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Corée du Sud

My Old Sweetheart

Corée du Sud | 1995 | Un film de Shin Seung-Su | Avec Choi Min-Su, Shim Eun-Ha, Park Jae-Hun

Lorsqu’il était petit, la mère de Young-Su (Choi Min-Su) n’avait que peu d’espoir quant à l’avenir de son fils. A ses yeux, celui-ci parviendrait tout au plus à la tête d’un gang. Pour lui donner tort, Young-Su est devenu exactement le contraire, puisqu’il s’est enrôlé dans la police ! On ne peut pas dire cependant que le jeune homme excelle dans sa profession ; l’échec de sa première mission, en tant qu’undercover, lui a d’ailleurs valu de s’aquitter de tâches dégradantes pendant un bon moment.
Un jour, il se retrouve face à Yu-Ri (Shim Eun-Ha) pour une petite affaire de vol de vêtements dans un magasin. Insolente et insouciante, la jeune femme s’attire pourtant la compassion exacerbée du policier qui la relâche, la sommant de changer de comportement. Evidemment, la jeune femme n’en fait qu’à sa tête et multiplie les mauvaises fréquentations. Jusqu’au moment où l’homme qui se sert d’elle pour commettre divers méfait lui fait dérober une bonne quantité de drogue à son insu. Yu-Ri le paralyse à l’aide de gaz lacrymo, et jette la "saisie" dans une rivière. Elle tente dés lors de rentrer dans le droit chemin, amenant peu à peu Young-Su à l’adopter. Jusqu’au jour où elle se rend compte que son compagnon est loin d’être le prince charmant qu’elle imaginait, mais plutôt une brute épaisse, lors de ses tentatives de maintien de l’ordre public...

Première apparition de Shim Eun-Ha au cinéma, My Old Sweetheart apparaît tout d’abord comme une simple comédie, finalement pas si différente dans son fonctionnement du merveilleux Art Museum by the Zoo (Lee Jeong-Hyang - 1998) : l’actrice (alors âgée de 23 ans) joue une femme-enfant aussi exaspérante que touchante, à la fois grossière et attirante. Face à elle, Choi Min-Su incarne un homme bourru et solitaire, qui se laisse aller à des débordements de violence (toujours dirigés vers des criminels, soit) particulièrement effrayants. Les deux personnages, d’abord antagonistes, se rapprochent au rythme de diverses railleries et petites vengances, chaque nouvelle arrestation de Yu-Ri étant l’occasion d’une rencontre inattendue.
Ainsi, pendant sa première demi-heure, My Old Sweetheart prête largement à sourire, avec ses airs de conte narré par Choi Min-Su, qui prend régulièrement le spectateur à parti pour faire le point sur l’évolution de sa relation avec Yu-Ri. Pourtant le réalisateur d’Afrika, Shin Seung-Su, fait progressivement verser sa comédie dans le drame en épaississant le personnage de Yu-Ri. Tout d’abord perçue uniquement par Young-Su, la jeune rebelle n’apparaît que comme une adolescente attardée, craquante mais sans véritable intérêt. Au détour entre autre d’un hématome inexpliqué, Shin Seung-Su amène cependant le spectateur à se construire lui-même une vision plus complète du personnage, dont on devine la vie très difficile, sous couvert d’une liberté totale. Bien sûr, Young-Su finit lui aussi par être plus impliqué dans la vie de cette femme qui le renie en raison de sa violence. A partir de ce moment, les sourires se font plus mitigés chez le spectateur, tant on devine l’issue plus qu’incertaine de l’histoire. Tête baissée, Young-Su se jette dans un motif de protection quasi-parentale, trouvant sans doute là une véritable raison de justifier son orientation professionnelle. Une obstination qui débouchera sur une conclusion d’une violence inattendue, démesurément pessimiste...

Plus affirmé qu’il ne le sera dans la réalisation de Afrika, Shin Seung-Su parvient ici à doser intelligemment les différents niveaux narratifs utilisés pour développer les destins croisés de Young-Su et Yu-Ri. Là où Afrika échoue en grande partie à cause de son incapacité à faire cohabiter la comédie teenager avec la critique sociale à la Tueurs Nés, My Old Sweetheart navigue habilement entre le rire et les larmes - même si on peut lui reprocher sa fin trop cruelle, trop explicite.
Choi Min-Su, redoutable commandant de Phantom the Submarine (et dernièrement à l’affiche de Seoul et Yesterday), est excellent dans son rôle de policier binaire qui se découvre une sensibilité. Très physique, il donne une vraie consistance aux quelques scènes de bagarres du film, malheureusement plombées par des bruitages à faire rougir les films de la Shaw Brothers. Quant à Shim Eun-Ha, elle réussit brillamment son passage du petit au grand écran. Tout ses personnages de femme-enfant sont ici esquissés, même s’il faudra attendre Christmas in August, trois ans plus tard, pour que l’ampleur d’un rôle face réellement justice à son immense talent de comédienne.

En dépit de quelques défauts mineurs, My Old Sweetheart est donc un drame pertinent, à la fois très eighties dans son approche de la liberté rebelle, et très contemporain dans sa perception d’une société "carcan", condamnant souvent l’homme moderne à ne jamais pouvoir dévier de la voie dans laquelle il s’est engagé. Quel dommage qu’il ne nous reste plus qu’à mettre la main sur Born to Kill (Jang Hyeon-Su - 1996) pour terminer notre retrospective de la courte carrière de Shim Eun-Ha...

Disponible en VCD et DVD HK chez Winson.
La copie présentée - plein cadre - est de tellement mauvaise qualité, que j’ai peine à croire qu’il ne s’agisse pas d’un bootleg... pas besoin d’en dire plus, non ?

- Article paru le dimanche 26 janvier 2003

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