Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Hors-Asie | Etrange Festival 2003

May

USA | 2002 | Un film de Lucky McKee | Avec Angela Bettis, Jeremy Sisto, Anna Faris, James Duval, Nichole Hiltz

May est un beau film, une belle histoire comme Tim Burton sait les raconter sauf qu’il n’en est ni l’auteur, ni le réalisateur, ni même le producteur. En effet, ses deux parents sont Lucky McKee, jeune auteur-réalisateur américain dont c’est le premier et très prometteur long-métrage en 35mm, et Angela Bettis, actrice peu représentée sur nos écrans jusqu’à présent (on avait pu l’apercevoir en 2000 dans Girl,Interrupted aux côtés d’Angelina Jolie et nous devrions la retrouver l’année prochaine dans le rôle principal du prochain film de Tobe "Texas Chainsaw Massacre" Hooper) mais qui nous offre une prestation magnifique dans le rôle-titre de May.

Dès sa petite enfance, May présente des difficultés à s’intégrer aux autres, par mimétisme avec sa mère qui la couve sans doute un peu trop ou bien à cause de ses yeux fragiles qui la contraignent à porter un bandeau sur son œil gauche. Du coup, lors d’une fête d’anniversaire où elle est bien évidemment seule avec ses parents, sa mère lui offre une poupée sous verre, Soozy, en lui expliquant que celle-ci était sa meilleure amie lorsqu’elle avait l’âge de May ; c’est donc en compagnie de cette amie de porcelaine au contact interdit que May va grandir, nourrissant ainsi sa timidité et son isolement.

Jeune adulte, elle porte des lentilles correctrices qui dissimulent son problème oculaire et travaille en tant qu’infirmière vétérinaire dans une clinique, entre une réceptionniste lesbienne interprétée par Anna Faris (héroïne de Scary Movie, aussi aguicheuse et distinguée que l’inoubliable Elizabeth Berkley dans Showgirls) et un vétérinaire incompréhensible par son accent. Toujours enfermée dans sa solitude, elle aimerait toutefois nouer des liens avec des personnes qu’elle pourrait toucher, contrairement à sa poupée Soozy, et qui pourraient lui renvoyer son propre reflet, témoignant ainsi de son existence.

Elle pense y parvenir avec Adam, un jeune mécanicien passionné par Dario Argento. Par de petites attentions plus touchantes les unes que les autres, elle se rapproche de lui jusqu’à ce qu’ils flirtent ensemble. Malheureusement, son inexpérience en la matière va mettre un terme à leur relation en devenir et entraîner lentement une redescente vers cette solitude, à laquelle elle va tenter de remédier en appliquant le conseil que lui avait donné sa mère en lui offrant sa poupée Soozy : If you can’t find a friend, make one...

May est donc avant tout un superbe portrait de femme, fragile et différente. Leçon dramatique sur l’intégration et le sentiment de solitude, le film pourrait se rapprocher de Dark Water dans le sens où son caractère fantastique ne lui sert que d’écrin ; le vrai propos du film se trouve ailleurs.

L’interprétation de May par Angela Bettis est parfaitement juste, dévorant chaque centimètre de pellicule où elle apparaît ; son physique particulier s’accorde à merveille avec la fragilité de May et la triste innocence du personnage se traduit dans chacune des expressions de son visage. Difficile d’imaginer un casting différent après avoir vu le film, même si je pense que Sarah Polley dispose d’une même expressivité dans le jeu.

Mais l’interprétation ne fait pas tout et si May sonne aussi bien, c’est également grâce à sa lumière et son cadrage, simples et maîtrisés tout en se permettant quelques écarts, son montage au rythme réfléchi dont une séquence n’est pas sans rappeler le hip-hop montage de Darren Aronofsky, sa musique savamment choisie et dosée... Tous ces ingrédients sont étonnament carrés pour un premier film.

Œuvre sensible et attachante, May est une réussite à l’ambition mesurée qui ne demande qu’à résonner en vous ; entrez donc dans son cercle d’amis avant qu’elle ne vous y entraîne contre votre gré.

May a été diffusé au cours d’une "séance spéciale" de la onzième édition de l’Etrange Festival. Il devrait sortir prochaînement sur les écrans français, et est déjà disponible en DVD zone 1 (NTSC).

- Article paru le mardi 2 septembre 2003

signé J-Me

Philippines

For Your Height Only

Hors-Asie

Una Gota de Sangre Para Morir Amando

Japon

Violent Cop

Hors-Asie

The Ring 2

Hong Kong

Bodyguard from Beijing

Hors-Asie

Laurent Garnier : Off the Record

articles récents

Chine

Jeunesse : Les Tourments

Hong Kong

Life Is Cheap... But Toilet Paper Is Expensive

Japon

La Harpe de Birmanie

Japon

La Vengeance de la sirène

Japon

Le Pavillon d’or

Chine

Les Feux sauvages