One Cut of the Dead
Le tournage d’un film de zombies dans une station d’épuration abandonnée, se transforme en véritable survival lorsque d’authentiques zombies s’en mêlent, attaquant l’équipe de tournage... Un pitch simple, classique, éculé que celui de One Cut of the Dead. Comment expliquer alors que celui-ci soit devenu un succès international, rapportant plus de mille fois son budget lors de son exploitation en salles, rien que dans l’archipel nippon ? La réponse est partiellement dans le titre : le tournage de ce film de zombies qui devient lui-même un film de zombies, est montré à l’écran dans une seule prise, d’une durée de 37 minutes. Le reste du film s’emploie alors, a posteriori, à montrer l’histoire de ce plan-séquence, projet tourné en live pour la télévision par un réalisateur qui devra faire face à bien des aléas...
One Cut of the Dead partage avec Why Don’t You Play in Hell ?, un amour du cinéma auquel il est difficile de rester insensible. Impossible déjà, de ne pas saluer l’exploit que représente son plan-séquence. Même s’il ne met en scène que peu d’action, et qu’il s’étire un peu en longueur, il y a là un véritable savoir-faire – d’autant que le film est on ne peut plus fauché – et une énergie sympathique. Là où Shin’ichirō Ueda fait fort – il a a priori repris l’idée à une pièce de théâtre nommée Ghost in the Box, d’un certain Ryoichi Wada -, c’est qu’il parvient à justifier les lacunes de son défi technique, en revenant de façon fictionnelle sur son tournage, jouant d’acteurs bourrés, colères réelles et j’en passe, pour expliquer les hésitations, les changements de mise en scène, les erreurs de rythme...
Il s’agit là d’un rétro-engineering légèrement abusé, mais ça fonctionne, et il y a là une mise en abîme qui file un peu le vertige, lorsque l’on regarde des images du making-of du plan-séquence, qui donnent à voir une version différente du tournage revisité dans la seconde partie de One Cut of the Dead. On ne peut s’empêcher alors d’imaginer les images du making-of du tournage de la seconde partie mettant en scène le tournage de la première, en en respectant le rythme et les cadrages, et recréant un double hors-champ, l’un à l’écran, l’autre... stop, j’ai le tournis.
C’est ce jeu de hors-champ à plusieurs niveaux qui fait la véritable qualité de One Cut of the Dead, et elle est évidente. Toutefois, en dépit de la dévotion d’acteurs globalement excellents, on sent aussi que le film en rajoute pour s’approcher de l’heure et demie syndicale, et se hisser à la hauteur de « vrais » films. Comme s’il aurait démérité à porter haut et fort son statut de « petit » film. Cette maladresse à part, One Cut of the Dead vaut le détour, mais pas l’ampleur d’un succès qui doit un peu trop à son capital sympathie, et pas assez à ses qualités réelles. Autant dire que je ne suis pas particulièrement pressé de voir Final Cut, remake français initié par sieur Hazanavicius, qui va forcément rajouter un calque supplémentaire pour justifier les défauts du film qui justifie les défauts du films qui... Si une certaine fraîcheur n’est pas perdue dans ce processus gigogne, promis, je mange mon chapeau !
One Cut of the Dead est disponible en DVD en France chez Les Films de Tokyo. Pour un Blu-ray bardé de suppléments, rendez-vous outre-Manche, chez Third Window Films.


