Mohabbatein
Sameer, Karan et Vikram sont trois jeunes étudiants qui entrent dans la très réputée école de Gurukul, tenue par une main de fer par le terrible directeur Narayan Shankar (Amitabh Bachchan). Tous les trois ne tardent pas à rencontrer trois jeunes filles dont ils tombent amoureux, mais qu’ils sont dans l’impossibilité de voir car une fois entré dans l’école de Gurukul, il est strictement interdit d’en sortir. Arrive alors un jeune professeur de violon, Raj (Shahrukh Khan) qui chamboule peu à peu les traditions de Gurukul en encourageant les trois étudiants à écouter leur cœur et tout faire pour conquérir celles dont ils sont tombés amoureux. Raj se permet même d’inviter les filles du pensionnat à venir être les cavalières des étudiants lors d’une fête au sein de l’école, alors que le directeur le lui avait expressément interdit. Outré que Raj lui ait désobéi, Shankar veut le renvoyer. A ce moment Raj dévoile sa véritable identité. Il fut l’étudiant dont la fille du directeur, Megha (Aishwarya Rai) tomba amoureuse. Le directeur refusant cette relation renvoya l’étudiant. Séparé de celui qu’elle aimait, Megha se suicida. Aujourd’hui Raj est revenu pour briser les règles de Gurukul et apporter l’amour au sein de l’école...
Deuxième film de Aditya Chopra, après l’excellent Dilwale Dulhania Le Jayenge, Mohabbatein est une nouvelle merveille en provenance de l’Inde. Tout en développant des thèmes chers aux mélodrames indiens (les histoires d’amours impossibles, conflits de générations) Aditya Chopra renouvelle pourtant le genre grâce à un scénario qui prend ses distances avec le schéma habituel des films d’amour made in Bollywood.
Le scénario qui n’est pas sans rappeler par certains aspects Le cercle des poètes des disparus suit en fait deux histoires étroitement liées. En premier lieu, il y l’histoire ou plus exactement les histoires d’amour des trois jeunes étudiants. Elles sont certes classiques, mais ont la particularité d’être toutes les trois traitées sur différents tons. La relation de Vikram avec la snob Ishika est typique de la comédie romantique américaine ; ils ont du mal à s’entendre et passent leur temps à se moquer l’un de l’autre. Celle de Sameer ressemble plus à un teenage movie ; il est amoureux de Sanjana, une amie d’enfance qui sort déjà avec quelqu’un. Enfin la relation de Karan est la plus dramatique, puisqu’il tombe amoureuse de Kiran une jeune veuve qui espère encore, en partie pour son beau père, que son mari est en vie.
Mais toutefois l’histoire la plus intéressante de Mohabbatein concerne la confrontation entre les personnages de Shahrukh Khan et Amitabh Bachchan. Plutôt drôle dans la première partie du film où Raj tente petit à petit de changer certains règles de l’école, le ton devient beaucoup plus sérieux dès que Raj dévoile sa véritable identité au directeur. Bien que les deux hommes aient énormément de respect l’un pour l’autre, ils ont pourtant des conceptions diamétralement opposées de la vie. Une fois encore c’est le conflit de génération qui est mis en avant. Raj croit à la puissance de l’amour, qui sous-entend de se laisser guider par son cœur et ses émotions. Narayan Shankar croit à l’honneur, la discipline et la tradition, comme il l’explique aux étudiants lors de son discours d’accueil.
Cette bataille entre les deux hommes passe évidemment par l’histoire des trois étudiants que Raj n’hésite pas à épauler sur le chemin de l’amour, quitte à enfreindre toutes les règles de l’école. Mais là où le film devient le plus surprenant c’est dans l’enjeu même de la confrontation. Habituellement le héros du mélodrame indien se confronte uniquement aux figures parentales pour obtenir la femme qu’il aime. Mais pour Raj, l’amour de sa vie a déjà disparu (nous ne connaîtrons des bribes de leur l’histoire que par des fugaces flasbacks). Megha n’est plus qu’une apparition, certes bien réelle aux yeux de Raj, qui le soutient et l’accompagne pour le soutenir sa mission. Car finalement plus encore que changer les règles de l’école, Raj est là tout simplement pour transformer un homme emprisonné depuis trop longtemps dans ses propres croyances, qui ont fait de lui un être solitaire et rigide.
Et puis il y a les danses et la musique. Au risque de me répéter, il faut bien reconnaître qu’une fois encore c’est le bonheur intégral. De Soni Soni en passant par Aankhein Kuli et Pairon mein Bandhan Hai, on assiste à des morceaux visuellement somptueux (l’un des morceau se passe pendant la fête du Holi, où la tradition veut que l’on jette de la poudre de couleur), dansés à la perfection par l’ensemble des acteurs et magnifiés par une réalisation énergique et rythmée. Toutefois le morceau le plus sublime du film revient au bien nommé Rythmes of Mohabbatein. Dans cette séquence au montage alterné parfait, chaque couple effectue une danse qui lui est propre. Grâce à la musique qui sert de lien entre les trois scènes, on passe ainsi constamment de la danse traditionnelle à la danse moderne, à enfin une danse plus rock’n roll. Rien que pour cette séquence le film mérite d’être vu.
Mohabbatein est un classique du cinéma Bollywood, donc vous l’aurez compris c’est encore un film à voir absolument.
Mohabbatein existe en DVD chez Yash Raj Films, copie sublime, sous-titrée en français.

