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Japon

Notre petite sœur

aka 海街 diary - Kamakura Diary | Japon | 2015 | Un film de Hirokazu Kore-eda | Avec Haruka Ayase, Masami Nagasawa, Kaho, Suzu Hirose, Ryō Kase, Ryōhei Suzuki, Takafumi Ikeda, Kentarō Sakaguchi, Ōshirō Maeda, Lily Franky, Jun Fubuki

Le dernier film de Hirokazu Kore-eda, Notre petite soeur, contient toutes les qualités qui me font apprécier son cinéma, et tout particulièrement sa capacité à traiter des sujets intimes avec une belle délicatesse. Tel père, tel fils ou encore Still walking en sont de magnifiques exemples.

Trois sœurs déjà adultes, Sachi, Yoshino et Chika, vivent ensemble dans une grande maison traditionnelle de la ville côtière de Kamakura. Même si leur père les a abandonnées une dizaine d’années plus tôt, elles se rendent à son enterrement où elles font pour la première fois connaissance de leur demi-sœur : Suzu. Bien qu’elle soit la fille de la femme qui a séparé leurs parents, les trois sœurs lui proposent de venir s’installer avec elles juste avant de se quitter. L’arrivée de Suzu va les pousser à réexaminer leurs relations passées avec leurs parents, surtout l’aînée, qui a joué et joue le rôle de mère auprès de ses sœurs. Ce réexamen n’est pas sans répercussion sur leur vie personnelle.

Notre petite sœur a été adapté d’une série de manga, Umimachi Diary, et pour en rester à la BD, le style cinématographique adopté ici me fait penser à la « ligne claire », terme utilisé pour désigner un style graphique peu exubérant. Graphiquement justement, les plans sont très soignés, parfois très beaux, comme celui du feu d’artifice se reflétant dans la mer où est ancrée le bateau de pêche d’où Suzu et ses amis le regardent. Un terme qui pourrait aussi s’appliquer au style habituel de la mise en scène de Hirokazu Kore-eda, que l’on retrouve dans ce film : sa capacité à parler de l’intime avec tact et délicatesse.

Cette dernière réalisation du cinéaste japonais est un film discrètement ambitieux, où comme souvent avec lui, les ramifications de l’histoire se développent naturellement, organiquement. Il nous parle en toute discrétion de la vie, de la mort, comment l’accepter, des faiblesses humaines...

Passer deux heures avec les personnages convoqués par le cinéaste japonais est un vrai plaisir. On se laisse facilement bercer par cette histoire où tous les conflits se résolvent sans véritable affrontement. Mais étant donnés tous les thèmes abordés, la famille, le deuil... Notre petite sœur aurait gagné à comporter des déflagrations interpersonnelles mettant le film sous tension et lui donnant un aspect moins lisse.

La grande maison dans laquelle les quatre sœurs habitent joue un rôle central dans le film. Elle est le point d’ancrage de cette famille soumise à d’importantes forces centrifuges. Elle rappellera aux spectateurs français les maisons de vacances où leur famille au sens large se rassembl(ai)ent l’été. Cette magnifique maison est le lien qui relie tous les membres de cette famille, aussi bien Suzu, qui y est accueillie, que sa grand mère qui y a habité. Elle est synonyme de la continuité de la famille au même titre que les traditions : la fabrication d’alcool de prunes récoltées dans le jardin, le restaurant spécialisé dans les poissons frits...

Notre petite sœur sort sur les écrans français le 28 octobre après avoir été sélectionné lors du dernier Festival de Cannes.
Remerciements : Matilde Incerti et Jérémie Charrier.

- Article paru le mardi 27 octobre 2015

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