Ocean’s 11
One for all... all for kicks.
Le casse du siècle est possible et Danny Ocean et Jimmy Foster vont se charger de tout ça !!
Quelques jours avant la nouvelle année, Daniel Ocean et son comparse Jimmy Foster décident de réunir tous les anciens de la 82éme aéroportée et d’organiser le vol non pas d’un seul casino, mais de cinq. Comment ?? Et bien tout simplement en plongeant Las Vegas dans le noir quelques minutes après minuit.
C’est un pléonasme de dire que Sinatra dirigea les opérations, car c’est sur son instigation que le scénario fut écrit et il se débrouilla pour le faire acheter par la Warner. Ses aspirations cinématographiques n’étaient pas la seule raison pour lui de participer à un tel projet. Ce qu’il voyait à travers ce projet c’était surtout le moyen de faire un film avec ses amis, de tourner à Las Vegas et surtout de faire la bringue avec ses amis du Rat Pack : Lawford, Martin, Davis, et Bishop.
Petit rappel de barème. Dans les années cinquante, une bande de joyeux drilles, qui aimaient l’alcool, les femmes, l’alcool et le sexe, devinrent vite inséparables. Les frasques de ces mauvais garçons défrayèrent la chronique. L’achat des parts d’un casino de Las Vegas par Dean Martin et Sinatra attisa la haine de certains journalistes envers ce "ramassis de rats". En fait, moins de 10 ans après la guerre, les journaux n’avaient pas grand chose à se mettre sous les dents. L’amitié qui liait Francis Albert au parrain Momo Giancana devint douteuse et prit une telle dimension que l’appartenance de "The Voice" à la Mafia ne fit plus aucun doute. Ennuyeuse coïncidence ou recherche hiératique du pouvoir ; d’autant plus que parmi ses proches Sinatra comptait JFK lui même. Mais ça c’est une autre histoire !! Pour plus d’informations veuillez vous référer au très, très bon téléfilm de Rob Cohen The Rat Pack. Vous aurez le plaisir de voir Ray Liotta en Sinatra, Joe Mantegna en Dino Martini, Don Cheadle en Sammy Jr, Deborah Unger en Ava Gardner, et William Petersen en JFK, rien que ça !!
Donc Sinatra était le "Don" de ce petit monde de fêtards à qui la nuit appartenait. Mais il voulait plus, ils voulaient tous plus. Et ce projet représentait de quoi assouvir leur soif de vivre. Et c’est sans aucune fatigue qu’ils enchaînèrent tournage le jour et deux shows par nuit, dans le casino de Sinatra bien évidemment. Mais alors me direz-vous quel genre de film tout cela peut-il donner ? Un film entre potes ? Un ersatz ennuyeux rempli de privates jokes ? C’est bien malgré moi que je dois vous avouer que Ocean’s 11 est le film le plus jubilatoire qui m’ait été donné de voir à ce jour.
Tout d’abord la parfaite maîtrise de Lewis Milestone à la caméra, quoi qu’on en dise (je dois faire hurler Tavernier et Coursoudon). Certes les conditions de tournages étaient scandaleuses, pratiquement une seule prise à chaque fois et le patron sur le plateau n’était pas assis sur un siège marqué "Réalisateur". Mais bon Lewis était tout de même un très bon technicien du cinémascope et même s’il renie ses deux derniers films (celui-ci et The Mutiny of the Bounty /1962), on ne peut que se satisfaire qu’il ait fini sa carrière sur de tels fleurons (paroles d’un fan de Fletcher Christian et du Rat Pack !!). Pour vous faire votre idée essayez de vous procurer The General Died at Dawn ou Pork Chop Hill.
Autour du Pack, on a le droit à la présence d’Henry Silva, lui aussi ami de Frank, qui sera présent dans le chef-d’œuvre de John Frankenheimer, The Manchurian Candidate (avec l’acteur anglais Lawrence Harvey qui vous donne l’envie de changer de nationalité, dans le seul but de pouvoir dire à votre entourage t’as vu j’viens du même pays que Lawrence Harvey !!). Henry Silva joua aux côtés de Glenn Ford, Robert Vaughn, Sonny Chiba, Ken Ogata et tant d’autres dans le chef d’œuvre Fukkatsu no hi de Kinji Fukasaku (Virus /1980).
Tout à côté, il y a Richard Conte, très touchant, dont la seule idée en tête est le bien-être de son fils qu’il n’a pratiquement jamais vu (aahh ce "Never the luck"). On le reverra avec plaisir dans The Godfather en Don Barzini.
Le film nous donne l’occasion de revoir Cesar Romero, le Joker de la série télé Batman, en voyou repenti.
