croire qu’être pilote de l’Armée de l’air c’est trop cool. C’est vrai quoi, un seul sourire et les nanas tombent à la pelle. Il faut dire que le côté carton-pâte de son rôle lui donne toute latitude pour partir en vrille et s’en donner à cœur joie.
Et dans ce domaine Cornillac ne se prive pas non plus. Et il faut le reconnaître, le bonhomme est bon au naturel et diaboliquement bon quand il décide de se faire plaisir. Comble de la chose ici, il nous fait aussi plaisir. N’y allons pas par quatre chemins, son rôle n’est pas plus épais que celui de Magimel. Et pourtant, et pourtant... il réussit à faire vivre ce qui à priori n’existait quasiment déjà plus à l’origine sur le scénario. Son personnage de bon pôte légèrement obsédé mais toujours prêt à prendre le manche pour s’envoyer en l’air (dans tous les sens du terme...) est plus que sympathique à l’écran.
Malheureusement de la sympathie on ne peut en éprouver à l’encontre de Philippe Toretton, qui livre ici une performance digne d’un Francis Huster dans Zodiaque. Du genre "dans la famille je paye mes impôts je demande Monsieur Torreton"... Statiques, monotones et profondément chiantes, chacune de ses apparitions à l’écran vous offrira un échantillon de la douleur la plus atroce qui soit...
Mais au-delà des acteurs, que serait le film sans les gros navions qui volent... Ce ne serait sans doute pas la gigantesque pub vivante pour la campagne de recrutement 2006 de l’Armée de l’air. Furtif était une daube sans nom mais chacune des séquences en avion déchiraient profondément ce qui se faisait dans le domaine. Ici, malgré l’ampleur du budget pour un film français, on reste sur sa faim. Les effets spéciaux quand ils sont là alternent le pire et le meilleur. Quand à ce qui est des images en live, elles laissent un goût de stock shot directement pris dans les bases de données de l’Armée de l’air. Alors certes, tout cela est loin d’être moche et filmé en dépit du bon sens, mais il manque quand même ce petit grain de folie qui ferait passer tout cela dans la catégorie du grand spectacle populaire. Car pour l’instant on a plus l’impression d’un gentil télefilm de luxe que d’un grand moment de spectacle pop corn à la française.
Les Chevaliers du ciel est sorti sur nos écrans le 9 novembre 2005.



