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Japon

Mikadoroido

aka Robokill Beneath Discoclub Layla - Mikadoroid | Japon | 1991 | Un film de Tomoo Haraguchi | Avec Yoriko Douguchi, Yoshida Tomonori, Dokumabushi Sandayu

Une soirée au club Layla, dans le kitsch néon et plastique 80’s, ambiance film de Hong Kong où l’occidentalisation de la jeunesse offrait aux réalisateurs un matériau très cinématogénique mais qui donnait l’impression d’avoir été tourné dix ans auparavant, ça ne vous tente pas ? Revisiter les Demons de Lamberto Bava à la sauce japonaise non plus ? Du Robocop façon armée impériale disco, peut-être alors ?

Mikadoroido ou Robokill Beneath Discoclub Layla (l’un des titres de film les plus cool jamais pondu, c’est déjà ça de pris) est un film, soyons franc, que l’on peut aisément qualifier de mauvais et ennuyeux sans heurter grand monde. Mal joué (un véritable calvaire même), dans des décors qui font péniblement ressortir l’étroitesse du budget, parcouru de tentatives poético-visuelles ridicules où l’on est partagé entre la crise de fou rire et l’accablement ; on cherche dans ce film ovni une raison de ne pas appuyer rapidement sur la touche "stop".
On cherche mais on ne trouve pas car Robokill Beneath Discoclub Layla tient tout simplement du génie, de la perle de V-cinema.

Examinons la bête de plus près. Un scénario qui débute à la Frankenstein (le vrai, le laid, l’original mais également et surtout celui, encore plus laid et promu kaiju au passage, de la Toho) pour virer au massacre en règle dans un parking souterrain, un nombre d’acteurs réduit à sa portion congrue, des effets spéciaux plutôt nuls et une bestiole robocopesque rouillée qui, japonaise, manie évidemment plus le katana que le flingue, quoiqu’elle n’hésite guère à sulfater tout être vivant ayant le malheur de se présenter devant les deux lampes qui lui servent d’yeux. Le tout dans une ambiance sombre où la rouille et le vert-de-gris prédominent pour donner une teinte définitivement glauque à l’ensemble.

Enfin, voilà que la bête est réveillée et n’est pas très contente (son archaïque programmation ne lui laisse de toute façon pas trop le choix), bien décidée à trucider tout être vivant passant dans son champ de vision. C’est ainsi qu’un électricien (venu examiner un problème électrique qui a en fait redonné vie au monstre d’acier) et une belle de nuit se trouvent être poursuivis par l’engin de mort tandis que deux individus font irruption, bien décidés à avoir la peau de métal du bipède électrique. Evidemment, ils en savent plus long sur l’histoire du sabreur robotisé qu’ils n’en laissent paraître.

Si l’ambiance glauque à souhait n’est pas déplaisante - même le design de la bête n’est somme toute pas aussi ridicule que l’on aurait pu le craindre - il reste que Mikadoroido a un sérieux problème de rythme. Parcouru de trop rares moments de poésie macabre (une fresque murale à la Keith Haring revisitée gore notamment) noyés dans de longs passages explicatifs particulièrement laborieux et souvent absurdes, Robokill Beneath Discoclub Layla est une sorte d’acte manqué qui déçoit autant qu’il titille et intrigue. Si l’ensemble manque donc singulièrement de souffle, il faut cependant bien reconnaître que Robokill Beneath Discoclub Layla possède un charme indéniable dû principalement à un aspect rétro et bancal, et surtout à un titre magnifiquement trouvé.

Notons tout de même que si Tomoo Haraguchi n’a pas réalisé un chef d’œuvre avec Mikadoroido, c’est lui que l’on retrouve derrière les effets spéciaux de bien des films, qu’il s’agisse de monstres (Gamera) ou non (Hana-Bi, Electric Dragon 80 000 V, pour n’en citer que deux). Il est également le réalisateur des films Sakuya, Slayer of Demons et du très récent Kibakichi, un chambara d’horreur rétro.

Disponible au Japon en DVD et VHS, sans sous-titres.

- Article paru le dimanche 29 février 2004

signé Zeni

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