Et puis il y a aussi l’extraordinaire Akim Tamiroff (The General Died at Dawn /1936). A ce propos si vous êtes comme moi et que vous recherchez à vos heures perdues de quels films sortent les passages du Grand Détournement (La Classe Américaine) et bien vous allez être servi. Parce que le mec qu’engueule Dean Martin c’est lui et le plan qui servira de support à la phrase "...à mon avis il avait pas plus de classe que de beurre au cul !" et bah ça vient de là. Ce qui me permet de glisser vers Angie Dickinson qui n’apparaît que dans trois scènes et qui n’a pas le temps de prendre racine dans sa potiche. Tous ces acteurs, dignes de figurer parmi les héros crées par Rafaël Sabatini (voir article sur Scaramouche), sont réunis à l’écran par un Sinatra au sommet de son pouvoir, de son influence, de sa carrière.
Mais remontons vers le haut de l’affiche, ne nous attardons pas sur Joey Bishop qui de toute façon ne parle pas du film. Arrêtons nous un instant sur Sammy "E.O. 11" Davis Jr qui rencontra sa future femme May Britt pendant le tournage. Sammy Davis Jr, l’éboueur-chanteur de service, qui nous offre une interprétation des plus attachantes.
Plus haut et cabotin à souhait se trouve Dean Martin. Dean Martin qui passe son temps à chanter "Ain’t got a kick in the head" un verre de scotch à la main (je parle de la boisson). Peter Lawford rivalise de machisme avec Sinatra et passe son temps à prendre des poses et faire des blagues à son futur beau-père.
Quant à Sinatra... c’est l’homme qui parvient en 5 minutes à monter le plus audacieux des cambriolages, se réconcilier avec sa femme, envoyer chi.. la dernière nana qu’il a levé, boire un coup de whisky et faire des canulars téléphoniques et en plus il aime les pulls... angora... oranges.
Comme vous l’avez constaté je ne vous ai rien appris sur le film (une nouvelle fois), mais j’espère vous avoir donné envie de le voir, ne serait-ce que pour rendre honneur à l’époque la plus faste musicalement et cinématographiquement parlant.
Oh mais je vous vois, et vous entend très bien. Vous êtes en train de crier devant votre écran, mais va-t-il seulement nous parler du remake ? Et bien je n’en ai pas l’intention, ce serait donner beaucoup trop d’importance à un certain réalisateur surestimé comme ce n’est pas permis ; mais aussi à la caisse d’endives qui forme le casting (voir photo).
Pour en finir avec Francis Albert Sinatra et ses comparses, il y a une chanson qui illustre cette époque à la perfection.
Laissez moi vous la chantez :
I'm gonna live till I die I'm gonna laugh instead of cry
I'm gonna take the town and turn it upside down
I'm gonna live, live, live until I die
They're gonna say "What a guy"
I'm gonna play for the sky
Ain't gonna miss a thing, I'm gonna have my fling
I'm gonna live, live, live until I die
The blues I'll lay low, I'll make them stay low
They'll never trail over my head
I'll be a devil till I'm an angel
But until then Hallelujah
Gonna dance gonna fly
I'll take a chance ridin'high
Before my number's up, I'm gonna fill my cup
I'm gonna live, live, live,live,live until I die
The blues I'll lay low, I'll make them stay low
They'll never trail over my head
I'm gonna be a devil till I'm an angel
But until then Hallelujah
Gonna dance gonna fly
I'll take a chance ridin'high
Before my number's up, I'm gonna fill my cup
I'm gonna live, live, live,live,live until I die.
Alors oui ce ne sont pas des acteurs de formation, certes ils étaient tous portés sur la bouteille, leurs frasques devenues légendaires ne sont pas grand chose à côté des cures de désintoxication des stars d’aujourd’hui, certes ils collectionnaient les aventures en tous genres, leurs accointances étaient douteuses, mais leur volonté commune de chanter, amuser la galerie, jouer la comédie et rendre heureux leurs spectateurs... tout cela a contribué à rendre immortelle leur présence, leur voix, leur bonhomie, leur charme, leur histoire... Messieurs, Chapeau Bas !!!
Allez une dernière citation de Monsieur Sinatra : "Si le pouvoir ne signifie pas, avoir l’opportunité de travailler avec les gens qu’on aime, cela signifie qu’on en possède aucun."
DVD Warner édité en 2001. Image très, très, très belle. Warner pourrait multiplier ce genre d’exploit, tant les couleurs sont impeccablement remasterisées. Le cinémascope de rigueur à l’époque possède un charme tout particulier.
Seule ombre au tableau, le son mono qui aurait mérité de plus précieux soins, mais bon.
Au niveau des suppléments : un commentaire audio de Frank et Angie, une carte de Las Vegas qui nous fait découvrir l’envers de chaque casino visité par les acolytes, un extrait du Tonight Show avec Frank et Angie, et des bandes annonces. Et en plus le DVD n’est vraiment pas cher... vraiment pas !!




