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Japon

Nezulla

aka Nezulla : the Rat Monster - Saikyoujuu tanjou : Nezulla - 最強獣誕生 ネズラ -NEZULLA- | Japon | 2002 | Un film de Kanta Tagawa | Avec Daisuke Ryu, Yoshiyuki Kubota, Mika Katsumura, Ayumi Tokitou

One rat to rule them all.

Dieu sait quand, nous voici dans un Japon terrassé par la peste. A l’origine du fléau, des expériences commanditées par l’armée américaine et conduites par la DN Company, consistant à créer des super soldats immunisés à tous types d’attaques bactériologiques. Les procédés, testés sur des rats, ont abouti à une aberration ; un spécimen en particulier s’est échappé, et a propagé le virus à l’ensemble de Tokyo. Il faut bien avouer, pour la défense des chercheurs maladroits, que le rat en question n’est pas votre rongeur classique, comme vont le découvrir quelques soldats américains courageux. John, Rocky, Sammy, Jenny et un dont j’ai oublié le prénom, accompagnent une ex-chercheuse du nom de Yoko à l’endroit où tout a commencé cinq ans auparavant, pour tenter d’exterminer le rat. Rapidement, un problème de taille surgit : Jenny a un brief de mission encore plus secret que les autres, a troqué les armes de l’équipe contre des rondins de bois, et a enclenché le compte à rebours sur des explosifs capable de raser l’installation désertée, dans laquelle ils se sont volontairement enfermés. C’est sans compter sur la présence de Mister Aso de la Self Defense Force, qui n’entend pas mourir dans ce squat minable en compagnie d’un rat cannibale en caoutchouc de deux mètres de haut...

Yes ! Rentrez chez vous avec vos Gnaw, Killer Rats et autres Food of the Gods, voici le roi des rats, le pape des rongeurs, 1m90 et 130 kilos de plastique figé, toute langue et dents molles dehors, sans la moindre articulation, habité par un acteur aveugle et dopé au mime, suffisamment con pour faire son nid sur une poudrière... Nezulla ! Réalisateur visionnaire, Kanta Tagawa tente, quelques années avant Miike, de faire passer des japonais pour des américains – c’est encore plus efficace que des hongkongais affublés de nattes en guise d’indiens – dans cet hymne au monstre mutant, vivant comme il peut avec le RMI. Ah non, c’est le metteur en scène justement, qui est ultra-fauché. Du coup, on se la joue Junk en moins bien, et on place l’ensemble de l’une des trames – car oui, il y en a deux ! – dans un immeuble vide à faire pâlir les décorateurs de Spiderbabe. Pour ne pas noyer les spectateurs sous l’action, on affuble un acteur habité d’une blouse blanche, et une autre pièce vide devient un hôpital, lieu de drames humains authentiques à même de structurer et surtout étirer le métrage. Et quand on n’a plus d’idées, on recommence : à mi-chemin en effet, pour prolonger le film jusqu’à plus de 90 minutes, syndicales et inutiles, Tagawa obtient de la belle Jenny qu’elle double le compte à rebours de ses explosifs, et c’est reparti pour un tour. Merde, on n’avait pas besoin de ça pourtant.

Parce qu’à la moitié du film, il ne reste pas grand monde à bouffer, sur une équipe de départ déjà restreinte. Et Jenny n’est même plus de la partie. Alors on attend, on repense aux capacités de déplacement d’un Nezulla engoncé, qui serait certainement mieux dans les Feebles à tâter des pies de vache, et dont l’unique véritable pouvoir est d’être furtif (il peut se cacher derrière n’importe quel humain, même de petite taille, et éteindre la bande son pour être plus discret), si l’on omet sa rat vision, caméra à la palette et à la définition réduites. Et puis ça papote, beaucoup, de sake et de Budweiser, de familles délaissées ; la belle Anzai, infirmière contaminée, avoue son amour au docteur Nishimura qui le lui rend enfin, et Yoko, fraîchement échappée, se fait battre à mort par des passants en colère... mais en fait non, car elle ramène des armes à Aso et John – en fait, juste une – pour un combat final tout aussi léthargique que le reste. L’indestructible Nezulla est en effet tellement sympa, dans le fond, qu’il autorise discours sur l’honneur et autres pauses clopes pendant l’affrontement, et fait même un grand concours de grimaces avec Aso ! N’empêche que les gentils gagnent quand même, dix minutes avant la fin, alors on attend encore, patiemment, que Tagawa en ait fini avec son court gonflé en long-métrage... pfiou ! Quelle besogne ! Vivement Son of Nezulla !

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Nezulla est disponible en DVD sous-titré anglais chez Tokyo Shock.

- Article paru le dimanche 26 octobre 2008

signé Akatomy

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