Nid de Guêpes
Nid de Guêpes est un film de bon élève, doué et patient, et le nid de jeunes réalisateurs français ferait bien d’en prendre de la graine. Tout comme Le Pacte des Loups, Nid de Guêpes est le deuxième film d’un cinéphile "de plus de 35 ans", à savoir Florent Emilio-Siri, et il tend à prouver que c’est l’âge minimum requis en France pour réussir un film de genre.
N’ayant pas vu Assaut de Carpenter, je ne pourrai pas philosopher sur la qualité du remake, puisque Nid de Guêpes semble en être une simple transposition dans la banlieue de Strasbourg ; mais quoi qu’il arrive, c’est un film que l’on va voir pour s’en prendre plein les gencives et non pas pour disserter sur le scénario, donc même si ce dernier n’est pas passionnant, il est suffisamment bien écrit pour servir son sujet sans tomber dans les excès du genre, et c’est tout ce qu’on lui demande.
Après une première demi-heure bien menée dans son silence, où le canevas se dessine selon les règles établies avec une belle maîtrise de la caméra et de ses mouvements, le coup d’envoi est lancé, et il ne reste plus qu’à s’accrocher à son siège pour encaisser les rafales de balles.
Chacun des assauts est une pièce de choix à déguster. Le premier, celui du blindé, bénéficie sans doute du contraste avec la mise en place longue et calme qui le précède, ce qui lui donne une violence et une pêche très brutes. Le deuxième, c’est-à-dire le premier de l’entrepôt, est probablement le plus efficace ; l’impact des balles sur la tôle s’étouffe en sécheresse dans le velours des fauteuils de la salle obscure, afin de laisser place au silence réverbéré... Et procédant par étapes, comme dans un jeu vidéo, le film va monter crescendo jusqu’à l’assaut final, au coeur d’une forteresse de containers.
On pourrait reprocher au film le cheminement un peu trop prévisible de l’histoire ou les caractères caricaturaux des personnages, mais ce ne sont que des exigences du genre. Le spectateur se doit d’être en avance sur les protagonistes, de façon à être dans ce climat de tension et d’attente dans lequel baignent les occupants de l’entrepôt. De la même façon qu’il est nécessaire d’avoir des gueules à l’écran qui expriment en un dixième de seconde le caractère du personnage (Pascal Greggory en est l’exemple le plus probant, dans son rôle d’ex-pompier aux faux travers de beauf reclus), et dans ces règles imposées où la marge de manoeuvre entre le manqué et l’excès est très étroite, Florent Emilio-Siri s’en sort plutôt bien.
Graphiquement réussi, il convient aussi de féliciter le mixage sonore du film, clair et agressif sans tomber dans les travers du déluge gratuit de décibels (cf. celui des Rivières Pourpres), ainsi que la musique, dont les violons se plaisent à imiter les bourdonnements des guêpes. On ne peut d’ailleurs s’empêcher de relever la justesse du choix du titre, car la réelle impression de se retrouver au sein d’un nid de ces hyménoptères est omniprésente, ne serait-ce que par l’apparente similitude des assaillants avec ces insectes.
En conclusion, Nid de Guêpes est une excellente promesse pour le cinéma de genre français, et mérite de vifs encouragements, ne serait-ce que pour le plaisir jouissif de film d’action qu’il nous offre. Reste à savoir si Florent Emilio-Siri pourra nous offrir le même plaisir avec une oeuvre originale.
(P.S. Nid de Guêpes, un vrai film de compositing...)
Dans vos salles !

