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Corée du Sud

Nightmare

aka The Horror Game Movie - The Scissors | Corée du Sud | 2000 | Un film de Ahn Byeong-Gi | Avec Yu Ji-Tae, Ha Ji-Won, Kim Gyu-Ri

Ce n’est pas tous les jours que l’on a un film d’horreur coréen entre les mains... Pas que le (demi-) pays n’en produise pas (au contraire, les coréens étaient même très friands du genre dans les années 60-70), mais simplement parce qu’il n’y en a que peu de disponibles pour l’instant. Say Yes, The Record, Sorum ; tous produits au cours des deux dernières années, viennent néanmoins de sortir en DVD sous-titrés et viendront très prochainement compléter notre découverte de cette facette de l’industrie cinématographique sud-coréenne.

Les fans de cinéma d’horreur et d’épouvante ont pu constater que, au cours des dernières années, deux films ont particulièrement relancé le genre, l’emmenant parfois même à frôler la sclérose tant leurs clones sont devenus nombreux. Pour l’occident, il s’agit bien évidemment du Scream de Wes Craven, héritier intelligent et très "nouvelle génération" de la tradition nord-américaine des slashers. Pour l’Orient, le coupable n’est autre que le fabuleux Ring de Hideo Nakata ; lui aussi héritier "multimédia" des Yokai Eiga de la Daiei. Stratégie commerciale internationale, ou héritage culturel emprunté aux périodes d’occupation américaines et japonaises ? Toujours est-il que Nightmare - sorti dans les salles coréennes sous le nom de The Scissors, et en DVD aujourd’hui sous le titre The Horror Game Movie - se situe au croisement de ces deux influences, lorgnant autant du côté du slasher que du film surnaturel multimédia, avec en prime un visuel très "Sadako"...

Hye-Jin, qui vient de terminer son cursus universitaire en psychologie, s’apprête à passer des concours pour rentrer dans une grande école spécialisée lorsque son amie Seon-Ae fait sa réapparition devant sa porte. Pour une raison mystérieuse, cette dernière était partie aux Etats-Unis plus de deux ans auparavant. Apparemment perturbée par un souvenir qu’elle partage avec Hye-Jin, elle prétend être en danger de mort. Ce souvenir qui la travaille ? Le suicide d’un membre pas comme les autres d’un club dont elles faisaient toutes deux partie à l’université, "A Few Good Man" (la faute d’anglais fait partie du film, allez savoir pourquoi...). Les évènements surnaturels se succèdent alors que Hye-Jin se remémore les événements qui ont mené celle qu’elle croyait être son amie à sa mort. Qui est cette jeune fille qui poursuit Hye-Jin et ses anciens camarades dans leurs cauchemars, et quelle est sa motivation ? Ce spectre est-il vraiment le seul à cacher un secret ?

La première remarque que l’on peut faire à propos de Nightmare, c’est que Ahn Byeong-Hi a su se sortir du lot des slashers habituels en proposant une structure narrative beaucoup plus complexe, servant parfaitement le lot de révélations en gigogne qui rythment la compréhension de l’histoire. D’ailleurs, c’est là aussi un élément qui rapproche le film de Ring, car ce n’est que très tard dans le film - et grâce à une cassette vidéo - que l’on comprend l’enjeu de cette narration pour le moins morcelée. Dans ses transitions "hardcore", Nightmare est proche de beaucoup de films coréens qu nous avons eu la chance de visionner récemment (Bichunmoo par exemple), le film n’épargnant personne en ellipses et en flashs-back. Cette liberté justifie d’ailleurs un peu plus le titre vidéo du film, The Horror Game Movie, car elle emprunte beaucoup à la narration instinctive des jeux-vidéos actuels.

La réalisation est de très bon niveau, et est appuyée par une bande son riche en effets de spatialisation qui garantissent quelques moments de frissons particulièrement réussis. Certaines séquences sont vraiment impressionnantes, avec la petite fille notamment, et usent de beaucoup d’effets de caméras très réussis.
Le principal atout du metteur en scène reste toutefois son utilisation du hors-champ, très proche de celle d’Argento pour Suspiria. Celle-ci, qui défie toutes les lois de la logique, consiste à élargir le champ pour nous montrer que le hors champ ne dissimule aucun danger, avant de le restreindre à nouveau et de faire évoluer une menace improbable à la frontière du cadre. Les moments les plus puissants du film usent tous de cette démarche aujourd’hui trop délaissée par les réalisateurs du genre, qui n’utilisent le hors champ que comme domaine de dissimulation. Ici, il est utilisé comme véritable lieu de l’horreur, avec efficacité. Le seul regret que l’on peut exprimer à propos du film, c’est justement de vouloir rendre le dénouement trop tangible en opposition, et ce en dépit d’une dernière pirouette sympathique mais inutile.

Au final, Nightmare est un film d’horreur sympathique, avec des moments excellents et d’autres un peu plus faibles, qui se place facilement dans le haut du panier de la production mondiale actuelle. Mais nul doute que le résultat aurait pu être bien meilleur encore !

Nightmare est disponible en DVD coréen chez Tube Entertainment.
La copie, impeccable, est présentée en 1.85:1 anamorphique, et est accompagnée d’une bande son 5.1 redoutable. Les sous-titres laissent à désirer : non seulement ils sont bourrés de faute, mais ils font souvent abstraction de ponctuation...
Côté suppléments : un making-of qui ne présente que des scènes absentes du film (!), un clip (à voir absolument...), trailers et j’en passe...
En bonus (non négligeable) : le cd de la BO du film, lui même accompagné d’un CD-ROM - très agréable surprise pour ceux qui voudraient découvrir le thrash coréen !

- Article paru le dimanche 30 décembre 2001

signé Akatomy

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