Les Filles du botaniste
Pour tout dire, il y avait longtemps que je n’étais pas allé voir un film asiatique, et pour mon redémarrage, j’ai été déçu. Enfin, quand je dis déçu... je devrais dire catastrophé.
Rien à sauver, ou presque, dans ces Filles du botaniste, que je ne peux que qualifier d’indigent. Pour qu’on ne me traite pas (abusivement) de méchant anti-Dai Sijie - après tout, ce pourrait être la cause de mon appréciation négative sur le film - je dirai que, sans l’avoir adoré, j’avais plutôt apprécié Balzac et la petite tailleuse chinoise. Au moins ce film avait-il un sujet original, des personnages attachants ou dont, du moins, on se souciait du sort.
Dans le nouvel opus du cinéaste chinois, néant, rien de nouveau, rien d’intéressant, des personnages caricaturaux et, ce qui a le don de m’exaspérer, une photographie bâclée, sale, repoussante. C’est dommage car la réalisation, le découpage des plans, la prise de vue sont, eux, beaucoup plus accortes.
Et voilà : moi qui m’étais dit que j’allais démonter complètement un film qui m’a franchement irrité (et que je n’ai vu en entier que parce que je m’étais promis de faire mon retour sur Sancho que j’ai abandonné depuis bien trop longtemps), j’arrive encore à lui trouver un aspect positif. Evidemment, cette qualité de réalisation n’est pas suffisante pour m’inciter à vous conseiller d’aller voir le film : je m’y suis bien trop ennuyé pour vous infliger ce pensum. C’est aussi la raison pour laquelle je ne m’attarderai pas trop à écrire ces lignes : je vous ferai grâce d’un trop long compte-rendu de ce que j’estime être un ratage, un naufrage complet.
Si je conspue la prévisibilité de l’argument, on pourra m’arguer que le film se situe à l’époque maoïste et qu’évidemment on sait déjà quelle était la situation de la Chine à ce moment-là, ainsi que la manière dont était envisagée l’homosexualité. Je suis d’accord : il y avait peu de potentiel de surprise sur le fond, Dai Sijie n’a pas pu faire autrement que de raconter une histoire qui se finit mal (oups ! est-ce un spoiler ?) ; encore aurait-il pu le faire d’une manière mieux dégrossie. Au lieu de ça, il nous assène des situations déjà vues mille fois, attendues, donc, et mièvres. Memento Mori, des Coréens Tae-Yong Kim et Kyu-Dong Min, sans être un film sur l’homosexualité, en parlait avec beaucoup plus de finesse.
Le problème, en fait, est là : le film se contente d’être centré sur l’homosexualité de ses deux personnages principaux, sans réellement élargir le propos (malgré des tentatives formelles, comme le mariage de Min-Li). Dans des films au sujet approchant, comme Fucking Amal du Suédois Lukas Moodysson, voire dans une moindre mesure le Tabou d’Oshima - l’homosexualité étant tout de même, dans ce dernier, la raison d’être du film - le scénariste et donc le réalisateur ne limitent pas leur champ d’action, ils en étudient les répercussions sur l’environnement : la famille et les camarades de classe pour le Suédois, la communauté shogun pour le Japonais, ce qui rendait l’histoire beaucoup plus intéressante, en permettant d’éviter l’unidimensionnalité auquel se cantonne le Chinois.
Chez Dai Sijie, rien de tout cela en effet, si ce n’est la fin brutale, qui révèle la réaction de la société dans son ensemble, après celle du botaniste lui-même. Ce léger relief, à l’image de l’île du botaniste émergeant des flots paresseux du fleuve, ne sauve néanmoins pas le reste du film. Les derniers plans rajoutent même une couche de sensiblerie (du style « amantes éternelles », mais sans la passion que ces termes peuvent, dans d’autres œuvres, recouvrir) qui vous achève, et vous fait douter d’aller voir les prochains films de Dai Sijie.
Les Filles du botaniste est sorti sur nos écrans le 26 avril 2006.



