Les Ruines
Mala hierba.
Amy et Stacy sont les meilleures amies du monde, en vacances au Mexique avec leurs hommes respectifs, Jeff et Eric. Si ce dernier s’accommode parfaitement de journées passées à la piscine de leur hôtel, Jeff s’offrirait bien une minute culturelle avant de rentrer au bercail. Ça tombe bien : Matthias, allemand de son état qui reluque les jolies minettes, prépare justement une expédition le lendemain avec des grecs festifs, pour aller rejoindre son frangin sur le site des ruines d’un temple maya, tellement secret qu’il ne figure sur aucunes cartes. Une soirée de beuverie plus tard, le petit groupe s’enfonce dans la jungle, en taxi, à pied, sans réseau 3G et au son des complaintes d’Amy. Pourtant le temple vaut le coup d’œil ; si seulement les indigènes leur avaient laissé le temps d’en profiter, plutôt que d’abattre l’un des leurs sous leurs yeux, vociférant quelque avertissement... Heureusement Jeff, le cerveau du lot – il veut être médecin – ne tarde pas à comprendre que, pour une raison ou une autre, leurs agresseurs craignent l’édifice de pierre sur lequel le groupe se réfugie, pris au piège. Ils y découvrent les cadavres du frère de Matthias et de sa copine archéologue, et Matthias lui-même ne tarde pas à se briser le dos en tentant de descendre au cœur du temple, répondant à la promesse d’une sonnerie de téléphone portable. Et tout autour d’eux, une vigne fortement urticante recouvre chaque pierre de ce vestige d’une civilisation disparue. Une plante pour le moins... intrusive...
Qui sait, Scott Smith, auteur du livre qui a inspiré son homonyme de réalisateur, est peut-être simplement un fan d’Evil Dead, pointilleux à souhait, qui a tenu a rendre un hommage de taille aux branches coquines de l’opera prima de Sam Raimi ? Toujours est-il que le pitch ecolo-horrifique de The Ruins d’une certaine façon, tient la route autant qu’il surprend. Clair et concis, le film va à l’essentiel (comme le prouve la première exécution, d’une sécheresse redoutable) et en tait donc beaucoup, nous susurrant je crois, que nous tenons là le responsable de l’extinction d’une civilisation, tout autant qu’il esquisse la revanche de la nature sur une humanité versée dans la communication technologico-factice et non recyclable à grande échelle. En gros : vous l’avez pas volé les filles, et si les mayas s’en sont pas sortis, il n’y a pas de raison que vous soyez plus malines.
Je dis les filles hein, parce que c’est sur elles que Smith et Smith (et moi, aussi) portent leur attention, pas seulement parce qu’elles sont charmantes – Laura Ramsey, surtout – mais avant tout parce que, dans ce monde de testostérone, elles sont fragiles comme il faut, maladroites et irresponsables ; et participent à précipiter ce petit groupe d’adolescents vers une fin funeste. Surtout, elles sont un terrain idéal de scarification, d’entailles et autres jeux de couteaux, pour débusquer le végétal vorace qui s’approprie le corps de Stacy. Un prétexte habile, entre le fantastique et la folie, à une déferlante contrôlée et volontaire de torture porn, où l’amputation bricolée du compagnon germanique, avec un couteau de cuisine, un caillou et une poêle à frire, tient bien évidemment salement la tête du peloton.
Globalement donc, The Ruins est un habile film d’horreur vert, tiré vers le haut par une dynamique humaine particulièrement ravageuse. Pourtant il y a bien un bémol ou deux ; et ce même si l’on est prêt à passer sur le coup des fleurs qui imitent, en faisant vibrer leurs stigmates et autres anthères, une sonnerie de téléphone portable pour piéger le quidam. Pourtant pas difficile, je n’ai en effet pas pu m’empêcher de me demander, tout au long du film, pourquoi les gosses ou les indigènes ne mettaient pas le feu à toute cette verdure, avec leurs allumettes et leurs torches ?!? Parce que The Ruins n’existerait pas, me dites-vous ? Soit. Restons-en, alors, aux aspects positifs de cette crasse, brutale, infanticide (si si), originale et sympathique série B.
Sorti sur nos écrans en juin 2008, The Ruins est arrivé en petite galette dans nos bacs un petit mois avant la frangipane.