My Father is a Hero
Et on continue encore un peu dans le trip "rétrospective"...
Kung Wei (Jet Li) est à la fois un mari aimant et un père dévoué pour son fils Kung Ku (le jeune Miu Tse). Pourtant, dans le village où la famille Kung vit modestement, Wei a une réputation de truand - rumeur confirmée le jour où la police vient l’arrêter, chez lui, sous les yeux impuissants de sa femme malade et de son fils... La raison de cette arrestation ? Une surprise qui n’en est pas vraiment une : on retrouve Wei discutant, cul et chemise, avec le chef de la police locale - et pour cause, Jet Li n’étant autre qu’un flic undercover. S’il a été arrêté, c’est pour s’évader avec un autre prisonnier, rejoindre la Chine Continentale, et infiltrer le gang de ce nouveau compagnon. Avant de partir en mission, Wei demande à son fils de veiller sur sa mère, car il va devoir s’absenter pendant très longtemps - mais il ne lui donne pas plus d’explications, désireux de protéger son identité.
Arrivé à Hong-Kong, Wei rejoint sans trop de problème les rangs d’une mafia locale. Investi dés le départ d’une mission suicide, il se retrouve face à un pépin inattendu en la personne de la ravissante et déterminée inspecteur Fong (Anita Mui), qui sera dépêchée dans le village natal des Kung pour en savoir plus sur le prétendu criminel mystérieux...
Un scénario sans prétention pour un film très caractéristique du milieu des années 90 à Hong Kong... Jet Li retrouve pour l’occasion le chorégraphe des combats de High Risk, et son jeune compagnon de New Legend of Shaolin, l’artiste martial Miu Tse (onze ans à peine à l’époque !), pour aboutir à un résultat qui se rapproche plus d’un drame rythmé par des combats que d’un film d’action pur.
My Father is a Hero est clairement scindé en deux parties. Au cours de la première moitité du film, c’est Kung Ku qui est le héros courageux d’un mélodrame d’une rare cruauté : abandonné par son père, il subit les railleries de ses camarades et doit s’occuper, seul, de sa mère souffrante. Les quelques scènes d’action qui interviennent au cours de cette première moitié (le casse explosif de Jet Li notamment) ne brisent jamais le rythme de cette histoire touchante. La plus jolie scène de cette partie n’est d’ailleurs pas un combat, mais celle où l’enfant lit à sa mère une lettre écrite par son père qu’il a en réalité inventée, sous le regard attendri de sa mère, loin d’être dupe.
Après le décés de la mère du garçon, le film bascule dans l’action violente : Anita Mui ramène Miu Tse à Hong Kong, où ils se mettent tous deux à la recherche de Jet Li. Jusqu’au combat final, My Father is a Hero se transforme alors en un étalage éprouvant d’épreuves de force pour le gamin, relégué avec honneur au rang de sidekick suicidaire de son propre père, qui revient sur le devant de la scène. C’est alors qu’arrive le morceau de bravoure du film - à savoir les vingt dernières minutes - qui opposent le père et le fils, combattant côté à côté, à la totalité des truands, dans la cale d’un bateau où se déroule une vente aux enchères historique...
Combats synchronisés, Miu Tse projeté au bout d’une corde par Jet Li pour venir à bout de leurs assaillants... cette séquence est sans doute l’une des plus spectaculaires de la filmographie hors-Tsui Hark de Jet Li. Corey Yuen et Richard Hung furent d’ailleurs nominés aux Hong Kong Film Awards en 1996 pour la chorégraphie des scènes d’action du film - perdant néanmoins le prix devant les combats magnifiques du Rumble in the Bronx de Stanley Tong. Même Anita Mui se bat merveilleusement dans My Father is a Hero ! Et elle joue parfaitement bien aussi, insufflant à son personnage de détective une humanité et une classe imparables, qui permettent à l’ensemble de ne pas trop dériver - en dépit de quelques tentatives honteuses de Wong Jing, scénariste du film, de faire de l’humour lourdingue...
Plus qu’un simple film d’action spectaculaire (ce qu’il est néanmoins), My Father is a Hero est avant tout un drame très noir, dynamisé par les chorégraphies déjantées de son réalisateur - elles-mêmes rendues possible par les talents conjoints de Jet Li et Miu Tse. Difficile de ne pas avouer que l’on est un peu nostalgiques de ce type de films, medleys improbables symbolisant parfaitement tout ce que le cinéma hongkongais du début des années 90 offrait de plus dépaysant.
My Father is a Hero est disponible en VCD chez Mei-Ah, qui avait aussi pressé un DVD (bien laid) aujourd’hui épuisé.
Sinon, il est dispo en DVD zone 1 (uniquement doublé) sous le titre The Enforcer.


