Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Corée du Sud

My Sassy Girl

aka Yupgi Girl | Corée du Sud | 2001 | Un film de Gwak Jae-Yong | Avec Jeon Ji-Hyeon, Cha Tae-Hyeon, Yang Geum-Yong

Ca faisait longtemps que je ne vous l’avais pas fait, tiens, le coup du "les comédies romantiques, c’est pas vraiment mon truc, vous savez. Mais les coréens sont vraiment super forts et... bla bla bla..." Depuis la grande série Il Mare, Interview, Art Museum by the Zoo (dont vous trouverez les articles sur le site), tiens... Cette comédie signée Gwak Jae-Yong (un réalisateur visiblement célèbre mais absent des écrans pendant plus de sept ans) m’offre l’opportunité de louer une fois de plus le talent des coréens dans ce domaine auquel j’étais autrefois particulièrement hermétique...

Comme la culture du Pays du Matin Calme reste pour tout le monde 100% étrangère, un petit résumé s’impose pour faire connaissance avec My Sassy Girl, ausi connu sous le nom de Yupgi Girl. Un tour du web nous permet d’apprendre que le terme "yupgi" se rapporte à la propension de certains jeunes à suivre avec curiosité certains évènements inhabituels, parfois effrayants. Les dérives de la culture pop aidant, le mot caractérise aujourd’hui tout ce qui est à la fois dérangeant, cool, et drôle. Le roman en épisodes publié sur Internet d’un certain Kim Ho-Sik - intitulé Yupgi Girl et justement à l’origine du film qui nous intéresse aujourd’hui - serait pour beaucoup dans l’intégration du terme dans le "parlé" coréen moderne...

Meet Gyeon-Woo, jeune homme pas plus chanceux que ça. Un soir, alors qu’il prend le métro pour rentrer chez lui, l’étudiant tombe sur une demoiselle passablement émechée qui se tient bien trop près de la bordure du quai ; il se précipite pour éviter que le train rentrant en gare ne la percute. Dans le wagon, la jeune fille - que l’on découvre de plus en plus ivre - aggresse un jeune voyageur refusant de laisser sa place assise à une personne agée, avant de vomir allègrement sur la tête de cette dernière. Avant de s’évanouir, elle s’addresse à Gyeon-Woo en l’appelant "chéri". Du coup, la responsabilité de venir en aide à la saoûlotte revient au malchanceux...

Voici donc Gyeon-Woo avec une demoiselle - qui aurait pu "être son style si elle n’avait pas été bourrée" - sur son dos. Gentil comme tout, la bonne poire l’emmène même passer la nuit dans un hôtel. Evidemment, le responsable de l’établissement est persuadé que Gyeon-Woo a fait boire sa camarade pour abuser d’elle - et la police de débarquer pour emmener Gyeon-Woo au poste...
Pour notre héros, cette série d’évênements marque le début d’une amitié hors-du-commun qui rime avec abus, violence, humiliation, séjours en prison et déveine généralisée. Le tout avec un certain sourire masochiste, s’il vous plaît...

Arghhhh ! Ce cri de douleur s’addresse à tous ces hommes (on en a tous fait partie, hein, avouons-le) qui ont cédé une fois dans leur vie, avec le sourire (et avec un plaisir inavouable), à tous les désirs délirants de ce que l’on pourrait appeler une "magnifique chieuse". Car, n’en déplaise à notre lectorat féminin, le personnage sans nom interprété par Jeon Ji-Hyeon (actrice du non moins excellent Il Mare) est sans aucun doute la plus irresistible chieuse que j’ai jamais vue mise en scène dans un film, de quelque nationalité que ce soit.

Des jeux débiles dans le métro qui ammènent Gyeon-Woo à se prendre une série de torgnoles honteuses, au caprice des chaussures à talons neuves trop douloureuses (je vous laisse deviner la suite), Gyeon-Woo s’assure un statut de martyre haut de gamme tout au long du film... Mais pourquoi la jeune fille se comporte-t-elle de la sorte ? C’est là que My Sassy Girl s’écarte des sentiers de la simple comédie pour rentrer dans le drame sentimental avec beaucoup de subtilité. De simplement ahurissant, le personnage incarné par Jeon Ji-Hyeon devient juste, subtil et pertinent, écrit avec finesse par un scénariste humain avant d’être humoriste (une qualité à mon avis nécessaire afin d’être réellement drôle). Avec une approche très douce de la perte d’un être cher (on pense un peu, en moins "direct", à l’incroyable Love Letter de Shunji Iwai), Gwak Jae-Yong nous place dans la position de Gyeon-Woo, irresistiblement attiré par cette fille qui lui fait tant de mal mais qu’il devine meurtrie. On se surprend, comme lui, à encaisser les pires humiliations avec le sourire, à faire preuve d’une patience légendaire pour connaître le fin mot de ce comportement "yupgi" exacerbé...

Avant tout porté par l’interprétation de ses deux acteurs principaux, My Sassy Girl est réalisé avec talent par Gwak Jae-Yong, qui profite des intermèdes illustrant les écrits symboliques de la jeune héroïne pour s’essayer à l’action, le film de sabre... avec autant de réussite que dans la comédie ! On comprend alors que Jae-Yong est un réalisateur mature, capable de débarasser sa mise en scène d’artifices inutiles pour laisser les acteurs occuper leur espace d’expression.
En cumulant tous ces points positifs, My Sassy Girl parvient encore à nous suprendre au bout de plus de deux heures de métrages, à nous faire rire, pleurer, espérer... bref, à nous faire vivre une tranche de vie juste et magnifique.
Autrefois hermétique à la comédie romantique, me voici donc, définitivement, conquis... Korea forever !

My Sassy Girl est disponible dans une superbe édition coréenne 2 DVDs, sous-titrée en anglais. 5.1 ou stéréo, copie magnifique, moult suppléments malheureusement non sous-titrés... le tout enfermé dans une tirelire en métal (!!!) du plus bel effet, pour ceux qui ont eu la chance d’attraper l’édition limitée...

- Article paru le lundi 22 avril 2002

signé Akatomy

Thaïlande

Hell

Hong Kong

Horoscope 2 : The Woman From Hell

Chine

Nezha

Japon

Street Fighter : The Legend of Chun-Li

Hors-Asie

The 51st State

Japon

La Vengeance de la sirène

articles récents

Japon

Gosses de Tokyo

Chine

Jeunesse : Les Tourments

Hong Kong

Life Is Cheap... But Toilet Paper Is Expensive

Japon

La Harpe de Birmanie

Japon

La Vengeance de la sirène

Japon

Le Pavillon d’or