My Lucky Star
Vous vous dites probablement que vous êtes tranquilles désormais. Pas d’articles en rapport avec Miriam Yeung pendant plus de six mois, cette attrait déraisonnable envers l’actrice/chanteuse lui est sûrement passé ; une mauvaise passe tout au plus dont il s’est heureusement sorti.
Parce que vous croyez réellement, que même Sophie Ngan ou Grace Lam peuvent me faire oublier Miriam ? Que l’ouverture vers d’autres horizons obstrue forcément les anciens ? Heureusement il n’en est rien ! Et je vous le prouve aujourd’hui en rattrapant My Lucky Star, production du Nouvel An Chinois 2003 signée Vincent Kok (réalisateur de Gorgeous, co-réalisateur et auteur d’un certain nombre de films de Stephen Chow, et acteur dans légion de rôles exceptionnels) que je n’avais pas encore pris le temps de savourer...
My Lucky Star démarre par une séquence en costumes, parodique et décalée. Miriam Yeung y incarne Yip, un érudit haut placé au service du gouvernement, sur lequel doivent enquêter Lai (Tony Leung) et son collègue, maîtres en Feng Shui. En effet, si le Feng Shui de Yip est trop bon, sa famille représente un danger potentiel pour l’Empereur. Alors que Lai n’utilise que le Ba Gua pour estimer l’équilibre atteint par les Yip, son confrère Duan lui oppose une technique numérale qui l’amène à conclure que oui, cette famille est une menace pour son maître. Lai lui souligne pourtant la présence d’un arbre qu’il a omis dans son calcul ; celui-ci apporte un équilibre exceptionnel certes, mais réduit la puissance du Feng Shui des Yip en dessous de celui de la famille de l’Empereur. Mais le "numérologue" ne veut rien savoir et brise l’arbre, détruisant ainsi l’équilibre de Yin et de Yang de l’érudit. Lai se sait dés lors maudit, ainsi que sa descendance, pour trois générations...
Yip Koo-Hung (Miriam Yeung encore) est certainement la fille la plus malchanceuse de Hong Kong. Pourtant, superstitieuse à l’extrême, elle passe son temps à vivre selon les préceptes du Feng Shui, estimant chaque jour à l’aide de son Ba Gua incrusté dans la lunette des WC ( !!!), les positions, directions, éléments... propices à la fortune quotidienne. Mais rien n’y fait, et Yip collectionne les boulettes, chutes, agressions, retards au travail... par rapport à ce dernier point d’ailleurs, la demoiselle est sur le point de se faire renvoyer de son poste de vendeuse dans une boutique de prêt-à-porter. N’y tenant plus, elle décide de briser sa tirelire pour rendre visite à Lai Liu-Po (Tony Leung), le plus grand spécialiste en Feng Shui de la région, pour obtenir son aide. Pour une raison inconnue (de tous sauf du spectateur), Lai a pour règle de ne jamais prendre un Yip pour client, aussi Yip Koo-Hung se fait-elle passer pour Leung Koo-Hung...
Si ce premier Miriam Yeung cru 2003 - nous reviendrons prochainement sur Love Undercover 2, bien entendu - prend une fois de plus pour point de départ un problème social - la perte d’un emploi -, ce n’est ni pour livrer une étude de personnages, ni pour redonner le moral aux hongkongais : My Lucky Star se veut uniquement une comédie de traditions. A la vision de ce film de Vincent Kok, on pense un peu à Shaolin Soccer, auquel cet homme aux multiples talents n’a pourtant contribué qu’avec une courte apparition. En effet, le chef-d’œuvre populaire de Stephen Chow visait à redorer - comme la trilogie de Shaolin de Jet Li en son temps - le blason des arts martiaux, à Hong Kong mais aussi en Chine. Le but de Stephen Chow protagoniste, de "repackager" le kung-fu, était aussi celui de Stephen Chow réalisateur. Ici, Kok vise certainement à perpétuer autant qu’à remettre au goût du jour, la tradition du Feng Shui. Autre similitude avec l’univers de Stephen Chow, la structure du film, ses moteurs humoristiques. Ainsi, dans l’opposition de deux conceptions d’un même art, on retrouve les rouages d’un God of Cookery par exemple : compétition, stratagèmes, humiliations, spectacle... et, évidemment, bon nombre de petits rôles fulgurants. Quoi de plus normal, puisque Kok a écrit le scénario de ce chef-d’œuvre culinaire de Chow ?
Après son introduction (d)étonnante qui nous fait même le coup du "What’s up", lancé par une Miriam Yeung hystérique en costumes, My Lucky Star fonctionne donc tranquillement, sur un rythme de croisière immédiatement atteint, prévisible mais au combien agréable. Yeung joue la malchanceuse avec insistance, usant comme toujours à merveille de sa voix exceptionnelle. Tony Leung a - lui aussi comme toujours - une classe immense (et ce même quand la morve lui coule abondamment du nez !) ; ce personnage de winner allergique (littéralement) à Miriam Yeung semble avoir été écrit pour lui. Rapidement, le film enchaîne les configurations de Feng Shui (excellente séquence dans le magasin de vêtements, avec l’acteur du remake brésilien de Die Hard, Mouto Corazon !!!), tout en faisant naître une légère intrigue sentimentale. Cet aspect d’ailleurs, est le seul de My Lucky Star a être un peu faiblard ; il est en effet admis plus que démontré, que le personnage de Yeung/Yip a craqué à ce point pour Lai/Leung. Kok redresse cependant rapidement la barre en expliquant la malchance de Yip par une malédiction, et en recentrant le film sur le combat entre Lai et Duan, maître Feng Shui au service d’un rappeur minable et d’une mégère pas vraiment apprivoisée.
My Lucky Star parvient à aborder l’art du Feng Shui (parfois un peu extrême tout de même) en évitant l’overdose de principes et de leçons morales. Classique et naïf autant que caricatural, le film de Vincent Kok en profite comme il se doit pour être jouissif et touchant ; les talents de Tony Leung et de ma petite préférée, Miriam - qui parvient toujours miraculeusement à être juste dans ses innombrables excès -, n’y sont certainement pas pour rien !
My Lucky Star est disponible en DVD HK (all zone) chez Mei Ah. L’éditeur a vraiment pris l’habitude de nous gâter ces derniers temps. Ainsi, si le film est présenté dans une copie anamorphique un peu fourmillante mais tout de même très belle, avec un 5.1 de qualité, nous avons en plus un deuxième disque bonus, contenant la sympathique BO du film. Une excellente initiative de la part de l’éditeur !
Les suppléments du DVD se limitent par contre à quelques bandes-annonces, une data bank et un making of du film.
My Lucky Star est aussi disponible en VCD.



