Love Undercover
Je suis un peu comme ça, moi : dès que je flashe sur un réalisateur, un acteur ou une actrice, je me débrouille pour voir tous ses films le plus rapidement possible. Un petit peu en retard par rapport au reste de la planète HK, je l’avoue, j’ai découvert Miriam Yeung avec le Dry Wood Fierce Fire de Wilson Yip - et quelle découverte ! Une frimousse excellente, une voix inhabituelle, un humour non-sensique merveilleux... bref une présence qui, à coup sûr, rend un film agréable. Ce n’est pas la vision de Love Undercover qui me fera changer d’avis...
Kuen (Miriam) est loin de mériter de rentrer dans les rangs de la police HK : pas un seul test significatif qu’elle ait réussi à passer avec une note supérieure à E. Pourtant, les forces de l’ordre ont besoin de recrues, et Kuen obtient son diplôme. Sa première affectation : le bureau des objets trouvés. Kuen passe sa journée à attendre que le temps passe, son unique collègue aux allures peu féminines étant peu bavarde. Face à elle défilent les membres du Serious Crime Unit (je ne le connaissais pas celui-là...), qui ne font guère attention à la jeune femme - jusqu’au jour où ils ont besoin qu’une demoiselle parte undercover. Etrangement, c’est Kuen que le chef du SCU vient chercher : une fille sans attache, sans famille, sans petit ami, pas belle mais qui fait un peu pitié - pour résumer, quelqu’un qui ne fera jamais défaut à Hong-Kong... c’est pas très sympa, mais au moins ça sort Kuen de l’ennui, le temps d’une journée. Sa mission : se faire passer pour une serveuse, et placer adroitement une bouteille de ketchup - avec un micro caché à l’intérieur - pour faciliter l’espionnage d’un dénomé Hoi (Daniel Wu), que la police soupçonne d’être un membre des triades. La situation se complique quelque peu lorsque l’ex-petite amie de Hoi fracasse la bouteille piégée sur le crâne de Kuen, et que le suspect se prend d’affection pour elle. Du coup, notre recrue de bas-étage se retrouve propulsée au coeur d’une mission longue durée de la plus haute importance, qui ne manquera pas d’être pimentée par ses propres sentiments amoureux...
Comme souvent ces dernières années à Hong-Kong (je suis bien obligé de le reconnaître), on ne peut pas dire que l’originalité soit au rendez-vous, en ce qui concerne le pitch de Love Undercover. Néanmoins le film parvient à être intéressant - voire passionnant par moments -, grâce aux talents de ses acteurs mais aussi à la folie assumée de ses scénaristes. Comédie de quiproquo par excellence, la dernière réalisation de Joe Ma (Dummy Mommy Without a Baby, Feel 100% II, Lawyer Lawyer) n’hésite en effet jamais à pousser le bouchon très (trop ?) loin, créant un suspense insoutenable à l’occasion de séquences qui auraient pourtant dû être anodines. Les situations "de crise" auxquelles Kuen et les membres du SCU sont constamment confrontées sont gérées de façon proprement hallucinantes, parfaitement improbables mais aussi imprévisibles - et c’est justement cela qui fait du film un moment si agréable. Le Boss de la police, visiblement fan de Michael Wong ("Go go go go go go !") promu père de Miriam, son collègue qui est contraint de se faire passer pour son mac, et qui du coup passe son temps à se faire démolir par le garde du corps de Hoi, le fauteuil à massage qui est en fait un détecteur de mensonges,...
A défaut de solutions cohérentes, les scénaristes jouent la carte de l’extrème - et ça marche ! Et ce d’autant plus, paradoxalement, que Daniel Wu (Princess D, Hit Team, Cop on a Mission) interprète son personnage de faux mafieux avec une candeur déconcertante, tombant avec beaucoup d’aisance dans tous les pièges tendus grossièrement par Miriam Yeung et ses compères. Lorsque les scénaristes toutefois se retrouvent pris au piège de leur propre engrenage, Love Undercover change brutalement de ton, un peu à la manière d’un God of Gamblers’ Return (quoique que dans une moindre mesure) ; la fin du film est à ce titre riche en rebondissements inattendus...
La qualité d’un film basée justement sur ses incohérences et son manque de rigueur, ça vous paraît tiré par les cheveux ? Peut-être, mais c’est l’exploit que parviennent à accomplir Joe Ma, Miriam Yeung et Daniel Wu en se lançant dans le projet avec beaucoup d’entrain. Un joyeux n’importe-quoi communicatif, qui ne marquera certes pas les annales du cinéma HK, mais qui renforce la position de Miriam dans la liste de ces acteurs qui peuvent égayer une journée par la force de leur talent.
Love Undercover est disponible en VCD et DVD HK chez Mei Ah Entertainment.
Le VCD est de bonne qualité, ne possède qu’une seule bande-son pour le coup en stéréo, et les sous-titres anglais sont plutôt corrects.
On a même droit à un petit making-of promotionel, ainsi qu’à plusieurs trailers (ROOT 2, Fat Choi Spirit,...).
Pour ceux qui voudraient prolonger le plaisir en dehors de l’écran, je ne saurais trop conseiller l’album MvsM part I de Miriam Yeung qui contient notamment les chansons de Love Undercover et de Dry Wood Fierce Fire.


