My Name is Nobody
Parmi tous les sous-genres du cinéma hongkongais, celui des "Gods of Gamblers" est très certainement l’un des plus particuliers. Chow Yun-Fat et Stephen Chiau s’y sont adonnés avec beaucoup de succès, donnant ses lettres de noblesse à une catégorie dans laquelle tous les délires semblent permis. Il faut dire aussi que, par définition, ces films glorifient la triche et le mensonge, valeurs bien basses dans l’échelle de l’humanité s’il en est... Et bien justement : parlons-en du mensonge, si vous le voulez bien !
Une fois n’est pas coutume, je vais solliciter votre jugement personnel, et vous demander de faire quelque chose que la morale "critique" réprouve tout particulièrement : à savoir vous faire une idée d’un film à partir de son affiche. Regardez attentivement, si vous le voulez bien, le visuel situé en haut de cette page, juste à gauche du texte que vous lisez en ce moment... qu’y voyez-vous au juste ? Au centre : Nick Cheung - spécialiste des films de cartes et consorts puisqu’on l’a déjà vu dans The Conman, Conman in Tokyo, The Conmen in Vegas ; mais aussi dans de nombreuses comédies et dans Raped by an Angel, quatrième du nom (cf. Raped by an Angel 4). A sa droite... nul autre que Wong Jing, pape génial (à sa manière) de l’opportunisme et de l’humour débile, responsable de nombreuses carrières féminines éphémères comme celle - ô combien regrettée ! - de Chingmy Yau Suk-Ching (Naked Killer). A gauche enfin, Shu Qi que l’on ne présente plus. Si Nick Cheung arbore un sourire malicieux, ses deux camarades de photo promo sont quant à eux plutôt joyeux, voire même mort de rire dans le cas de Wong Jing. Le film que cette charmante photo de famille illustre s’intitulant My Name is Nobody, avouez que, comme moi, vous vous attendez à une comédie tout ce qu’il y a de plus "Wong Jing-esque" et cantonnais...
Ah mais oui mais non : CE VISUEL MENT !!! Vous vous souvenez des changements de tons hallucinants - mentionnés il y a peu en ces pages si je ne m’abuse - de God of Gamblers’ Return (Wong Jing / 1994) ? Et plus particulièrement de l’introduction hallucinante, au cours de laquelle la femme de Chow Yun-Fat - enceinte - se fait éventrer, avant que son enfant ne soit exposé dans un bocal, laissé à l’attention d’un père anéanti ? Et bien My Name is Nobody est en réalité une longue chute du même accabit, atteignant, en moins de 90 minutes, des sommets d’immondice absolument redoutables... même le premier Raped by an Angel (aka Naked Killer 2) semble gentillet à côté, c’est vous dire !
Nick Cheung incarne un personnage dont le nom de famille est Who-the-hell. Ca peut paraître surprenant, mais c’est tout ce que l’infirmière qui l’a receuilli a su marquer sur sa fiche d’état civil à la naissance. Nick, lui, préfère le sobriquet de No-Name. Avec son oncle Lo (Wong Jing), l’homme sans nom excelle dans l’extorsion ludique - comprendre la triche au jeu, que ce soit aux cartes ou au Mah-Jong. L’introduction du film nous montre d’ailleurs le couple en train d’user d’une méthode extrème pour remporter une partie de cartes, faisant croire à l’un des participants que Nick est prêt à tuer pour gagner...
Notre sympathique héros, menteur éhonté, tombe un jour nez à nez avec Candy (Shu Qi), seul et unique mannequin aveugle de Hong Kong ; et là, vous l’aurez compris, c’est le coup de foudre. No-Name se met en tête de la conquérir, avec l’aide de l’un de ses acolytes - en échange de quoi il enseigne à celui-ci son art de la manipulation (qui consiste souvent à avoir un jeu complet de deux de coeur, mais passons...). Par un miracle non explicité (le montage est un outil précieux quand il est bien utilisé), No-Name parvient à conquérir la belle, dont le père vole les revenus pour parier et jouer... et renflouer les poches de Nick et de Lo ! Mais cet argent, Candy le met de côté pour se payer une opération des yeux aux USA et retrouver la vue, aussi No-Name ne peut-il tolérer le comportement - proprement dégueulasse - du paternel. Une attitude chevaleresque qui va amener le héros/tricheur à se retrouver lui-même aveugle, après que son fidèle entremetteur, devenu traître à la solde de l’ennemi, lui ait fracasser un cendrier sur la tempe...
Je n’ose pas aller plus avant dans les méandres du mal tels que décrits dans My Name is Nobody ; il vous suffit de savoir que ça va quand même jusqu’au viol de Shu Qi devant son homme devenu aveugle à sa place ! A moins que... Argh, j’en dis trop, mais c’est plus fort que moi ! En fait ce film est immonde, mais la surprise est telle qu’il en devient d’une certaine façon passionnant, aussi je vous laisse découvrir par vous-même l’ampleur du choc et de la supercherie !
On aimerait se dire que My Name is Nobody est un hymne authentique à la vérité, une mise en garde des conséquences que peut avoir un mensonge poussé trop loin. Mais quand en voit la subtilité avec laquelle Aman Chang fait passer un message contre le piratage en plein milieu du film, permettez-moi d’en douter... et bien loin de moi l’idée de vous mentir !
Disponible en VCD et DVD HK chez Universe.
La compression du VCD est tout à fait convenable, les sous-titres anglais de même.



