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Hors-Asie

Narc

aka Narco | Canada / USA | 2002 | Un film écrit et réalisé par Joe Carnahan | Avec Jason Patric, Ray Liotta, Chi McBride, Busta Rhymes, Anne Openshaw

Une course-poursuite entre deux hommes, qui se termine dans un jardin d’enfants. Le premier, traqué, prend une femme enceinte en otage, s’apprête à tirer. Le second, poursuivant, n’hésite pas - ne s’arrête même pas - et fait feu. Le preneur d’otage meurt sur le coup, mais la femme est touchée et elle perd son enfant. Le voyou est un petit dealer, son exécuteur un flic, undercover dans le milieu de la drogue. Pour cette intervention, Nick Tellis (Jason Patric) est mis sur la sellette. 18 mois plus tard, Nick est toujours au chômage et erre autour de sa femme et de son petit garçon. Contre l’avis de sa douce, il accepte de revenir dans les rues, sur une promesse de job derrière un bureau. Un autre flic undercover est mort assassiné et l’affaire patine ; Nick doit rouvrir le dossier construit par le brutal Henry Oak (Ray Liotta), co-équipier et ami du défunt, et tenter de le conclure...

Une caméra portée à l’épaule, un maëlstrom d’avertissements et de menaces, une discussion tendue, un couple qui se dispute... Narc instaure dés ses premières minutes, un climat d’aggression qu’il ne parviendra plus à désamorcer. Pourtant, à la suite de ces situations violentes - que ce soit graphiquement, moralement, ou verbalement -, Narc se défait de paroles et autres insultes pour offrir l’une de ses plus belles images - accessoirement l’un des plus touchants instantanés de paternité qu’il m’ait été donné de voir. Sous sa douche avec son bébé, Nick s’accroche à son fils, seul point de repère de son existence. Une relation de dépendance qui, si elle attendrit, n’appaise pas pour autant le spectateur, désormais sceptique quant à sa viabilité.

La vie d’ailleurs, est une notion toute relative dans Narc. Les repères traditionnels de famille et d’amour sont ici chamboulés, à la fois par le réalisateur et ses protagonistes, qui les minent chacun à leur façon. Nick fait peser la menace de la drogue et de la violence sur les siens, tandis que, sans s’en rendre compte, Henry ternit l’image de sa femme et de son amour, en faisant de sa mort le facteur déclencheur de sa violence. Quant à Carnahan, c’est la maîtrise même de son récit, qu’il maintient volontairement étouffé, qui empêche d’y déceler une vie véritable. Car les flics de Narc ne sont pas limitrophes - peut-être ne l’ont-ils jamais été -, mais intrinsèquement du mauvais côté de la barrière. Il n’y a donc pas ici, de notion d’ "extérieur". Juste un "intérieur", un "ici, maintenant", sordide.

Nick, lui, tente de quitter cette prison invisible, d’expier ses pêchés en se faisant le Gabriel de Michael Calvess, flic décédé à la réputation en dégradation perpétuelle. Pourtant, en réalité, il devient le bras armé de Henry, dieu/démon d’un monde où le flic brutal pourrit, seul, rongé par la haîne et la culpabilité. Carnahan choisit d’ailleurs d’enfermer Nick dans l’enfer personnel de Oak à tout jamais, terminant de faire de Narc un film mort.

Un film mort, certes, mais à la tenue épatante. De l’aggression perpétuelle instaurée d’un bout à l’autre du métrage, par un jeu discret de montage visuel et sonore, à ses splits-screens pertinents, en passant par son moment de grâce - la présentation de Henry Oak au travers de la lecture de son dossier par Nick, accompagnée par la magnifique partition de Cliff Martinez (L’Anglais, Traffic, Solaris) -, Narc est un tour de force aussi bien de narration que de mise en scène. Jason Patric et Ray Liotta y sont époustouflants, et participent grandement à l’extinction inéxorable de cette lueur d’espoir, que l’on avait naïvement cru déceler dans le regard d’un enfant, serré contre son père sous la douche. S’il est vrai comme le disait Jean Cocteau, qu’ « un chef-d’œuvre est une bataille gagnée contre la mort », alors Narc est l’exception qui confirme la règle.

Narc est disponible en DVD zone 2 chez Warner.

- Article paru le dimanche 9 janvier 2005

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