Nympho Diver : G-String Festival
Je pourrais vous mentir, vous dire combien je m’intéresse depuis toujours à la figure de l’ama - plongeuses apnéistes japonaises, traditionnellement vêtues d’un simple pagne - dans l’histoire du Japon, ou prétexter un quelconque complétisme en matière de Roman Porno... Néanmoins, je n’avais jamais entendu parler des ama et de leur accoutrement minimaliste avant de porter mon attention sur le film d’Atsushi Fujiura, et je laisse toute expertise de la Nikkatsu à notre bon Dimitri Ianni. Non, au risque de vous décevoir, il a suffi du seul titre Nympho Diver : G-String Festival pour me convaincre de plonger, à ma façon, dans l’érotisme opportuniste de ce tableau d’un village côtier nippon du début des années 80, qui s’intéresse plus, vous en vous doutez, aux poitrines de ses actrices qu’à leur capacité pulmonaire.
Nobuo, fils du maire d’un petite village, est chargé de recruter quelques demoiselles pour venir en aide à l’unique et vieillissante ama des lieux. Ca tombe bien, il y a justement une cargaison de jeunes tokyoïtes à portée de main, et Nobuo convainc cinq d’entre elles de se mettre à la plongée : Masayo, étudiante ; Tomoko, ancienne membre des forces d’auto-défense ; Miki, cameraman ; Akemi, masseuse et Midori, ancienne hôtesse de l’air. On se rend rapidement compte que pour convaincre cette dernière, notre Dom Juan s’est fendu d’une promesse de mariage... Engagement qu’il a aussi fait à son amante de longue date sur place, Nao Chan, qui voit d’un mauvais œil les flirts incessants de son fiancé officieux avec la belle Midori.
Nao Chan est bien la seule à s’offusquer de quoique ce soit, au générique de ce festival inhabituel, car Nympho Diver : G-String Festival porte bien son nom, et ses femmes - comme ses hommes - partagent une libido exacerbée, ouverte et entreprenante, sans préoccupation pour le rang social, les traditions ou l’âge. Du maire au livreur en passant par le moine cochon, tous les mâles du film ont droit à l’attention de ces dames ; et toutes sont accueillies avec une certaine bienveillance, qu’elles soient jeunes ou mûres, fines ou girondes. Bref, la vie dans Nympho Diver : G-String Festival, paraît bien simple et dénuée de préoccupations.
Vous me direz qu’il y a là du coup, assez peu de matière à narration, et c’est plutôt juste : alors qu’il est intéressant de voir un dispositif s’emballer en bien ou en mal, narrativement parlant, il l’est nettement moins de contempler un status-quo positif. Pourtant, au cours de sa durée restreinte, Nympho Diver : G-String Festival convainc en s’appuyant légèrement sur la compétition entre Midori et Nao-Chan (c’est Nobuo qui y gagne, forcément !) - jusqu’au catfight de rigueur, en multipliant les ébats en tous genres, dans son souci d’intégration exhaustive par la sexualité, et par l’intelligence amusée de sa mise en scène. L’acte sexuel est ici totalement gratuit et improbable – il suffit à quiconque de toucher le sexe de Nobuo pour relâcher toute défense, et même Benjamin Franklin est invoqué pour justifier de la libido de ces dames par temps d’orage – mais il est constamment drôle (Tomoko fait l’amour tout en métaphores militaires, évoquant sans cesse munitions, calibres et rafales) et très joliment regardé. Ainsi cette scène où Nobuo console Midori, jalouse, pendant que de l’autre côté des cloisons pleines, les quatre autres plongeuses s’épanchent en étreintes lesbiennes. Fujiura s’amuse ainsi beaucoup à morceler l’image, créant des intimités trompeuses, pour élargir ensuite le cadre et dévoiler une promiscuité bon enfant.
C’est que la passion sexuelle, même éphémère, est contagieuse, et se vit mieux sous le regard des autres, à en croire Akemi ; cette passion que Midori décrit avec intelligence comme un moment au cours duquel il vaut mieux ne rien dire ou promettre... Les productions Nikkatsu, aussi légères puissent-elles paraître, sont toutes réfléchies ; ainsi que conscientes. Ainsi cette séquence où l’une des plongeuses se précipite, nue, à l’extérieur d’une pièce, suivie par une autre qui lui demande de faire attention, lui rappelant que l’interdiction de montrer des poils pubiens à l’écran est toujours en vigueur... C’est léger et grivois, gentiment vulgaire mais plutôt charmant – même dans l’ultime fantasme mère-fils mis en scène… et il est tout de même difficile de résister à la générosité d’Eri Anzai, Maria Mari et consœurs !
Nympho Diver : G-String Festival est disponible en DVD zone 1 aux USA, dans la collection Nikkatsu Erotic Films éditée par Impulse. L’image scope est superbe.
Les photos illustrant cet article proviennent de l’excellent site Pulp International





